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SOURCE : Marianne
L’œuvre de Pierre Bourdieu est intimidante. Bien qu’il soit souvent cité et revendiqué dans le débat public, il n’est pas sûr que ses livres soient abondamment lus. A l’exception des opuscules qu’il a publiés au cours des dernières années de sa vie dans la collection “Liber-Raisons d’Agir”, la lecture de ses ouvrages appelle plusieurs prérequis théoriques. Ses principaux concepts (point de vue scolastique, agent, habitus, le concept de “sujet”, etc.) sont souvent empruntés au lexique philosophique – Bourdieu est philosophe de formation et agrégé de philosophie –, plus particulièrement à celui de la phénoménologie, branche philosophique autrement complexe. Suffisamment arides, ces concepts se trouvent de surcroit exposés dans une phraséologie universitaire délibérément sélective (latinismes, germanismes, syntaxe alambiquée, incises vertigineusement amples), ce qui achève de cuirasser le contenu de ses ouvrages pour les non-initiés.