Oui, il faut une manifestation vers l’Assemblée nationale le 17 février !

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SOURCE : Arguments pour la lutte sociale

Dans notre éditorial de la semaine dernière (3 février) nous disions que « NOUS » avons la capacité d’imposer et de réaliser une montée en masse contre Macron, Philippe, Blanquer, Castaner et leur assemblée.

Ce « NOUS », ce sont bien entendu les forces sociales mobilisées, avec leurs organisations. Le problème est que les sommets de celles-ci, au niveau donc de l’intersyndicale nationale CGT/FO.FSU/Solidaires, ne veulent pas présentement d’une telle montée en masse. Mais « nous » pouvons « nous organiser partout et nos syndicats avec nous ».

Bien entendu, c’est là une question politique, et qui ne peut pas être réglée en un tournemain. Encore faut-il la formuler : il est nécessaire que s’associent ceux qui veulent aider notre classe à vaincre et chasser Macron par son unité et son auto-organisation.

Depuis une semaine plusieurs faits précis indiquent qu’il y a bataille sur ces questions et donnent des éléments et des points d’appui. Une erreur est de considérer que c’est du tout cuit. Une erreur inverse mais symétrique est de considérer que c’est perdu.

Tout d’abord, l’« extension des secteurs en lutte » comme disent les auteures de l’article Art en grève, continue. L’ébranlement du 5 décembre a mis en route des couches profondes. Du bâtiment et des entreprises de nettoyage aux auteurs de bande dessinée, en passant par ces étudiants en droit de Clermont-Ferrand sortis à 400 dans une manif pour les retraites, à l’étonnement général, l’Achéron est en mouvement, comme disait Rosa Luxembourg. Ceci n’est pas en contradiction avec le quasi arrêt des grèves à la RATP et à la SNCF : on passe d’une phase à l’autre.

Ensuite, le processus de recherche d’actions allant dans le sens de la victoire s’effectue malgré tout, l’intersyndicale nationale ne voulant pas de centralisation, protégeant politiquement Macron et s’opposant donc aux conditions de la victoire et du retrait sur lequel elle est pourtant constituée.

Le secteur Traction de l’UNSA-RATP, frontalement et ouvertement opposé à l’orientation pro-Macron et pro retraite à point de la direction de l’UNSA, a appelé à un « lundi noir » le jour de l’ouverture des débats officiels à l’Assemblée nationale, lundi 17 février. Laurent Djebali, du « pôle Traction » UNSA-RATP, s’en prend en outre aux menaces de Valérie Pécresse, présidente LR de la Région Ile-de-France, contre le droit de grève, et déclare : « Ces journées de mobilisation, ça épuise, ça coûte et ça ne fonctionne pas. Ce qu’il faudrait, c’est une grève générale, avec tous les secteurs, pendant sept ou huit jours ».

L’appel au 17 février signifie, nécessairement et logiquement, manifestation vers l’Assemblée de Macron. L’ensemble de l’UNSA-RATP, puis SUD-RATP et Solidaires RATP, puis FO-RATP, se sont joints à cet appel. On aura bien sûr remarqué que la CGT RATP (dont les dirigeants avaient déjà mis longtemps à appeler au 5 décembre) n’appelle pas, et pour l’heure ses dirigeants ont découvert que le 17 février, « date symbolique dans l’agenda parlementaire, n’est pas propice à l’élargissement des luttes et des grèves dans les autres secteurs du pays. » Moyennant quoi elle appelle à des actions le 13 et à un « jeudi noir », reprenant la formule du « lundi noir », le 20 : on ne sait si ces dates sont mystérieusement plus « propices à l’élargissement des luttes et des grèves », mais elles sont en tout cas calibrées pour protéger l’assemblée de Macron !

Le Comité Confédéral National de la CGT, les 4 et 5 février, « a aussi débattu de la possibilité d’une manif nationale à Paris, si cette idée n’est pas écartée, elle n’apparait pas comme une priorité dans les semaines à venir ». On peut lire dans le rapport introductif que « Certains sont demandeurs d’une manifestation nationale à Paris, d’autres n’y sont pas favorables avec la crainte que comme par le passé elle soit considérée comme un baroud d’honneur ou qu’elle représente un frein à l’élargissement… ».

Ces arguties ne peuvent convaincre personne quand en même temps sont proposées de nouvelles « journées » dont le calendrier, après avoir été resserré début janvier, s’étale à nouveau et vise maintenant à « tenir » (ou à faire tenir le pouvoir ?) jusqu’à fin mars et au-delà.

L’intersyndicale, réunie après ce CCN, a donc appelé au 20 février, en connaissance de cause de l’appel, assuré d’être majoritaire à la RATP, à affronter l’Assemblée de Macron le 17.

Cette situation est politiquement claire : le mouvement dans sa masse cherche à affronter et à battre Macron, les directions nationales veulent éviter cela, et peuvent le faire dans la mesure où leur unité sur le mot d’ordre de retrait est pour la masse chose précieuse et point d’appui.

Face à cela, il serait, répétons-le, erroné soit de jeter l’éponge en estimant qu’il n’y a plus qu’à regrouper les durs et les purs pour se tenir chaud, alors que la grande majorité n’est pas battue, soit de ne rien dire ni rien faire. Il faut chercher la voie de la victoire.

De ce point de vue nous saluons, même si on pourrait toujours discuter telle ou telle tournure, la combinaison de détermination et de souplesse de l’appel que nous avons diffusé hier, issu d’une réunion représentative d’un nombre significatif d’AG, collectifs ou coordinations locaux, essentiellement de la région parisienne et comprenant des secteurs d’activités divers. Ce regroupement s’est constitué en « coordination nationale », mais il n’entend pas se substituer ni à l’intersyndicale, ni à ce que pourrait être un comité national de grève en cas de grève générale. Il tente de dessiner un calendrier qui prenne appui malgré tout sur celui de l’intersyndicale, ou plutôt sur son existence, tout en frayant la voie à l’affrontement central et à l’auto-organisation.

Mars est encore loin et le caractère à la fois politique au plus haut point, policier et violent, et touchant la jeunesse (voir à ce sujet les rapports introductifs à notre réunion-débat du 2 février) de ce qui se passe dans les lycées, qui est peut-être un aspect insuffisamment pris en compte par cet appel, sont autant de facteurs qui justifient de ne pas tirer de plans trop lointains, même si on peut y réfléchir.

La responsabilité de la FSU, de ses syndicats, des fédérations de l’Éducation nationale et de la FCPE est d’ailleurs engagée : il ne faut pas se contenter de pondre des communiqués prenant la défense des élèves et des militants poursuivis, il faut construire la centralisation contre Blanquer et c’est possible et nécessaire vu le niveau de mobilisation, et plus encore d’indignation !

Que se joignent aux collègues de la RATP et aux militants qui, le 17, manifesteront vers l’Assemblée nationale, des milliers d’enseignants et de jeunes aurait de la gueule et contribuerait à avancer !

Ne disons pas « on va gagner » avec la fausse assurance des dirigeants qui refusent en même temps d’affronter centralement le pouvoir, condition de la victoire. Mais disons avec la sérénité des militants ouvriers qu’il n’est en rien trop tard et que l’Achéron est en mouvement. L’onde de choc du 5 décembre, qui lui-même venait de loin, est bien là.

Oui, il faut une manifestation vers l’Assemblée nationale le 17 février !


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