François Chesnais: Définition de l’IA et théorie générale des plateformes numériques

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SOURCE : A l'encontre

Par François Chesnais

Dans mon article sur les rapports entre ondes longues et la technologie publié en septembre, j’ai suivi la chronologie en longue période des révolutions industrielles proposée par Robert Gordon. J’ai donc inclus comme il le fait «la robotique, la collecte et le traitement de données en masse» dans la «troisième révolution industrielle», dont les caractéristiques en termes d’investissement et d’emploi font qu’elle n’est pas porteuse d’une nouvelle onde, mais fournit au capital et aux Etats une capacité sans précédent de contrôle politique et social» [1]. D’autres auteurs, notamment Michel Aglietta, considèrent au contraire que nous vivons la «quatrième révolution industrielle» [2] dont le cœur serait ce que beaucoup nomment l’intelligence artificielle (IA), plus exactement l’ère des algorithmes.

L’objectif de l’article est de ne pas laisser la critique sociale et politique de l’intelligence artificielle (IA) aux ONG[3] et d’offrir en français une présentation marxiste d’ensemble susceptible de susciter d’autres articles (j’ai trouvé en anglais quelques travaux marxistes sur les dimensions spécifiques de l’IA[4]). Les livres qu’on trouve en librairie en France tout comme les émissions de France Culture sont extrêmement acritiques et totalement lacunaires sur beaucoup des questions traitées ici. Les livres et les études anglophones sont peu cités. A partir de mes lectures de «profane», je cherche à traiter trois dimensions de l’IA ou plus précisément de développement des algorithmes dans différents champs de l’activité sociale: premièrement comme outil technologique qui a permis la construction de l’oligopole mondial ultraconcentré des plateformes numériques dont la rentabilité élevée repose sur l’appropriation et la vente des données personnelles des individus; deuxièmement comme instrument de surveillance politique aux mains des Etats, la reconnaissance faciale en étant l’outil crucial; troisièmement comme technologie qui permet de déléguer à des algorithmes des fonctions sociales essentielles dont celle de servir d’auxiliaire du système judiciaire. L’article ne prétend pas couvrir pas l’ensemble du champ de l’IA, ainsi il ne traite pas notamment de ses effets dans le domaine de la robotique industrielle.


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