Cher Jacques Rancières

AVANT-PROPOS : les articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » ne représentent pas les positions de notre tendance, mais sont publiés à titre d’information ou pour nourrir les débats d’actualités.

SOURCE : Lundi matin

La semaine dernière, Le Monde publiait une déclaration prononcée par le philosophe Jacques Rancière, le 16 janvier devant les cheminots grévistes de la gare de Vaugirard. Jean-Marc Royer nous a transmis cette réponse dans laquelle il remet la question même du travail au coeur de celle des retraites.

Cher Jacques Rancière,

Votre démarche doit être saluée : bien peu osent encore s’acoquiner avec la plèbe – on l’a constaté lors de ce mouvement de gueux en gilets jaunes débuté en 2018 – et, à contrario, beaucoup se souviennent de l’écho qu’avait eu la prise de parole de Pierre Bourdieu à la Gare du Nord en 1995. Elle symbolisait à sa manière – celle d’intellectuels malheureusement en voie de disparition comme le dit Shlomo Sand – le soutien de la majorité de la population aux grévistes d’alors. Mais la situation s’est nettement transformée. Nombreux sont ceux et celles qui le comprennent et le disent : nous sommes en plein changement de régime, à un tournant de l’histoire de ce pays ; et puisque votre prise de parole tourne sur Internet, permettez que, tout en en approuvant une grande partie, nous en disputions une autre. Car c’est à ce prix que nous aurons quelques chances supplémentaires de traverser le désert de la critique qui sévit depuis les décennies d’alternances entre bourgeoisie de droite et bourgeoisie de gauche, alimentées par les « notes pour décideurs » de leurs think tanks respectifs, voire communs. Une désertification politique à laquelle se heurtent d’ailleurs les populations du monde entier et qui laisse malheureusement leurs révoltes sans une traduction qui vaille, pour leur avenir et celui de notre planète. Or, tous ceux et toutes celles qui fréquentent assidûment le pavé ou les assemblées dans ce pays depuis des lustres, ont compris que nous avons affaire à une radicalisation du capital sous les auspices boursiers et qu’il ne s’agit pas d’y répondre en reproduisant ad nauseam les schémas ou les crédo passés, fussent-il auréolés de la gloire d’une Résistance un peu trop rapidement appropriée. Voici.


Articles similaires

Commencez à saisir votre recherche ci-dessus et pressez Entrée pour rechercher. ESC pour annuler.

Retour en haut