Bâillonner les quartiers. Un extrait du livre de Julien Talpin

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SOURCE : Contretemps

Julien Talpin, Bâillonner les quartiers. Comment l’État réprime les mobilisations populaires, Editions les Etaques, 2020, 9€.

Introduction : Une répression qui ne dit pas son nom

« Les quartiers populaires ne sont pas des déserts politiques »[i]. Depuis quinze ans, cette formule revient inlassablement pour contrer une vision misérabiliste des banlieues. Elle cherche à contrecarrer un discours selon lequel les classes populaires seraient nécessairement dépolitisées, retranchées sur des considérations individualistes ou matérialistes, voire naturellement inaptes au politique. Surtout, cette formule souligne qu’en dépit d’une abstention devenue majoritaire et d’une défiance généralisée envers les partis politiques, il a toujours existé dans ces quartiers des militants et des luttes. Si les organisations du mouvement ouvrier ont pour partie décliné, d’autres collectifs ont émergé : luttes pour le logement et le droit à la ville, collectifs d’éducation populaire et comités de quartiers, associations de jeunes, luttes de l’immigration et contre les violences policières… Outre ces formes d’auto-organisation, les habitants des cités expriment hier comme aujourd’hui des sentiments d’injustice, de colère face aux inégalités et aux discriminations qu’ils et elles subissent, témoignant d’une politisation ordinaire, d’une politique du quotidien. Bien qu’elles n’aient pu déboucher sur une transformation durable des conditions de vie, les révoltes de 2005 ont attesté avec force de cette capacité politique.


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