Morsang-sur-Orge : pour la candidate PCF, «rien n’est encore fait, loin de là»

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SOURCE : Libération

La candidate PCF Marie-Claire Arasa affronte de nombreuses autres listes dans la course à la mairie, gérée par des femmes communistes depuis soixante-sept ans. Un scénario plus complexe que lors des municipales de 2014.

Marie-Claire Arasa, candidate communiste et Marjolaine Rauze, maire communiste sortante, à Morsang-sur-Orge.

Marie-Claire Arasa, candidate communiste et Marjolaine Rauze, maire communiste sortante, à Morsang-sur-Orge. Photo Denis Allard pour Libération

Il y a six ans, l’équation était simple à lire. Une liste d’union de la gauche, menée par Marjolaine Rauze (PCF) l’avait emporté au premier tour sur une coalition de droite cornaquée par Marianne Duranton (UDI), seules candidates en lice. En 2020, la maire sortante a passé la main à sa première adjointe, Marie-Claire Arasa et quatre autres candidats brigueront la magistrature de Morsang-sur-Orge (Essonne). Pour la première fois depuis des lustres, la gauche se présentera divisée dans la cité essonnienne (21 000 habitants). Outre Marie-Claire Arasa, qui tentera de perpétuer une tradition longue de soixante-sept ans selon laquelle une femme est élue maire, deux listes de droite (UDI, LR) et deux de gauche (une PS-écolo et une alliance sortie des limbes il y a deux mois) essaieront d’endiguer l’hégémonie communiste dans la ville. Pour tenter d’y voir clair avant le scrutin, les soutiens de la liste d’Arasa, «Morsang pour tous, tous pour Morsang», ont une méthode bien à eux : «A chaque élection, on compte les appels à soutien. Là, on en arrive presque à 2 000, ce qui nous assure, a priori, autour de 4 000 voix. Le taux de participation tourne autour de 55% [en 2014, Marjolaine Rauze avait élue avec 4 146 suffrages, ndlr]. Ça risque d’être plus serré cette fois», estime un des proches de Marie-Claire Arasa.

«Une ville où les gens se parlent»

Samedi, plus de 300 personnes se sont déplacées dans la salle Pablo-Neruda pour le premier meeting de campagne de cette dernière. Marjolaine Rauze, l’édile depuis 1996, trône à l’entrée en distribuant des plaquettes qui promettent des lendemains enchantés : «Continuons Morsang en mieux.» Dans la salle, la sono joue du Bob Marley, avant qu’une chanteuse ne s’ébroue sur des rythmes raggamuffin. «J’y crois à cause du boulot qui a été fait», témoigne Francis, un ex-élu avec cinq mandats au compteur. La réunion commence par une douzaine de témoignages chaleureusement applaudis. Sur des considérations locales – les conseils participatifs, la maison de l’environnement (ouverte en 2000), la culture, la halle du marché à rebâtir… – ou des enjeux globaux – les changements climatiques, la réforme du bac ou des universités, les violences faites aux femmes. «A tous ceux qui pensent que les considérations nationales voire mondiales n’ont rien à faire dans les élections municipales, je dis vous êtes des bonimenteurs, des imposteurs», assène une militante. Un nouveau venu à Morsang salue «une ville où les gens se parlent» et «le lien qui unit la mairie à ses habitants». Beaucoup ont connu la nouvelle prétendante dans des luttes locales. «J’habite Jean-Lurçat [une des six barres HLM de la ville, ndlr] et Marie-Claire Arasa s’est toujours battue avec nous contre les bailleurs sociaux, promet Ali, 47 ans, agent de piste à Orly. Là, c’est à mon tour de l’aider à décrocher la mairie.»

«Division et discorde»

«Le trac ? Non, juste ce qu’il faut», convient la première adjointe, juste avant de monter sur scène. Sur l’estrade, Arasa perd de sa réserve naturelle, elle livre un long discours avec un vrai sens du rythme. «Nous sommes faits de ce bois qui se consume pour le vivre et le faire ensemble», s’emballe-t-elle, avant de modérer l’enthousiasme de la salle. «Rien n’est encore fait. Loin de là. Une cinquième liste [de gauche, ndlr] s’est constituée […] pour semer la division et la discorde à gauche.» Ses partisans craignent un regroupement des quatre autres listes contre elle au second tour. Son discours, très écrit, fait la part belle à son parcours militant depuis le collège et aux femmes communistes qui l’ont précédée à la tête de la ville. Elle tance ses concurrents avec gouaille. «Elle sécrète les mots du mensonge comme le foie sécrète la bile», dit-elle à propos de la tête de liste UDI, Marianne Duranton, et présente ensuite ses colistiers. Avant de conclure un brin fleur bleue : «D’ici le 15 mars, soyons la sève qui va accélérer la venue du printemps.»


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