“Malgré la chute récente, la Bourse est toujours surévaluée de 20% à 50%”

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SOURCE : Marianne

Depuis plusieurs semaines, la propagation de l’épidémie de coronavirus inquiète les marchés financiers. Ce lundi matin 9 mars, la Bourse de Paris s’est écroulée (-7,20%) après une première plongée vendredi (-4,14%). Entretien avec Véronique Riches-Flores, économiste indépendante.

 

Marianne : Les marchés boursiers ont dévissé depuis ce vendredi 6 mars, ce qui porte le coup de tabac depuis dix jours à 20% pour le CAC 40. Tout cela à cause du Coronavirus ?

Véronique Riches-Flores : Je ne le pense pas. Les effets du coronavirus sur l’activité mondiale sont indiscutablement importants et a même de dérégler la vie économique pendant plusieurs mois. Mais la panique qui s’empare des marchés doit être remise en perspective par rapport à qu’ils ont fait ces derniers temps. Le virus est l’étincelle que l’ont pouvait redouter dans un contexte de bulle financière gigantesque enflée par les politiques monétaires de ces dernières années, de trop bas niveau des taux d’intérêt qui a conduit à une sous-évaluation du risque par les investisseurs. Comme l’argent abonde et de surcroît gratuitement, que les emprunts d’état ne rapportent rien, il ne restait alors que les actions et autres actifs à risques les plus rémunérateurs à acheter pour obtenir un peu de rémunération. Des sommes s’y sont déversées comme dans un entonnoir, parfois sans trop de discernement. Pour justifier leurs achats d’actions à des prix trop élevés, les boursiers se sont répétés cette antienne : “On n’a pas le choix !”. L’arrivée du coronavirus vient seulement rappeler l’existence d’un risque.
Vous parlez de “gigantesque bulle”, va-t-elle forcément éclater ?
Difficile de répondre. Mais, il existe un certain nombre de lois pour évaluer les marchés. Selon les indicateurs pris en référence, malgré la chute récente, la Bourse est toujours surévaluée de 20% à 50%. Sur des critères de tendances à long terme, les indices mondiaux sont trop chers de 20%. Sur des critères économiques dits fondamentaux comme celui de James Tobin ou de Warren Buffet, la surévaluation atteint quasiment 50%. Cela donne une idée de la correction possible si le choc du Coronavirus entraîne l’économie mondiale en récession, qui laisse penser aux investisseurs qu’ils vont sortir d’une longue période propice à leurs portefeuilles. Une économie moins mondialisée qui pourrait être la résultante de cette crise et, à terme, bouleverserait tous les modèles de valorisation : marchés plus étroits, moins de profits en perspective, moins de gains de productivité, moins de concurrence entre salariés. Il ne s’agit pas de s’en plaindre, mais seulement d’appréhender le choc économique qu’un tel changement de paradigme représenterait.
Les “grands de ce monde” ne vont tout de même pas regarder tomber leurs bourses et leurs modèles sans réagir ?
La question est celle des moyens. Les cartouches ont été largement utilisées ces dernières années. La baisse des taux d’intérêt pour faciliter l’investissement ? Il n’y a plus de marges de manoeuvre. Les taux des banques centrales sont nuls ou presque selon les pays. Les aides aux entreprises ? Certaines sont désormais si endettées que même une bouffée d’oxygène ne sauraient les tirer d’affaire. Les politiques de relance pour relancer la machine à consommer ? Encore faut-il que les consommateurs sortent de leur coquille une fois que le coronavirus sera vaincu. Il va falloir une sacrée dose d’audace à nos dirigeants. Assurément, l’option environnementale pourrait aider. Sont-ils prêts ?

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