Municipales : à Bordeaux, Philippe Poutou pourrait créer la surprise au premier tour

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SOURCE : Le Monde

Le candidat de la liste Bordeaux en luttes (NPA et LFI), crédité de 12 % des intentions de vote, a réussi à fédérer les colères exprimées dans la rue. Il pourrait dépasser le candidat LRM Thomas Cazenave.

L’annonce de sa candidature, le 24 janvier, n’a surpris personne. En revanche, la dynamique de sa campagne, catapultée dans les sondages aux côtés des trois plus « gros » candidats à la Mairie de Bordeaux – le maire sortant Nicolas Florian, Thomas Cazenave (LRM) et Pierre Hurmic (EELV) –, a étonné beaucoup de monde.

Le dernier sondage BVA pour Europe 1 du 20 février fait même de lui le troisième candidat au premier tour, à 12 % d’intentions de vote, devant Thomas Cazenave. Philippe Poutou l’avoue, il en est très fier. « Ça confirmait l’écho qu’on avait senti. Ça nous aide à avoir plus d’enthousiasme et plus de pêche, on se dit qu’on ne prêche pas dans le désert », explique le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), qui se présente avec sa liste Bordeaux en luttes aux côtés d’acteurs de la société civile et de La France insoumise (LFI).

Philippe Poutou n’en est pas à sa première campagne. Candidat de l’élection présidentielle 2017, il s’était déjà présenté aux élections municipales de 2014, où il avait récolté 2,5 % des voix. Mais cette fois, l’ancien ouvrier de l’usine Ford de Blanquefort, près de Bordeaux, licencié comme ses collègues après la fermeture de l’usine à la fin de 2019, se réjouit d’être plus entendu. « La différence avec 2014, ce n’est pas qu’on est plus convaincants, qu’on est meilleurs, ou que j’ai de l’expérience, mais c’est, je pense, que la situation sociale est différente et les gens ont les yeux plus ouverts », développe-t-il. Avant d’ajouter : « Le mouvement des “gilets jaunes” a réveillé un truc, c’est un appel d’air. »

En dehors de l’union de la gauche

Logiquement, le candidat du NPA a décidé de ne pas rejoindre l’union de la gauche (Parti socialiste (PS), Parti communiste français (PCF), Génération.s, Nouvelle Donne et Place publique) portée par Pierre Hurmic et sa liste Bordeaux Respire, principal opposant au maire sortant Nicolas Florian. Car pour Philippe Poutou, Pierre Hurmic est « à la fois un opposant et un collaborationniste. C’est des gens qui coopéraient avec Juppé, qui ont voté la moitié des projets en accord avec lui et ont continué quand il est parti !, déplore le candidat NPA. Hurmic, il fait sa vie, mais qu’il ne dise pas qu’il perd à cause de nous, par contre, car il peut perdre tout seul. »

Pour Poutou comme pour Pierre Hurmic, les voix qui pourraient s’exprimer en faveur du chef de file de Bordeaux en luttes sont plutôt celles d’une population abstentionniste. En effet, dans ce même dernier sondage, Nicolas Florian est à 40 % des intentions de vote (contre 34 % lors du sondage précédent Ipsos-Sopra Steria pour France Bleu Gironde, Sud Ouest et TV7), Pierre Hurmic se maintient autour de 30 % et Thomas Cazenave passe de 16 % à 11 %. « On est un peu en compétition sur une partie de son électorat, concède Pierre Hurmic. Mais on ne tient pas tout à fait le même discours et on essaie d’incarner une alternative possible. Lui, c’est le discours de la colère, de la colère nationale. Il est sur le 49.3 et il a raison, mais bon la campagne municipale ne va pas se jouer sur le 49.3. »

Dans cette campagne, Philippe Poutou est avant tout satisfait d’être parvenu à fédérer la colère rencontrée dans la rue, tout au long des manifestations. « On s’est dit que ce serait quand même trop con de ne pas réussir ce que l’on fait dans les manifs, où on organise ensemble, où des liens se créent », dit-il dans un sourire. Il le sait, il ne s’installera pas dans le fauteuil de maire. « On n’est pas fous quand même ! Ce qui nous plaît aussi dans cette campagne, c’est Bordeaux ville bourgeoise – historiquement, on ne peut pas nier que c’est soixante-dix ans de droite au pouvoir – qui est aussi une ville populaire, sauf qu’on a appris à se taire. »

L’objectif de ces élections ? Obtenir des sièges au conseil municipal. Pour ce faire, le candidat doit obtenir au moins 10 % des suffrages au premier tour, afin de se maintenir au second. Une logique « personnelle », selon Pierre Hurmic. « Ça veut dire que ça lui est égal que la ville reste à droite ou qu’elle passe à gauche. Moi, je me bats plutôt pour qu’elle passe à gauche », après quarante-sept années de gouvernance de Jacques Chaban-Delmas et près de vingt-cinq ans sous Alain Juppé. Mais Philippe Poutou, lui, revendique avant tout le « droit d’exister » de sa liste pour faire entendre les voix qu’elle porte.


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