⚡ Portugal: le gouvernement de “gauche” suspend le droit de grève !

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SOURCE : Raquel Varela

Le Portugal est le seul à suspendre le droit de grève 

Raquel Varela

Publié le 19 mars 2020

Le Portugal est le seul pays à suspendre le droit de grève dans l’état d’urgence. Cela n’a pas été le cas en Inde avec le fasciste Modi. L’Italie, confrontée à la pire des situations, ne l’a pas fait ! En Italie, les grèves n’ont été suspendues que dans les secteurs essentiels liés à la lutte contre le virus. Aux États-Unis cela n’a été nullement le cas. En Espagne, seul le droit de réunion a été limité, pas de celui de grève. En effet, en Italie, c’est la menace d’une grève générale, des fixes et des précaires, qui a conduit le gouvernement à approuver l’interdiction des licenciements pendant la pandémie. En France, le droit de grève est garanti, bien que l’état d’urgence ait été décrété, ainsi que le couvre-feu.

Le décret approuvé au Portugal est une erreur historique sans précédent, la plus grande erreur commise depuis le 25 avril 1974. L’histoire ne pardonnera pas. Au Portugal, l’État d’exception a été approuvé pour permettre effectivement des licenciements sans résistance … l’encre n’était pas encore sèche que Groundforce 1 en a profité aujourd’hui et a déjà annoncé le licenciement de plus de 500 travailleurs et la réduction des salaires de 500 autres – qui ne pourront faire grève. Pour obéir et se taire, les seuls en Europe à avoir le dos courbé, -le vieux Salazar avait déjà dit: “Si vous saviez ce qu’il en coûte de vous commander, vous préféreriez obéir toute votre vie”. Viennent ensuite la TAP, les restaurants, les hôtels, les services, c’est ainsi que nous «sortirons de la crise», condamnant des millions à avoir faim pour laisser intacts les prix et dividendes d’une demi-douzaine d’actionnaires – ces derniers, à eux seuls depuis 2008, pourraient payer 6 mois de salaires à tous à Groundforce.

Il n’est pas venu à l’esprit du gouvernement portugais de limiter – avec le décret d’urgence – le droit à la rémunération des actionnaires, en nationalisant les bénéfices de ces entreprises, ou du moins les dividendes récents, pour garantir des salaires à des millions de travailleurs et à leurs familles. Cela a été – dans l’enthousiasme des médias – la fin du droit de grève, soit la suppression du droit démocratique de ceux qui travaillent à se battre pour leur travail, qui est le droit à leur vie et à celle de leurs enfants. Oui, la démocratie a été suspendue, et cela a été le fait du Parti socialiste. Avec le soutien enthousiaste de la droite, du bonhomme d’extrême droite 2, celui qui aimait tant les travailleurs, et – qui l’aurait dit – le vote en faveur du Bloc de gauche et l’abstention du PCP, qui sont ainsi confrontés à une crise morale et une éthique sans précédent.

Aujourd’hui la TAP, demain tout le monde. Qui vit de son travail n’est pas mis en quarantaine, ne peut se battre avec d’autres pour la vie aujourd’hui. Ces derniers – les plus pauvres, les plus fragiles, les plus précaires, sans protection, n’ont pas été invités à rester seuls chez eux. Ils ont été tenus, décret militaire oblige, d’abdiquer leur avenir. Et là, contrairement à la pandémie, on ne peut pas dire que nous sommes tous dans le même bateau. Si le virus ne choisit pas les classes sociales, la crise économique indique clairement qui sera laissé pour compte. Et le gouvernement a déjà fait savoir de quel côté il est.

Je rappelle seulement, pour conclure, que ces travailleurs, dans les ports, les aéroports, à AutoEuropa, ont fait des grèves, des plénières et des arrêts spontanés, demandant d’arrêter la production et d’utiliser du matériel de protection dans les cas où ils représentent des secteurs d’approvisionnement (port et aéroport). En d’autres termes, les grèves avant l’état d’urgence ont contribué à contenir et non à propager la contagion. C’est la peur de voir les travailleurs exiger comme à Auto Europa de rester chez eux qui a amené le gouvernement à approuver ce décret, avec cette spécificité, anti-démocratique, unique en Europe.

(Source : https://raquelcardeiravarela.wordpress.com/2020/03/19/portugal-e-o-unico-que-suspende-o-direito-a-greve/

Traduit du portugais : Luiza Toscane)

1 Groundforce Portugal est une filiale de TAP Air Portugal, offrant des services d’assistance lors des escales au Portugal. Elle a été créé lors de la privatisation des services d’assistance en escale de la compagnie aérienne TAP Air Portugal en octobre 2005 (ndlt)

2Allusion à René Ventura, président de Chega (ndlt)


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