AVANT-PROPOS : les articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » ne représentent pas les positions de notre tendance, mais sont publiés à titre d’information ou pour nourrir les débats d’actualités.
SOURCE : Où va la CGT
Macron l’a dit et répété depuis le 17 mars : nous sommes « en guerre » contre le COVID-19. Et d’appeler dans la foulée à l’union nationale et à se ranger en bloc derrière le gouvernement.
Pour faire bon poids et paraître crédible, il annonçait la suspension immédiate des réformes en cours, à savoir les retraites et l’assurance chômage, le report de la période hivernale pour les expulsions de logement au 31 mai, une poignée de mesures pour faciliter le confinement et un futur plan d’urgence pour l’hôpital et les EHPAD. On aurait presque pu y croire, et on a même vu pendant un bref moment toute une fraction des réformistes se féliciter – sans doute ironiquement mais se féliciter quand même – de ces mesures jugées « progressistes ». Sans doute les mêmes indécrottables réformistes qui ont voté Macron en 2017…
LES MESURES GOUVERNEMENTALES
La réalité de classe de l’exploitation capitaliste s’est rappelée aux esprits embrumés, et les ordonnances qui viennent d’être publiées par le gouvernement en sont la preuve. Nous publions ci-contre l’analyse faite par le pôle Droits Libertés et Action Juridique de la CGT, assez soft dans la présentation, mais plutôt claire dans le contenu. C’est la remise en cause sans précédent de tout un certain nombre d’acquis que le MEDEF réclamait sans relâche depuis 30 ans.
- Possibilité de travailler 60h par semaine
- Possibilité de porter la durée quotidienne du travail à 12h
- Augmentation des durées moyennes hebdomadaires du travail
- Ouverture du travail le dimanche
- Possibilité de diminution à 9h de la pause quotidienne
- Possibilité d’affecter jusqu’à 10 RTT et CET au gré des patrons
- Possibilité d’affecter sans préavis une semaine de CP à la fermeture de l’entreprise
Les ordonnances précisent que ces mesures sont limitées au 31 décembre 2020. Gageons que comme pour les mesures de l’état d’urgence elles seront ensuite discrètement pérennisées…
Pour tout un tas de métiers, c’est une catastrophe et le coup de couteau final dans un combat mené depuis des années, comme contre l’ouverture des commerces le dimanche.
On ne saurait être plus clair… Il paraît que Martinez a « l’impression » que l’économie prime avant la santé. Ah oui, Philippe, c’est ton « impression » ? Pas vraiment sûr, sûr, hein ? Il serait peut-être temps au moins de hausser le ton, non ? pour se démarquer clairement, et soutenir les camarades en guerre sur le terrain…
C’EST UNE GUERRE DE CLASSE
Il y a une vraie constante dans la propagande et aussi dans la réalité.
1) Nous n’aborderons pas ici le secteur de la santé, le désastre absolu d’un secteur restructuré jusqu’à l’os depuis vingt ans pour des raisons budgétaires, et qui doit aujourd’hui répondre à l’épidémie dans des conditions terribles, en mettant en jeu la vie des soignants qui commencent à tomber, même pas les masques nécessaires. Ce scandale, tout le monde le connaît, les gens applaudissent le soir en soutien, il faudra faire payer les responsables !
2) On ne nous parle que télétravail, ce qui ne concerne évidemment que les cadres et les fractions supérieures de la petite-bourgeoisie salariée, techniciens, intellectuels, dont les emplois sont délocalisables et numérisables – nota : ils vont d’ailleurs devoir se faire du souci pour l’avenir, ça va donner des idées aux exploiteurs pour de futures délocalisations dans les pays dominés, ça c’est sûr !
3) Mais pour les travailleurs manuels, les ouvriers et prolétaires, de l’industrie, du BTP, des transports et des services (commerce), c’est va bosser et ferme-la ! Et là, pas question de télétravail, de confinement, de protection. Alors même que Philippe vient d’annoncer la prolongation du confinement obligatoire jusqu’au 15 avril, la question pour les capitalistes c’est de relancer la machine à profits, l’exploitation, même si c’est pour stocker inutilement les marchandises ainsi produites…
– Dans l’automobile, les monopoles PSA, Renault, Toyota et tous les sous-traitants veulent relancer la production au plus vite, y compris à PSA Mulhouse au cœur de l’épidémie. Dans toutes ces entreprises, les syndicats s’y opposent heureusement (voir la déclaration de la CGT PSA du 30 mars ICI), mais la bataille est féroce et sur tous les terrains, du droit de retrait à la menace de grève, en passant par les arrêts maladie massifs qui empêchent pratiquement le redémarrage.
– Chez Arcelor Mittal, la direction veut redémarrer (voir ICI) alors qu’il y a 12 cas de Coronavirus dans l’usine, et prétend faire signer un long document de décharge aux salariés, à l’instar d’autres patrons peu scrupuleux… Mais 40% d’arrêts à la Cokerie, cela rend les choses difficiles…
– Dans la chimie, en particulier le couloir de la Chimie à Lyon, pas question d’arrêter les productions les moins utiles comme les plastiques, et quelles que soient les craintes des ouvriers, les absences dans tous les secteurs.
– Dans l’aéronautique, c’est la révolte des sous-traitants (CGT Ateliers de Haute Garonne, CGT Latécoère, UNSA Derichebourg et autres) qui a réussi à entraîner l’ensemble de la filière à refuser le diktat d’Airbus qui veut imposer le redémarrage, avec une déclaration historique et unitaire qui vient d’être publiée (voir ICI). Secteur jusque-là peu combatif, le Coronavirus et la santé des travailleurs sont en train de servir de déclencheur à la révolte de classe.
– Dans le commerce et les transports, c’est le scandale ouvert, honteux, les routiers obligés de rouler des horaires déments, sans douche ni restauration, les caissières menacées par le virus, avec une première victime, Aicha Issadounène (photo ci-contre), militante CGT tuée au travail par le virus, une martyre de notre classe dans la guerre contre l’exploitation, pour le plus grand profit de Carrefour.
– Dans le BTP, alors même que les chambres professionnelles patronales sont très réticentes, La ministre Muriel Pénicaud, en bonne DRH, ne cesse de mettre la pression pour redémarrer les chantiers, quel qu’en soit le risque, alors même que ce sont déjà des métiers très dangereux.
– Dans la fonction publique, tous les métiers de base, des éboueurs aux logement social, en passant par les DIRRECTEs et les territoriaux sont exposés, alors que les protections sont largement insuffisantes, et que les injonctions au télétravail ou au travail à tout prix sont très pressantes. Et lorsque la CGT dépose un préavis de grève (un préavis seulement pour faire pression…) pour le mois d’avril, voilà toute la réaction qui se met à hurler au sabotage de la Nation. Mais fermez-là !
– Et ainsi de suite…
Bref, partout, dans tous les secteurs, ce que l’on voit crûment, c’est la guerre de classe. Ce qu’on voit, c’est le cynisme des exploiteurs prêts à brader notre santé – et notre vie – pour relancer leurs profits. Ce qu’on voit c’est une bourgeoisie, dans les entreprises ou au gouvernement, prête à tout pour relancer l’entreprise capitaliste « France ».
Gageons que les mois à venir vont être des mois de conflits intenses, d’exacerbation des contradictions de classe, et personne n’a oublié les Gilets Jaunes ou le mouvement sur les retraites !!
L’HEURE EST A LA RIPOSTE
Partout, c’est la colère, refrénée par le confinement, mais palpable, forte, jusque dans le voisinage. La santé est le déclencheur, la santé des prolétaires, le sort des personnels soignants qui crée une immense solidarité – mis à part les connards de service qui veulent chasser les soignants de leur immeuble, mais ils ne sont heureusement qu’une poignée.
La colère avec les femmes et les immigrés, en première ligne du combat quotidien, qu’il s’agisse de la santé ou des services vitaux.
La colère des prolétaires qui ne veulent pas risquer leur santé pour des productions qui n’ont de manière évidente aucun caractère indispensable. D’ailleurs cela ouvre un riche débat sur la notion d’activité productive « essentielle », et donc par voie de conséquence d’activité productive inutile et parasitaire… Voilà qui devrait ouvrir des portes à la réflexion sur le monde que nous voulons… Oui, « après » ne sera plus comme avant, y compris dans notre compréhension de ce qu’est vraiment le capitalisme !
Dans l’immédiat, nos revendications ce sont celles des prolétaires – ce n’est pas à nous de payer cette crise, nous n’avons pas à mettre notre vie en danger pour la production capitaliste !
Paiement à 100% du chômage partiel, élargi sans conditions !
Limitation stricte de l’économie aux activités essentielles et réduction des heures d’ouverture !
Déclaration d’un état de « catastrophe sanitaire » comme l’a proposé Martinez pour garantir le chômage technique partout à 100%, et comme cela n’existe pas encore, déclaration de l’état de catastrophe naturelle, pour pouvoir solliciter les banques et assurances qui restent soigneusement à l’écart !
Libération de tous les retenus des Centres de Rétention Administratifs !
Non aux violences policières dans les quartiers, encore et toujours, assez des provocations de la BAC !
Assez des amendes pour non respect du confinement !