Le gouvernement local interdit tous les rassemblements de plus de 20 personnes, la fermeture des établissements scolaires et autres lieux de réunions (salles, restaurants, bars etc.) et ceci depuis le jeudi 19 mars seulement. Il n’y a pas de mesures de confinement pour l’instant. Les liaisons entre les îles Loyautés et la Grande Terre ont été interrompues à l’initiative des autorités coutumières locales (Kanak). L’aéroport international de Tontouta cesse ses activités à partir du 20 mars, sous la pression d’une manifestation à l’aéroport.
La colère contre le gouvernement local est grande et la société Kanak est en première ligne (emplois les moins qualifiés, précarité du logement à Nouméa, vie collective…) ainsi que toutes les personnes précarisées ou exploitées (beaucoup venant du Vietnam et des autres pays alentours) dans les mines de nickel, qui marchent toujours à plein régime (comme le reste de l’industrie). Un bon nombre de travailleurs de ces mines partent de Nouméa pour rester la semaine à la mine, à l’usine de traitement du nickel. Les conditions d’hébergement et de travail ne permettent pas de suivre les consignes de sécurité, les gestes barrières.
Dans l’hôpital public de Nouméa (Médipôle), il n’y a pas de masques pour tous les soignantEs et pas de gel hydroalcoolique en quantité suffisante dans tous les services et pour tous les personnels. Le gouvernement en Nouvelle Calédonie suit parfaitement les consignes de son Etat de tutelle : faire tourner l’économie au maximum, au détriment de la santé. Quelle va être l’attitude de la province nord, tenue par les indépendantistes et notamment le PALIKA (Parti de Libération Kanak), pour l’exploitation de l’usine sur le site de Koniambo, dont elle a le contrôle ?
Le virus se diffuse vite et, en Nouvelle Calédonie où les malades les plus graves sont, en temps normal, souvent évacués vers l’Australie ou la métropole. L’Australie est fermée, la métropole submergée…
En Kanaky comme ailleurs, nos vies valent plus que leurs profits.
Marc Fouilloux