Vers la fin du capitalisme néolibéral ? Sur la dernière note de Patrick Artus

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SOURCE : Arguments pour la lutte sociale

Ldernière note du 30 mars de Patrick Artus pour le groupe Natixis fait quelque bruit, surtout à cause de son titre : « La crise du coronavirus sonne-t-elle la fin du capitalisme néo-libéral ? ».

Elle illustre surtout l’impasse des experts de la classe dominante. Artus est l’un des meilleurs et ce n’est pas nouveau qu’il diagnostique l’impasse du mode de production. Sauf que cette note, censée prendre la mesure de qui se passe à présent, est TRÈS en dessous de la réalité et même de ce qu’il lui est arrivé de produire à d’autres occasions :

1) tous les graphiques qu’elle contient sont antérieurs à la crise présente, ils donnent les tendances préexistantes qui viennent d’être accélérées, toutes, de façon souvent exponentielle.

2) l’élément central et réellement nouveau en est l’affirmation réaliste de la « rupture deschaînes de production », en d’autres termes : dislocation de la division internationale du travail, vers la fragmentation du marché mondial. C’est aussi ce qu’Arnaud Montebourg, par exemple, appelle la « démondialisation » : elle est là. Brexit mondial ! Les démondialistaeurs et partisans du Frexit peuvent constater que c’est bien là la continuation du capitalisme en mode effondrement, et non la sortie !

3) à part ça, la perspective de cette note pour Natixis est : dépenses publiques, santé publique … et beaucoup de s’extasier : il remettrait en cause le capitalisme sauvage et le néolibéralisme ! Désolé, mais c’est illusoire. Ce qui va se passer dans la logique maintenue de l’accumulation du capital, c’est : dépenses d’armements, destructions massives de travailleurs et de moyens de production, chômage de masse, poursuite des privatisations associées à des réquisitions frappant avant tout les prolétaires, confinement de masse, guerres.

L’effondrement du capitalisme « mondialisé » va heurter la tendance à l’internationalisation de la lutte des classes qui s’était affirmée en 2019 de Santiago àBagdad en passant par Alger, Khartoum, Paris, Hong-Kong …

Le confinement, ou le pseudo-confinement, de masse, combine trois aspects : sa nécessité contre-épidémiologique au point où nous en sommes ; son caractère de tournant brusque de la part de gouvernements irresponsables pris de panique ; et la volonté de bloquer tout ce qui bouge dans le corps social.

A cet égard le « confinement » meurtrier de l’Inde est exemplaire, et tout laisse à penser qu’il va booster la pandémie. Il a provoqué un exode massif hors des villes, par dizaines de millions, disséminant le virus, et il va susciter la contagion massive dans les slums confinés : ce n’est pas le virus que combat Modi, c’est la mobilisation sociale.

Le croisement des deux tendances – implosion du marché mondial et mesures étatiques de confinement dirigées contre les populations, extension des résistances, soulèvements, combinant lutte pour la vie et exigence démocratique – va être explosif. Et cela ne va pas attendre 6 mois.

Le terrain le plus « chaud » pour cela, même si toute la planète est en effervescence, c’est le continent américain. L’implosion arrive aux États-Unis placés devant une présidentielle absurde avec un locataire de la Maison Blanche à Washington dangereux, qui a dû reculer sur son projet de couper les routes autour des États de New York, du New Jersey et du Connecticut ; le Mexique en est déjà à prendre des mesures contre les réfugiés venant des EU (!!!) ; au Brésil, Bolsonaro avec les pentecôtistes givrés appelle à se rassembler pour prier, ce qui fera exploser l’épidémie, pendant que l’autodéfense sociale auto-organise le confinement à Sao Paulo.

L’exemple brésilien est sans doute significatif des taches les plus immédiates : on ne peut plus éviter le confinement, il faut en faire un auto-confinement en auto-défense sociale contre les irresponsables et les meurtriers des sommets du capital et de l’État.

VP, le 01-04-2020


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