Article publié sur le site internet du NPA
Dans une note de communication interne appelée « Temps réel », envoyée le 1er avril, qui sonne comme une mauvaise blague, la SNCF annonce que cinq jours de repos devront être pris par touTEs les cheminotEs pendant le confinement au nom de « l’effort de solidarité demandé par le gouvernement ».
Plus précisément, les cheminotEs sont « invités » à poser 5 jours de repos avant le 10 avril pour la période du 16 au 30 avril. Si ils et elles ne le font pas, ils et elles y seront mis d’office.
Nos repos ne sont pas un cadeau de l’entreprise
Toujours prête à collaborer avec le gouvernement, la direction du groupe prend de l’avance et souhaite ainsi mettre en place une des mesures de la loi d’urgence sanitaire adoptée par le Parlement le 22 février 2020, permettant aux entreprises d’imposer aux salariéEs de poser des congés et des RTT pendant la période de confinement. Cependant, étant donné qu’il n’y a pas d’accord d’entreprise, la SNCF ne peut pas voler des congés, mais des RN, RU, RQ, RM et CET compte courant – soit les jours acquis en compensation des contraintes imposées par la production ferroviaire et la continuité du Service Public (horaires décalés, atypique, travail de nuit, dimanches et fêtes, mobilité, etc.). Il est facile d’imaginer que le groupe n’a pas voulu se concerter avec des syndicats, dont la réponse aurait été très probablement négative face à cette directive scandaleuse. Tous ces repos ne sont pas un cadeau de l’entreprise aux salariéEs mais des jours gagnés à la sueur de nos fronts. Ce n’est en aucun cas aux salariéEs de payer le prix de la crise sanitaire : c’est la responsabilité du gouvernement, de par la casse des services publics, de par le mensonge d’État qu’il a entretenu pendant des mois, de par le refus de dépister massivement, si nous en sommes arrivés là.
TouTEs concernéEs
TouTEs les cheminotEs sont concerné.e.s, même celles et ceux qui œuvrent depuis le début du confinement à faire circuler les quelques trains qui n’ont pas été annulés et à garantir la sécurité des voyageurs. Même celles et ceux qui prennent tous les jours des risques pour elles et eux et leur entourage. Même celles et ceux en télétravail. Et même celles et ceux confinés, enfermés chez elles et eux.
Pour la SNCF, le confinement rimerait-il avec des vacances ? Faut-il rappeler que touTEs n’ont pas les mêmes conditions de vie que cette direction qui se hâte tant d’organiser ce vol à grande échelle ? Le casse du siècle. La période du confinement n’est pas une période de vacances : c’est un moment d’intense angoisse, qui laissera des dommages physiques et psychologiques, où nous devons prendre soin de nos proches, que ce soient nos enfants que nous devons faire travailler, que ce soient nos parents qui ne peuvent pas se déplacer. La SNCF devrait avoir honte d’imposer une telle politique quand nos proches sont malades, voire morts !
Une riposte à construire
Au contraire, la mise en place du chômage partiel et le maintien de la totalité du salaire des cheminotEs (sauf éléments variables de solde ou autres) sont présentés par la SNCF comme une faveur accordée par l’entreprise à ses salariéEs, demandant en contrepartie à celles et ceux-ci d’abandonner une partie des quelques jours de repos auxquels ils et elles ont le droit. Faut-il rappeler que la SNCF ne cotise pas à la caisse du chômage et est donc obligée de payer à 100% le salaire de touTEs ? Il ne s’agit en aucun cas d’une faveur.
Ce n’est pas à nous, cheminotEs, de payer cette crise économique et sanitaire. Il ne faut en aucun cas poser ces jours. Aujourd’hui, ils en demandent cinq. Si nous les laissons entrer dans ces brèches, au nom de « l’effort de guerre », qui sait ce qu’ils demanderont ensuite ? Les syndicats organisent une riposte, qui sera, nous l’espérons, à la hauteur de ce scandale.