Dans la tempête du coronavirus, racisme et lutte de classe aux États-Unis

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SOURCE : NPA

Le coronavirus est maintenant présent dans tous les États américains avec, à la date du 12 avril, 530 026 cas et 20 614 décès. Les statistiques suggèrent que le virus aurait atteint un pic. Le débat d’aujourd’hui porte sur la manière de redémarrer l’économie sans déclencher une deuxième vague. La politique électorale est suspendue. La lutte des classes commence à se développer.

Le virus montre les inégalités économiques et sociales et les disparités raciales. À Chicago, les Noirs représentent 32 % de la population, mais 72 % des décès dus au coronavirus ; les statistiques sont similaires dans plusieurs autres villes. À New York, les Noirs et les Latinos meurent deux fois plus que les Blancs. Cela est dû en grande partie aux conditions sous-jacentes – hypertension artérielle, diabète et maladies respiratoires – mais aussi aux problèmes d’accès aux services de santé et aux logements surpeuplés.

Le racisme américain apparaît partout dans cette crise. Les États-Unis ont pratiquement fermé leur frontière sud aux migrantEs et les réfugiéEs latino-américains demandeurs d’asile aux États-Unis n’ont pas été admis et se retrouvent à attendre dans des camps surpeuplés au Mexique où le coronavirus se propage. Les Américains d’origine asiatique ont subi des insultes et des attaques violentes en tant que porteurs de ce que Trump a appelé le « virus chinois ».

17 millions de chômeurEs

Il y a maintenant officiellement 17 millions de chômeurEs, soit plus que le pic de la grande récession précédente (14,7 millions en juin 2009). Les chômeurs recevront des allocations chômage de leur État de résidence augmentées de 600 dollars jusqu’au 31 juillet, mais aux États-Unis, ceux qui perdent leur emploi perdent généralement aussi leur assurance maladie. De nombreux chômeurs n’ont rien à manger et se sont tournés vers les banques alimentaires. Dans tout le pays, il y a des files de voitures longues de plusieurs kilomètres où des familles désespérées attendent pour obtenir une ou deux boîtes d’épicerie.

Le président Trump, le Parti républicain et certaines entreprises veulent remettre les salariéEs au travail, même si cela signifie mettre leur santé en danger. Le docteur Robert Redfield, directeur des Centers for Disease Control and Prevention (CDC- Centres pour le contrôle des maladies et la prévention), s’exprimant à la Maison Blanche, a déclaré la semaine dernière que les personnes occupant des emplois essentiels – concierges, travailleurEs des services d’entretien ménager, travailleurEs de l’alimentation, de l’agriculture, des industries importantes, des technologies de l’information, des transports, de l’énergie et des services gouvernementaux – qui avaient été exposés à des cas confirmés ou suspectés de Covid-19 pouvaient retourner au travail s’ils ne présentaient pas de symptômes. Certains professionnels de la santé ont critiqué  cette directive en disant qu’elle violait les propres normes du CDC et mettrait en danger les travailleurEs.

Crise budgétaire et grèves

La profonde récession économique a conduit à une crise budgétaire, car les entreprises fermées ne paient pas d’impôts aux institutions des villes et des États. De nombreux États et villes ont déjà commencé à proposer des économies budgétaires, souvent des coupes dans l’assainissement, la santé, les transports et l’éducation ! La ville de New York prévoit de supprimer 1,3 milliard de dépenses, dont 264 millions de dollars dans l’éducation. L’État du Colorado prévoit de couper 3 milliards de dollars. Les réductions dans les budgets des villes et des États entraîneront la mise à pied de dizaines de milliers de travailleurEs supplémentaires.

La réponse de la classe ouvrière à la crise est devenue plus importante. 70 grèves ont eu lieu dans divers secteurs dans plusieurs États et localités. Des syndicats tels que les employés de service (SEIU) et les infirmières de New York (NYSNA), entre autres, se sont impliqués dans l’organisation de manifestations sur la santé et la sécurité au travail. Labour Notes, le centre d’éducation ouvrière, a appelé à une journée nationale d’action pour les soins de santé le 15 avril afin d’encourager de telles manifestations. Le United Electrical Workers Union (UE) a appelé le mouvement syndical à prendre la responsabilité d’organiser les travailleurEs et de mener la lutte.

Retrait de Sanders

Le coronavirus a conduit les gouvernements des États à mettre fin aux rassemblements électoraux et même à reporter les primaires elles-mêmes. Bernie Sanders, l’autoproclamé « socialiste démocratique », ne voyant aucun moyen de gagner, s’est retiré des élections primaires du Parti démocrate. Joe Biden, un néolibéral, qui a remporté le plus de délégués, devient désormais le candidat présumé du parti. Pour tenter d’attirer les partisans de Sanders, il adopte des réformes telles que la réduction de l’éligibilité à Medicare de 65 à 60 ans (Medicare est un système d’assurance-santé géré par le gouvernement fédéral au bénéfice des personnes de plus de 65 ans) et l’annulation de la dette des étudiantEs des familles à revenu faible et moyen.

Les socialistes démocrates d’Amérique (DSA), qui avaient été fortement impliqués dans la campagne de Sanders, se sont engagés à continuer de lutter pour le programme Sanders : un Green New Deal, Medicare for all (Medicare pour tous) et une éducation universitaire gratuite. DSA affirme qu’il présentera des candidats aux niveaux national et local et qu’il sera impliquée dans tous les aspects des mouvements syndicaux et sociaux luttant pour la santé publique et la justice économique au milieu de la crise.


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