AVANT-PROPOS : les articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » ne représentent pas les positions de notre tendance, mais sont publiés à titre d’information ou pour nourrir les débats d’actualités.
SOURCE : Attac
Un des premiers symptômes de l’impuissance publique à faire face à l’épidémie a été le manque de matériels sanitaires disponibles. Pour faire face à la pandémie et éviter de nouvelles catastrophes , nous avons besoin que soient produits en masse des masques, des médicaments, des respirateurs… Où et comment ? Pour briser les chaines mondialisées de production, une relocalisation solidaire des activités est urgente. Dès aujourd’hui des entreprises peuvent être réquisitionnées ou refondées sur des modèles publics et coopératifs.
La crise ouverte par l’épidémie du COVID-19 montre l’irrationalité d’un système incapable de faire face à une demande rapide et massive de matériels et de produits sanitaires, tels que des masques, du gel hydroalcoolique ou des respirateurs pour les malades.
Malgré de belles déclarations d’Emmanuel Macron, si la France n’était pas prête pour affronter cette épidémie, ce n’est pas le fruit du hasard, mais bien le résultat de décennies de délocalisations et de fermetures d’entreprises dont on découvre aujourd’hui qu’elles auraient pu servir à répondre à nos besoins essentiels.
Pour inverser cette tendance et mettre en œuvre les productions socialement utiles, il n’est pas possible de continuer à laisser faire la libre concurrence. C’est bien d’une intervention des citoyen-ne-s, des salarié-e-s et de la puissance publique dont nous avons besoin.
Aujourd’hui plusieurs entreprises sont directement concernées par une éventuelle remise en marche. Mentionnons trois exemples :
- L’usine Luxfer, à Gerzat (63), qui produisait entre autres matériels des bouteilles d’oxygène médical, nationalisée jusqu’en 1995, est à l’arrêt juin 2019, avec 136 licenciements à la clé, alors qu’elle réalisait des bénéfices. Les anciens salariés ont sauvé l’essentiel de l’appareil de production et ont proposé un projet de reprise en SCOOP, rejeté par l’actionnaire principal. Avec les délégués CGT au CHSCT, ils demandent toujours la réouverture de cette usine, avec le soutien de la Métropole de Clermont-Ferrand, du Maire de Gerzat, des députés de Riom et Thiers. Comme le demande le syndicat CGT de l’entreprise, le redémarrage de de cette unité de production peut être immédiate si l’État réquisitionne cette entreprise.
- L’usine de fabrication de masques et de vêtements de protection sanitaire de Plaintel (22) a été fermée en novembre 2018 par l’entreprise multinationale américaine Honeywell. Cette entreprise, qui employait près de 300 salarié.es et qui pouvait produire 200 millions de masques de protection sanitaire par an, sur des machines ultras-modernes pouvant produire chacune 4000 masques à l’heure, a été fermée du jour au lendemain par son propriétaire et ses machines vendues à un ferrailleur. Un projet de relance d’un site industriel de production de masques et de vêtements de protection sanitaires, sous la forme d’une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) proposé par l’Union syndicale Solidaires des Côtes d’Armor est actuellement à l’étude. La Région Bretagne, en lien avec le Conseil Départemental des Côtes d’Armor et la Communauté d’agglomération de Saint-Brieuc, a missionné pour ce faire, Mr Guy Hascoêt, ancien Secrétaire d’État à l‘économie sociale et solidaires du Gouvernement Jospin. Sont également associés à ce projet les salarié.es et les organisations syndicales du département, Solidaires, CGT, FO et FSU, ainsi que l’ancien directeur de l’usine. Le redémarrage pourrait s’effectuer sous quelques mois avec un soutien de l’État.
- L’usine Famar Lyon, à Saint-Genis-Laval (69) emploie 250 salariés et 35 intérimaires mais est en redressement judiciaire depuis juin 2019. Elle produit des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur, dont la nivaquine. L’histoire de cette entreprise est désormais tristement banale : vendue par Aventis en 2003, elle est rachetée en 2007 par un fonds de pension états-unien qui décide de réduire l’activité puis de se débarrasser de ses sites français ; celui de Sant Genis-Laval ne trouve pas de repreneur et son activité est censée prendre fin en juillet prochain. La récente proposition de reprise est jugée peu sérieuse et n’envisage de reprendre que 50 salariés. Prise en une chaine de dépendance mondialisée de production de médicaments, les salariés de l’entreprise ne peuvent faire face seuls aux logiques de rentabilité à court terme. C’est pourquoi, avec leur syndicat CGT, ils demandent une nationalisation temporaire du site.
D’autres entreprises situées en France et susceptibles de produire des médicaments et matériels sanitaires permettant de répondre aux graves pénuries constatées, ainsi que d’autres biens nécessaires aux besoins sociaux et environnementaux doivent faire l’objet de réquisition et de réorientation de leurs productions sous contrôle public, en associant les salarié-e-s et les citoyen-ne-s. aux choix productifs.
Attac demande à Emmanuel Macron, à Edouard Philippe, Premier Ministre, à Bruno Le Maire, Ministre de l’Economie, et à Olivier Véran, Ministre de la Santé, la réouverture ou la sauvegarde immédiates, et la relocalisation à moyen terme des entreprises stratégiques sur le plan sanitaire.