Témoignage d’un sympathisant suite au discours d’Emmanuel Macron le 13 avril 2020.
Aujourd’hui j’ai peur : l’incompétence de notre gouvernement me fait peur.
Macron nous a annoncé une éventuelle levée du confinement, une réouverture des écoles et un retour au travail pour le 11 mai. « Pourquoi pas ? », dirions-nous ; « Enfin ! », peut-on même penser. Après tout, dans 4 semaines, nous aurons sûrement plus de « visibilité », nous saurons mieux combattre le Covid-19, peut être aurons-nous même un traitement.
Cependant mon angoisse persiste car notre président nous a dit, mot pour mot : « Ce serait une aberration de tester toutes les Françaises et les Français ». Il a même ajouté ensuite : « ne seront testés que ceux qui ont des symptômes ». Mais un des gros soucis avec le Covid-19 n’est-il pas qu’un très fort pourcentage de gens ont le virus sans avoir de symptômes et sont tout de même contagieux ?
Macron a ensuite dit que le 11 mai, chaque français et chaque françaises aurait accès à un masque grand public par jour ; c’est-à-dire un masque chirurgical, et non un masque de type FFP2 ou FFP3. Autrement dit, nous aurons un masque qui empêche certes de cracher partout, mais pas un masque qui nous protège. D’autant plus que les masques ont une durée de vie de quelques heures à peine, surtout pas d’une journée…
C’est donc dans ces conditions qu’il veut que nous retournions toutes et tous bosser, et que nous envoyions nos enfants à l’école : sans tests pour tout le monde et sans véritables protections ?
Ne pas tester le pays entier, cela signifie que l’on va pouvoir ressortir, prendre le métro, le bus ou le train, aller au travail à côté de gens qui potentiellement sont contaminé.e.s mais n’ont pas de symptômes et donc peuvent nous contaminer à notre tour sans que nous le sachions. C’est pourtant une simple question de bon sens : il faut dépister tout le monde, afin de pouvoir écarter les personnes asymptomatiques qui sont les véritables « super-porteurs », pour ne faire que reprendre les termes des spécialistes ! Il faut protéger, vraiment, tout le monde ! Nos vies valent plus que leurs profits : on ne le répétera jamais assez.
Pourtant, on a l’impression que Macron est plus que pressé de nous faire retourner toutes et tous au boulot, de nous faire retourner produire comme des moutons. Pour cela, il est même prêt à renvoyer les enfants à la crèche et à l’école, afin que tous les parents aient le temps d’aller taffer le matin ! Quel manque de respect pour les travailleurs/ses des crèches, pour toutes les enseignantes et les enseignants de primaire, du collège et du lycée qu’on envoie au casse-pipe et dont on considère qu’ils et elles sont là pour assurer une fonction de garderie ! Car si ce n’était pas le cas, pourquoi ne pas rouvrir les universités ? Parce qu’il y a beaucoup de monde dans les amphithéâtres ? C’est vrai, certes, mais être confiné.e.s toute la journée à vingt ou trente dans une toute petite classe avec des enfants en bas âge, c’est beaucoup mieux ? Enfants qui ne peuvent à qui il sera pour partie impossible de faire respecter les gestes barrière, et encore moins de faire porter un masque toute une journée, il faut bien le dire…
Et Macron voudrait nous faire croire qu’il fait un mea-culpa, en mode « on reconnaît nos erreurs et on en tirera les leçons pour l’avenir » ? Il voudrait nous faire croire qu’il veut prendre soin de nous, prendre soin du pays ? En nous balançant à la figure, tout fier derrière son bureau, la plus grosse bêtise qu’il pouvait dire ?
En fait, la logique est simple, hélas, il a été assez clair là-dessus… Si on résume : retour au boulot et à l’école, oui, mais sans bars, sans salles de sport, de musique, de concert, sans festivals, sans théâtres ni opéras, en bref sans loisirs. Macron, le 11 mai, la société qu’il nous propose, c’est une société du métro/boulot/ dodo, dans la peur d’un virus tueur, dans la peur des Castaner et des Lallemand, dans la peur de leur police toujours plus équipée et agressive : c’est une société sans le droit à la joie et au loisir que nous procure la vie avec les autres.
En somme, on produit et on ferme notre gueule. On reste chez nous, sauf pour aller faire nos courses (consommer) et bosser (produire pour le PIB).