Quand les lobbys des pesticides profitent de la pandémie

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SOURCE : NPA

Le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume n’en rate décidément pas une. En pleine crise sanitaire, il vient d’autoriser la réduction des zones de non-traitement aux pesticides (ZNT), sorte de bande de séparation entre les habitations et les champs pulvérisés aux pesticides, mises en place le 1er janvier 2020.

Déjà insuffisante, la ZNT vient d’être réduite dans 30 départements en France, passant de 5 m à 3 m et de 10 m à 5 m. Motif invoqué : le confinement, qui empêche la consultation publique et l’élaboration de chartes départementales de mise en application de la réglementation. Si on suit le raisonnement du ministre, les mesures de protection contre les pesticides (qui menacent la santé publique) ne sont pas applicables quand la santé de la population est menacée. Ubu est roi au ministère !

Assouplir une réglementation déjà bien molle

Donc, sous prétexte de crise du Covid-19, le gouvernement Macron revient sur sa mesurette de protection des populations contre les pesticides. Mesurette car les ZNT sont largement insuffisantes. En attendant la suppression totale des pesticides, une bande de 150 m est réclamée.

Macron avait dû légiférer en décembre 2019 sous la pression des collectifs d’associations et de riverains fortement mobilisés ainsi que des maires ayant pris des arrêtés anti-pesticides. Mais, le 30 mars, en toute discrétion, le ministre Guillaume a accordé une dérogation aux agriculteurs « engagés dans un projet de charte » et qui utilisent des dispositifs anti dispersion des produits chimiques, valable jusqu’au 30 juin. Plus de 25 départements sont concernés.

La stratégie du choc

Naomi Klein a clairement montré comment les décideurs profitent des moments de crise profonde, de sidération collective, pour faire passer leurs politiques néolibérales, antisociales et anti-écologiques.

De la même manière que les patrons essaient de revenir sur les congés payés, les RTT, les conditions de travail… les firmes de l’agrobusiness sont à la manœuvre pour obtenir ce qui est nécessaire aux pratiques de l’agriculture intensive capitaliste.

Ne les laissons pas faire !

L’association Eau et Rivières de Bretagne a repéré le sale coup et a réuni un collectif d’associations qui sonne l’alerte : il appelle la population à interpeller les préfets et s’apprête à déposer un recours au tribunal administratif de Paris « pour obtenir la fin des dérogations permettant des épandages de pesticides à proximité des habitations ». Alors que l’agriculture intensive dopée à la chimie a largement été mise en cause dans les origines des pandémies, les criminels qui nous gouvernent font comme s’ils ne savaient pas. Dégageons-les !


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