Les protestations collectives reprennent avec la reprise du travail en Chine

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SOURCE : NPA

CHINA LABOUR BULLETIN

China Labour Bulletin est une ONG de Hong Kong, fondée en 1994, qui se donne pour but de promouvoir et de défendre les droits des travailleurs en Chine. Nous avons repris cet article du site China Labour Bulletin : https://clb.org.hk/content/collective-protests-begin-flare-again-china-returns-work (Traduit de l’anglais par JM).

Après un mois au cours duquel il n’y a pratiquement pas eu de manifestations de travailleur·es en Chine parce qu’une grande partie du pays était en confinement, les travailleur·es recommencent à mener des actions collectives.

De nombreuses mobilisations sont liées aux difficultés économiques causées par l’épidémie de Covid-19.

La carte des grèves du China Labour Bulletin1 a enregistré à ce jour 25 conflits, depuis que les entreprises situées en dehors de la province centrale de Hubei ont progressivement repris la production après la longue pause, commencée au moment du Nouvel An lunaire, à partir de la mi-février. Ce chiffre est encore très faible par rapport aux années précédentes et la plupart des protestations étaient relativement peu importantes, mais étant donné que le Covid-19 est encore répandu dans de nombreuses régions du pays, il est remarquable qu’il y ait des protestations ou manifestations collectives.

La plupart des mouvements concernent les secteurs des services et des transports qui connaissaient déjà des difficultés économiques avant l’épidémie de Covid-19. Le 10 mars, par exemple, plus d’un millier de chauffeurs de taxi dans la ville de Liuzhou2, dans le sud-ouest du pays, ont organisé une manifestation pour demander la suspension des frais de location de taxi et le droit de revendre leur véhicule à la compagnie de taxi sans pénalité. Les chauffeurs ont déclaré que même si les gens retournaient au travail, le manque de passagers les empêchait de gagner leur vie. Le nombre de protestations de chauffeurs de taxi3 avait beaucoup augmenté avant l’épidémie de Covid-19, à la fin de l’année dernière, car les mécontentements accumulés contre les réglementations des autorités locales, la gestion des compagnies de taxi et surtout la concurrence des chauffeurs de taxi à la demande et sans permis ont éclaté dans une série de manifestations à grande échelle, parfois violentes.

La plupart des récentes protestations des travailleur·es sont liées à des arriérés de salaires et à des licenciements. Plusieurs travailleur·es d’une entreprise de restauration rapide à Pékin, par exemple, ont organisé une manifestation le 10 mars, après que l’entreprise eut refusé de payer trois mois d’arriérés de salaires totalisant près de 400 000 yuans (4 800 euros), même après qu’un tribunal d’arbitrage lui avait ordonné de payer.

La veille, le 9 mars, le personnel médical d’un hôpital privé de Zibo, dans le Shandong, s’est mobilisé contre le retard de trois mois dans le paiement du salaire, et ils ont dénoncé l’utilisation de fournitures médicales périmées.

Lors d’une manifestation à Pékin, des travailleur·es se sont opposés à la politique de congé sans solde obligatoire, mise en œuvre par le fournisseur de services en ligne 58.com, qui ne donnerait au personnel qu’une indemnisation égale à 80 % du salaire minimum mensuel local, loin d’être un salaire permettant de vivre décemment.
Début mars, plusieurs protestations ont également été organisées par des propriétaires de petits magasins et de restaurants qui demandaient une réduction des loyers en raison de la chute brutale des affaires qu’ils avaient connue depuis le début de l’épidémie. Le Financial Times4 a noté que les magasins familiaux, les échoppes et restaurants de rue, ainsi que de petites entreprises similaires emploient environ 230 millions de personnes en Chine et sont particulièrement vulnérables aux chocs économiques.

Les ouvrier·es du bâtiment, dont certains ont été recrutés pour construire des hôpitaux d’urgence pour les patient·es atteints de Covid-19 à Wuhan, ont également protesté contre les salaires impayés. Plus récemment, des ouvrier·es d’un chantier de construction à Zhoukou, dans le Henan, ont été agressés après avoir organisé une manifestation contre des arriérés de salaires.5

Alors que la production normale reprend progressivement en Chine, les travailleur·es qui ont déjà déjà repris les luttes, après des mois de perturbations économiques, seront plus déterminés que jamais à faire en sorte que leurs droits à la rémunération, à la sécurité sociale et à l’indemnisation ne soient pas violés.

Hong Kong, le 17 mars 2020

Cet article a paru dans le n° 672/673 de mars-avril de la revue Inprecor, disponible par abonnement. Si cette revue vous intéresse, n’hésitez pas à vous abonner en contactant la rédaction <inprecor@wanadoo.fr> ou en écrivant à PECI-INPRECOR, 27 RUE TAINE, 75012 PARIS, FRANCE. Le prix de l’abonnement annuel est de 55,00 € pour l’Europe et l’Afrique du Nord, de 71,00 € pour le reste du monde. (http://www.inprecor.fr)


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