⚡ Que dire de ce 1er Mai 2020 ?

AVANT-PROPOS : les articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » ne représentent pas les positions de notre tendance, mais sont publiés à titre d’information ou pour nourrir les débats d’actualités.

SOURCE : Arguments pour la lutte sociale

1er Mai 2020, la police de Macron-Castaner interdit la distribution gratuite de légumes organisée par la BSP (Brigade de Soutien Populaire) aux nécessiteux à Montreuil (93) – (DR)

Il est parfois difficile de ne pas rester sans voix, mais il faut en sortir. Bien sûr, ce 1er Mai a foisonné d’initiatives de réseaux sociaux, de balcons, voir un peu plus (mini-manifestations et rassemblements furtifs). Mais l’absence de toute expression centraliséedes organisations ouvrières a lourdement pesé, et elle est de la responsabilité de leurs directions. Ce ne sont ni des obstacles techniques, ni les conditions du confinement, qui nous ont privés d’une expression centrale, commune, claire, de l’intersyndicale du 5 décembre 2019 – alors que nombreux sont les départements où CGT, FO, FSU, Solidaires et UNEF se sont exprimés ensemble, ce qui ne surmonte pas cette carence nationale. Une sortie symbolique unitaire avec distances de sécurité à proximité de l’Élysée ou de l’Assemblée pour exiger des masques, du gel, des tests, des respirateurs, des moyens pour l’Hôpital public, la fin des statistiques biaisées et des injonctions contradictoires permanentes, ça aurait eu de la gueule, non ?

Et ça n’aurait pas eu que de la gueule. Cela aurait contribué à faire monter la pression pour une lutte réelle contre l’épidémie. Et cela aurait affaibli ce pouvoir dont l’irresponsabilité confirmée et répétée est, en fait, du même acabit que celle d’un Trump, la morgue de la fausse bonne conscience affichée en plus !

Le niveau réel de l’épidémie est sous-estimé par les chiffres officiels qui ne prennent pas en compte les suspicions de Covid de la part des médecins traitants. Sa répartition géographique est donc elle aussi mal connue, alors qu’il serait possible d’avoir des données beaucoup plus fiables. Des arguments « scientifiques » à géométrie variable sont inventés pour justifier la pénurie de tests massifs, seul moyen de connaître l’extension réelle de l’épidémie, comme auparavant nous avons eu droit à tout et son contraire à propos des masques. On fait passer les critiques pour du complotisme, nourrissant ainsi le véritable complotisme, et on insulte l’intelligence individuelle et collective pour masquer, sans y parvenir, son irresponsabilité : la politique de l’exécutif français ne combat pas l’épidémie, mais les libertés publiques ; elle vise à obliger à aller travailler en envoyant ses enfants à l’école traitée ainsi comme garderie, en interdisant tout le reste.

La tension générée par cet ordre infâme monte et va monter. C’est uniquement la protection accordée au président et au gouvernement par les directions syndicales et par l’opposition de gauche officielle qui, à ce jour, a permis la reproduction de cette situation, alors que chaque jour montre que pour affaiblir le virus, il faut affaiblir Macron et ses sbires.

Honte : la seule manifestation, légale et médiatisée, de ce 1° mai a été celle du RN, tandis que pour la première fois depuis 1995 la cérémonie à la mémoire de Brahim Bouarram, noyé par les mêmes fascistes dans la Seine le 1er mai 1995, n’a pas pu se tenir. Et la déclaration de Macron sur les « chamailleries » auxquelles il voudrait réduire la lutte des classes, de même qu’il cherche à infantiliser les populations au lieu de lutter contre l’épidémie, a seule été largement diffusée.

Honte : dans tout le pays les libertés publiques et individuelles sont violées par de lourds sergents Garcia confortés par des préfets du type Lallement qui, ce 1er Mai, après avoir agressé les habitants des appartements arborant le panneau « Macronavirus, à quand la fin ? » à Toulouse ou ailleurs, ont arrêté de manière illégale des citoyens porteurs de pancartes, et assiégé, au mépris de toute règle sanitaire, un marché solidaire à Montreuil, avant de verbaliser et de ficher les militants de la solidarité populaire. Espionner les sacs de gens qui vont faire leurs courses, et, dernière innovation, l’envoi d’amendes ne correspondant à aucun contrôle effectif, comme par hasard dans les quartiers du Val Fourré, de Mantes-la-Jolie et plusieurs localités du 93. Et ici, ce ne sont pas des « sergents Garcia », c’est beaucoup plus sinistre. Cette infamie va durer encore longtemps ? Nul doute que les comptes seront réglés. Nous sommes des millions, qui faisons nos comptes.

Maintenant, ils veulent nous faire payer les masques obligatoires qu’ils ont commencé par rationner quand l’épidémie se répandait. Maintenant, ils veulent maltraiter des centaines de milliers d’enfants en maternelle qui devront rester à la même table sans se toucher, ni se rapprocher, ni jouer pendant toute la journée, pour que les parents puissent aller faire s’accumuler le capital. Maintenant, ils veulent, à partir du lundi 11 mai, mettre en danger des millions d’enfants au moment précis où apparaissent de nouvelles formes infantiles de la maladie. Alors qu’il serait possible d’organiser dans les écoles, collèges et lycées publics, l’accueil limité et sécurisé de groupes ciblés (élèves les plus en difficulté, en situation sociale et/ou familiale grave, handicapés, notamment), ils empêchent de faire ce travail en imposant une école/garderie/usine à gaz/foyer de contamination.

Multiples sont les résistances, les luttes autonomes contre l’épidémie, les manifestations organisées de solidarité, les prises de positions politiques, syndicales, associatives, locales. Mais au niveau national l’effacement de l’intersyndicale du 5 décembre 2019 et l’absence de toute prise en compte de la nécessité de combattre maintenant ce pouvoir exécutif, pas seulement en affichant de beaux programmes supposés réunir du monde en 2022, mais maintenant, lui permettent d’être plus malfaisant que jamais.

Cela n’aura bien entendu qu’un temps. Ce qui couve surgira. Mais pour préparer ça, y aider et en faire un affrontement victorieux, nous avons besoin de la fédération, de la coordination, de la mise en réseau, appelons ça comme on veut, de toutes les forces qui veulent affronter Macron et l’épidémie, avec un objectif politique au plus haut point :neutraliser la prétendue « reprise » du 11 mai !

Il incombe aux syndicats de l’Éducation nationale– en première ligne la FSU – d’appeler au droit de retrait, de déposer les alertes en CHSCT et de déposer les préavis de grève. Il faut aussi que les confédérations organisent l’action contre la contrainte à la reprise du travail des parents gardant leurs enfants, mis en chômage partiel depuis le 1er mai, et menacés de perdre toute indemnisation au 2 juin.

Il incombe aux organisations de parents d’élèves, aux organisations laïques, aux amis de l’école publique, de refuser l’agression du 11 mai, contresens sanitaire dangereux, contresens social, contresens pédagogique empêchant la prise en compte des élèves les plus en difficulté.

Il incombe aux élus locaux soucieux de la santé publique et du service public de s’opposer aux réouvertures.

Plus que jamais, et ceci va aller crescendo, la lutte contre l’épidémie exige la lutte contre ce gouvernement !

Aplutsoc, éditorial rédigé à l’issue du 1er Mai 2020.


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