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SOURCE : NPA
Les principales mesures minimales pour une « reprise normale » du trafic sont absentes. Certes, pour les cheminotEs il y aura bien une dotation de masques (autour de deux par jour) mais c’est loin d’être suffisant, d’autant plus que ces masques ne sont pas ceux demandés par la plupart des organisations syndicales : des masques de type FFP2. De leur côté, les voyageurs/euses devront avoir leurs propres masques : aucune distribution gratuite n’est prévue à l’entrée des gares, alors que cela se fait dans de nombreux pays.
Pour ce qui est de la distanciation physique dans les trains, cela s’annonce quasiment mission impossible. D’ailleurs, de nombreux trains de banlieue sont déjà saturés. Jeudi 7 mai par exemple, des usagerEs devaient voyager debout dans les Transiliens arrivant à la gare de l’Est. Même avec une augmentation du trafic, si en temps de confinement la SNCF n’arrive pas à assurer la distanciation physique dans les trains, qu’en sera-t-il lundi 11 mai ? Qui empêchera les voyageurs/euses d’entrer dans les gares, les trains ? Que feront les personnes refoulées ? Elles s’agglutineront en attendant de pouvoir monter dans le train suivant ?
Enfin, la mesure – essentielle – de proposer des tests aux cheminotEs qui reviennent au boulot pour s’assurer qu’ils ne sont pas porteurs du coronavirus n’est pas prévue. Cela laisse craindre de nouvelles contaminations entre collègues.
Ce qui importe à la SNCF ici, c’est d’assurer le rôle essentiel qui lui est assigné pour faire tourner « la machine capitaliste » : transporter les gens de leurs lieux d’habitations à leurs lieux de travail. Et, pour cela, peu importe la santé des voyageurs/euses et de « ses » salariéEs.
Une direction de la SNCF prête à de nouvelles attaques
De plus, Farandou (PDG de la SNCF) n’a pas traîné pour annoncer la suite. Tout en bénéficiant des aides de l’État avec la mise en chômage partiel de nombreuxEs cheminotEs, il entend se servir de la crise du Coronavirus pour supprimer de nouveaux emplois… Il faut savoir qu’en temps « normal », la SNCF perd déjà près de 10 emplois par jour !
Par ailleurs, le contexte dans lequel cette crise arrive coïncide avec l’éclatement de la SNCF depuis le 1erjanvier 2020 en cinq Sociétés Anonymes, préparant l’arrivée de la concurrence. Des entreprises qui s’étaient positionnées sur ce nouveaux marché – le transporteur privé allemand FlixTrain par exemple – se sont retirées avec la crise du coronavirus1, attendant des jours meilleurs.
À n’en pas douter, la direction va expliquer aux cheminotEs que la SNCF paye un lourd tribut qui la met en position délicate face à une concurrence en embuscade. L’offensive patronale va être forte pour faire croire que nous sommes « touTEs dans le même bateau » (ou le même train) et qu’il va falloir faire de nouveaux sacrifices. Bien entendu, il ne faut pas céder d’un pouce sur ce chantage au « patriotisme d’entreprise », qui risque aussi de prendre dans certains milieux syndicaux.
Même si les premiers retours indiquent que les cheminotEs ne sont pas dupes, il reste tout de même une inconnue sur l’état d’esprit général. Nous avons toutes et tous vécu (à des degrés divers) plusieurs semaines de confinement, isoléEs. Sans discussions entre collègues, nos luttes collectives interrompues (comme celle contre la réforme des retraites qui avait encore cours au moment de l’annonce du confinement), chacunE a dû se faire un avis dans son coin, entre informations télévisées et réseaux sociaux…
Dans ce contexte, réunir les salariéEs, dans le respect des règles sanitaires, pour réactiver les réflexes collectifs et faire respecter – notamment par le droit de retrait si la situation l’exige – des conditions de travail et de transport décentes sera certainement une des premières tâches militantes lors de cette « reprise ».
- 1.La SNCF a fait de même sur le réseau espagnol ou elle tentait de prendre des parts sur RENFE en mettant en place une sorte de Ouigo (TGV Low cost) en Espagne.