Reprise économique : le piège du dialogue social et la complicité des bureaucraties syndicales

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SOURCE : Révolution permanente

Au moment du redémarrage de l’économie, la méfiance à l’égard des autorités est au cœur de la situation française. Conscients du fait que les dirigeants politiques ont caché certaines informations, notamment dans le scandale du stock de masques, seuls 35 % de la population font confiance au gouvernement pour préparer le déconfinement.

Cela rend hystériques les journalistes du régime, comme Alain Duhamel qui affirme que « la France est la femme malade de l’Europe. Plusieurs enquêtes internationales comparatives ont été publiées récemment. Toutes concordent, sans exception. Face à l’épreuve commune du coronavirus, notre pays se montre le plus pessimiste, le plus anxieux, le plus mécontent, le plus défiant, le plus incrédule vis-à-vis du pouvoir en place. En Europe, devant la crise sanitaire, économique et sociale, on voit partout jouer un réflexe d’unité autour de l’exécutif, quelle que soit sa couleur, voire sa valeur. Ici, c’est au contraire un réflexe de division qui se déclenche irrésistiblement. Pourtant, la situation sanitaire n’est pas pire qu’en Italie, en Espagne ou au Royaume-Uni et les choix qui ont été faits ne sont pas plus mauvais. Or, c’est dans l’Hexagone que se déclenche une sorte de motion de censure populaire. Il y a bel et bien une exception française ». 
 
Comme nous l’affirmions dans un article précédent, la conjonction de cette méfiance vis à vis des dirigeants, de la continuité de la crise sanitaire et, surtout, des tensions sociales qui vont se manifester au fur et à mesure que commencent à être retirées les mesures exceptionnelles adoptées pour faire face à la crise, comme le chômage partiel [1], risque de donner lieu à une grande explosion sociale.

Grippe espagnole et Covid-19 : une tolérance moindre face à la mort


Si nous analysons objectivement la situation, la pandémie actuelle montre un saut qualitatif dans l’histoire de la relation entre la maladie et les réactions des communautés touchées. Ce qui est frappant dans le cas du coronavirus, c’est l’écart entre sa virulence et l’impact au niveau de la reproduction et de l’accumulation capitaliste. Le premier aspect fait encore objet de controverses, mais il est clair que ce n’est pas la peste bubonique. Le second aspect s’annonce dévastateur pour l’économie, menaçant la sécurité et la stabilité de nombreux régimes.
 
On peut supposer qu’après les années 1960, surtout dans les pays capitalistes avancés, la valeur de la vie humaine n’a cessé de croître, comme le montre par exemple le rejet de la peine de mort dans un grand nombre de pays. Cette moindre tolérance à la mort est peut-être le résultat de la multiplication des attentes induites par les progrès médico-scientifiques, ainsi que par les « merveilles » technologiques exaltées dans les médias, aussi illusoires soient-elle. Elon Musk, propriétaire de certaines des plus importantes entreprises de la planète telles que Solar City, SpaceX et Tesla, ne voulait-il pas, jusqu’à récemment, créer la « vie éternelle » ?
 
Dans un article récent, la chercheuse Monique Dagnaud écrit à propos de cette tendance : « L’idée de la mort (titre d’un essai de Laurent Alexandre) irrigue l’histoire de la révolution numérique. Si comme l’exprime l’auteur de Homos Deus, l’immense majorité des technologues et des médecins de la Silicon Valley tient à distance les rêves affichés d’immortalité, en revanche cet imaginaire est présent chez nombre des chercheurs du numérique. L’inventeur Ray Kurzweil a été nommé en 2012 directeur de l’ingénierie chez Google et a lancé une filiale, Calico, dont la mission est de ‘résoudre le problème de la mort’. Il a depuis beaucoup écrit sur le mythe de la Singularité, le dépassement du stade humain grâce à l’intelligence artificielle, idée dont on trouve déjà la trace chez les inventeurs de l’ordinateur dans les années 50. Si la question de la Singularité a fait l’objet de maintes critiques, voire moqueries, il n’empêche que la projection d’un humain remodelé par les avancées des biotechnologies, et destiné à une longévité de vie impressionnante inspire beaucoup des penseurs et dirigeants de la Tech, comme Peter Thiel, Sergey Brin ou Larry Page. En 2000, la biologiste philosophe Donna Haravay a écrit une fiction politique, le « Manifeste du cyborg », qui annonce un projet « de rupture », la fabrication de créatures hybrides façonnables à merci ».
 
Un simple rappel de ce qui se passait il y a un peu plus de cent ans concernant la grippe espagnole nous montre le changement d’époque qui s’est produit. Dans son livre sur le sujet intitulé La Grande Tueuse : Comment la grippe espagnole a changé le monde, Laura Spinney nous donne des éléments très suggestifs qui nous permettent de mesurer les similitudes et les énormes changements. Ainsi, elle affirme : « c’était un monde qui nous semble familier et en même temps profondément étranger. Malgré les avancées obtenues grâce à la théorie des germes, la population mondiale était en bien moins bonne santé qu’aujourd’hui. Même dans le monde industrialisé, la principale cause de maladie résidait encore majoritairement dans les infections, qui n’avaient rien de commun avec les maladies chroniques et dégénératives qui sévissent de nos jours ». Puis elle affirme : « Les antibiotiques n’avaient pas été inventés et, une fois tombés malades, les gens n’avaient pas beaucoup de recours. Même dans des villes comme Paris et Berlin, la maladie était omniprésente dans la vie quotidienne. Elle était tapie derrière les gros titres des journaux entièrement dévolus aux nouvelles de la guerre, elle était la matière noire de l’univers, si familière et si intime qu’on n’avait pas besoin d’en parler. Elle engendrait la panique d’abord et la résignation ensuite. Dans un monde où la religion demeurait la principale source de réconfort, les parents étaient habitués à survivre à au moins un ou deux de leurs enfants. Les gens regardaient la mort d’un œil différent : visiteuse régulière, elle finissait par être moins effrayante ».
 
Les conséquences d’un tel changement de paradigme et de contexte avec l’explosion d’une population adulte particulièrement vulnérable au Covid-19 sont frappantes et ont mis le capital sur la défensive. Comme le dit Monique Dagnaud, directrice de recherches à l’EHESS, que nous avons cité plus haut : « Pourtant choisir la vie à tout prix plutôt que les eaux égoïstes du calcul monétaire, ce renversement fait date, même s’il est depuis longtemps dans l’air du temps des sociétés développées qui consacrent des budgets à rallonge pour les soins médicaux et la recherche. C’est la première fois que ces sociétés n’hésitent pas à mettre en danger leur avenir pour quelques dizaines de milliers de décès : cette décision, annoncée lors d’une puissante vague d’émotion collective amplement relayée par les médias, a été reçue comme le triomphe de nos valeurs. Il a fallu une poignée de semaines pour que quelques acteurs économiques interrogent timidement ce choix, qui engage le futur de toutes les générations ».
 
C’est cette réaction inhabituelle qui met au premier plan la santé de la population que le gouvernement et les grands capitalistes cherchent à inverser avec la reprise économique et alors que la circulation du virus n’est toujours pas maîtrisée. 

Les craintes des travailleurs et les difficultés du gouvernement

Comme l’a dit le Premier ministre le 28 avril dernier, le gouvernement marche sur une « ligne de crête ». Dans le contexte de défiance croissante à l’égard de son action sur le plan sanitaire, celui-ci est conscient de sa fragilité et du danger pour les capitalistes de perdre le contrôle de la situation. Son impréparation au début de la crise et les énormes incertitudes quant à l’après 11 mai (jour du déconfinement progressif) pèsent sur la population. Comme le disait il y a peu de temps un édito de Cécile Cornudet : « L’impréparation originelle, également. “La pénurie initiale (de tests) a dicté le choix du confinement et ça pèse encore dans le temps”, reconnaît le professeur Delfraissy dans “La Repubblica”. Comment accélérer la reprise du travail quand tests et masques manquent encore ? La « boule au ventre » décrite par les salariés est le premier des contre-arguments économiques. »

Cependant, malgré les craintes des travailleurs, ceux-ci doivent s’habituer à vivre avec le virus, coûte que coûte, comme le dit sans mâcher ses mots ce fidèle représentant du patronat. Dans un article visant à mettre en avant la responsabilité historique des syndicats face au déconfinement, Eric Le Boucher affirme qu’« il n’y a pas le choix, il faut reprendre le travail. Dès le 12 mai. Comme l’État sera vite à bout de force, le déconfinement repose sur la bonne entente obligée des partenaires sociaux. La responsabilité historique des syndicats est de l’admettre, d’assumer que la fin du confinement est indispensable et que rien, sauf un miracle médical hors de portée aujourd’hui, ne peut garantir “la sécurité absolue”. Il leur faut dire aux salariés français qu’il faut retourner au travail, que “le risque zéro” n’existe pas, que l’empirisme et le relativisme doivent être les nouveaux principes directeurs, bref qu’il faut faire “au mieux”. Cela s’appelle en clair un compromis entre la santé et l’économie. Ce discours indispensable est un changement à 180 degrés dans un monde du travail dirigé par les relations conflictuelles et dans une société biberonnée depuis cinquante ans par l’hyper-maternalisme d’État et l’absolutiste principe de précaution. » Cet agent du patronat exige que les syndicats collaborent pour « gagner la bataille de la production », comme cela avait été le cas avec le PCF et son principal dirigeant Maurice Thorez au sortir de la guerre, lorsque les classes dirigeantes et leur appareil de coercition ont été délégitimés par la collaboration avec les nazis, une chose que les staliniens feront en échange de quelques concessions sociales importantes afin de sauver le capitalisme français du danger de la révolution.

Contre le dialogue social, pour des commissions de santé et de sécurité des travailleurs dans la perspective du contrôle ouvrier

Comme nous l’avons écrit au début du confinement, ce sont les luttes des travailleurs, dans la plupart des cas « sauvages » ou dirigées par les syndicats locaux, qui ont imposé progressivement aux patrons l’arrêt d’une grande partie des activités non-essentielles. Ces initiatives ont été prises en l’absence de toute initiative des directions syndicales, y compris de la direction de la CGT, mais ont permis d’imposer la volonté des travailleurs malgré les réticences des patrons et les injonctions du Ministère du travail. L’objectif du déconfinement pour le gouvernement et les grands capitalistes est de tenter de reprendre l’initiative et de revenir à la normalité de la dictature patronale dans les usines, les entreprises et les lieux de travail, après qu’elle ait été perturbée dans une certaine mesure pendant la période la plus élevée de la pandémie. [2]

L’instrument de cette reprise en main, malgré la peur du virus la défiance des travailleurs, c’est le dialogue social, allant à l’encontre des tendances naissantes au contrôle ouvrier, c’est-à-dire de la tendance des travailleurs, au début du confinement, à ne pas accepter les contraintes arbitraires en termes de sécurité, d’hygiène ou même au niveau de la production des capitalistes. Le macronisme et ses relais, hostiles pendant la première phase du quinquennat à toute véritable négociation avec ceux qu’on appelle les « partenaires sociaux », y compris, il y a quelques mois à peine, lors de la réforme des retraites, approuvée en première lecture à l’Assemblée par l’autoritaire article 49.3 de la Constitution, ont redécouvert tous les avantages du dialogue social. Comme l’affirme le magazine patronal Challenges : « Montré du doigt et considéré comme un frein à l’activité par certains, le dialogue social est aujourd’hui voué aux gémonies pour redémarrer l’économie. Son avantage est double en cette période troublée : adapter les mesures de sécurité sanitaire aux réalités du terrain mais aussi et surtout, rassurer des salariés. “Négocier en amont avec les organisations syndicales permet d’évaluer les risques au sein de l’entreprise et d’y trouver des réponses concrètes, avance Raymond Soubie, président d’Alixio et ex-conseiller social de Nicolas Sarkozy. Cela rassure les salariés.” Même topo du côté de la CFDT, premier syndicat de France : “Les actifs sont prêts à retravailler mais pas au détriment de leur santé, constate Marylise Léon, la numéro deux de l’organisation. Le dialogue social est précisément l’outil pour obtenir leur approbation à la reprise de l’activité. »

La première « preuve d’amour » de cette entente patronale/syndicale contre les travailleurs est la déclaration commune soulignant l’importance d’un bon climat social dans les entreprises pour relancer la machine économique, signée entre le MEDEF et les deux organisations syndicales qui revendiquent ouvertement la collaboration de classes, la CFDT et la CFTC.

Ce dialogue social est un coup de poignard dans le dos des travailleurs, non seulement au niveau sanitaire mais aussi en ce qui concerne toute une série de questions relatives aux conditions de travail. Comme le souligne le même magazine patronal : « Concrètement, les entreprises ont tous les outils pour faire front à la crise : “Les ordonnances sur le Code du travail de 2017 ont décentralisé la négociation d’un certain nombre de normes au niveau de l’entreprise, estime Deborah David, avocate associée au cabinet De Gaulle Fleurance & Associés. Temps de travail, organisation de la production… Les entreprises ont plus de flexibilité pour affronter des tempêtes. A condition de signer des accords collectifs avec les syndicats ».

En ce sens, la victoire obtenue par les salariés de Renault Sandouville avec la fermeture provisoire du site illustre bien les difficultés que le grand patronat aura pour réimposer sa dictature patronale. Par suite d’une décision de justice après un référé déposé par la CGT sous pression des travailleurs, l’usine qui devait reprendre à 100% ce lundi 11 mai sera fermée jusqu’à ce que la direction du site permette une reprise capable « d’assurer la santé et la sécurité des travailleurs de l’usine face au risque lié au COVID-19 » comme le pointe le tribunal. Cette victoire, qui reste partielle puisqu’il s’agira d’imposer dans la pratique et pas seulement en justice les véritables conditions de la reprise, ainsi que le fait qu’aucun intérimaire ne soit licencié malgré la fermeture du site, a cependant hérissé au plus haut point l’ensemble de la classe politique mais aussi la majorité des directions syndicales chez Renault et ce jusqu’à Laurent Berger. Pour le patron de la CFDT « ce qui s’était passé à Sandouville, c’était un dialogue social assez exemplaire sur la reprise d’activité en toute sécurité pour les travailleurs », jugeant même le référé déposé par la CGT Renault Sandouville « irresponsable et infondé ».

Face aux risques pour nos vies et à la pression brutale sur les conditions de travail de la part des employeurs qui utilisent de plus en plus le chantage à l’emploi et les menaces de licenciements pour imposer des reculs tant sur le plan sanitaire que social [3], comme nous l’avons dit au début du confinement, nous devons prendre les choses en main : « Si demain des entreprises imposent le retour au travail, il faut que ce soit aux travailleurs qui prennent des risques d’imposer leurs propres conditions, qu’ils décident démocratiquement dans des organismes regroupant l’ensemble des travailleurs, qu’ils soient syndiqués ou non, de qui doit travailler, dans quelles conditions de sécurité et pour quoi faire ».

Nous ne pouvons pas laisser dans les mains des grands capitalistes qui ont montré leur mépris pour nos vies les conditions dans lesquelles nous travaillons. En particulier dans le domaine des transports où ce sont les travailleurs qui ont imposé ou exigé les mesures les plus appropriées, pour protéger non seulement les chauffeurs et machinistes, mais aussi l’ensemble des travailleurs et de la population qui utilisent les transports publics. Aujourd’hui il serait criminel d’avoir la moindre confiance envers le ministère des Transports ou les directions d’entreprise et leurs mesures délirantes et surtout répressives.

Face à la pression du grand capital qui n’a pas peur de risquer nos vies pour que nous produisions à nouveau pour ses profits (y compris dans des secteurs où la production est non essentielle), la crise actuelle démontre quelle classe est la plus apte à contrôler et à planifier la production. En imposant le contrôle ouvrier à tous les niveaux de la vie dans les usines, les entreprises et les lieux de travail, nous, les exploité.e.s, sommes les mieux placé.e.s pour définir les priorités de production et les conditions nécessaires pour prendre soin de notre santé.

Notes

[1] Le gouvernement français paie 80 % des salaires pour près de 11 millions d’emplois

[2] Comme le dit Romain Huet, chercheur en sciences de la communication, maître de conférences à l’université Rennes 2, les difficultés d’un retour à la normalité capitaliste sont grandes : « Nos gouvernants, qui ont jusqu’alors pris pour habitude de rationaliser, de prévoir, d’anticiper, de prévenir les « risques », sont confrontés à une limite extérieure à leurs propres objectifs et leurs intérêts. Un virus qui contrarie l’ensemble de leurs plans sur l’avenir. Non seulement, ils éprouvent une rigoureuse difficulté à rendre lisible le présent, mais c’est plus généralement l’avenir qui est indéchiffrable. L’obsession gouvernementale de rattraper le retard économique pris par le confinement est contrariée. Pourront-ils faire accepter à une population déjà usée et incrédule leur monde qui a montré de façon éclatante ses limites ? Quelle sera la capacité de la population à accepter un déconfinement drastiquement conditionné, à vivre dans un état d’inquiétude permanente ? Peut-on imaginer une population acquise à la surveillance généralisée, à une mise au travail sous contrainte sans les compensations que l’on trouve habituellement dans la vie sociale ordinaire ? Avant même d’avoir procédé à un deuil collectif, pourront-ils s’acharner à réparer ce qui a été brisé, relancer ce qui a été définitivement perdu ? Cette crise a convaincu du caractère non immuable de ce système ; un quelque chose est arrivé. L’immuable s’effondre, le présent s’ouvre même si cette ouverture est immensément incertaine et non assurée ». « Après l’effondrement du monde », Libération, 3/5/2020

[3] Pour ne citer qu’un exemple, les déclarations suivantes citées par Michel Husson dans son article « Economie – Rebond ou chute ? » : « D’autre part, on ne peut pas dire que nous n’avons pas été avertis, comme le montre cette petite anthologie [40] : “Nous devrons faire un effort pour réduire la dette” (le ministre français de l’économie) ; “travailler plus qu’avant” (son secrétaire d’État) ; “le traitement des dettes héritées de la crise passera nécessairement par un effort budgétaire rigoureux avec des dépenses publiques enfin plus sélectives” (le gouverneur de la Banque de France) ; “il faudra bien se poser la question tôt ou tard du temps de travail, des jours fériés et des congés payés pour accompagner la reprise et faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire » (Le Président du MEDEF, Mouvement des Entreprises de France).


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