La catastrophe du Covid-19 dans les Ehpad

AVANT-PROPOS : les articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » ne représentent pas les positions de notre tendance, mais sont publiés à titre d’information ou pour nourrir les débats d’actualités.

SOURCE : France culture

Dans les Ehpad, la crise du Covid agit comme un révélateur du manque des moyens chronique auxquels font face ces établissements. Rencontre avec le fils d’une résidente décédée, un directeur d’Ehpad, qui a connu une hécatombe dans son institution, et une salariée en colère.

Deux résidentes d'un Ehpad à Montpellier pendant l'épidémie de Covid-19
Deux résidentes d’un Ehpad à Montpellier pendant l’épidémie de Covid-19  Crédits : Guillaume BONNEFONT – Maxppp

Gabriel Weisser habite dans le Haut-Rhin. Sa mère a été contaminée par le Coivd-19 en Ehpad.

J’ai demandé aux médecins ce qu’il y aurait comme soins. Ils m’ont répondu qu’il n’y aurait que des soins palliatifs, seulement un accompagnement vers la mort.

Jusque dans le deuil, c’est la population qui doit prendre sur elle.

Macron parle de retrouver des jours heureux… ma mère ne reviendra pas. Ma mère est morte pour des raisons ridicules de pénurie de masques et de tests. 

On découvre que gouverner c’est prévoir, et que le gouvernement n’a rien prévu. Je poursuivrai l’Agence régionale de sante du Grand Est et dans un deuxième temps, je poursuivrai le ministère de la santé. Je veux qu’ils reconnaissent au moins leurs erreurs.

Eric Lacoudre est directeur d’un Ehpad en Haute-Savoie. Le 2 mars, l’établissement est fermé et les soignants se mettent à porter des masques.

Quand on a compris le 9 mars qu’une personne était atteinte du Covid, elle avait déjà contaminé en amont, pendant des jours, d’autres résidents.

Au début lorsque nous appelions les urgences, ils venaient prendre les résidents. Puis, lorsque l’épidémie s’est répandue, ils ne sont plus venus les chercher. Seulement cinq personnes sont mortes à l’hôpital, et nous en avons perdu treize sur place.

Virginie travaille pour les Ehpad du Val de Marne.

Quand tout ça sera fini, les personnels de santé vont vivre un choc post-traumatique. Beaucoup quitteront la profession. On nous avait félicités aussi pour les attentats mais on a continué à casser l’hôpital après. Et là ce sera pareil.

Nous sommes démunis. Entre le 11 et le 27 mars, le gouvernement se rend compte qu’il y a une surmortalité parmi les personnes âgées. Et il ne fait rien, hormis sortir un décret le 28, donnant le droit de sédater les résidents. Faire en sorte qu’ils ne souffrent pas, légitime le fait de ne rien faire pour les sauver…

Il n’y a pas un hôpital qui ne trie pas les patients. Ils appellent ça “la perte de chance”.

Dans cette société, il n’y a pas de place pour les vieux. Si notre pays se souciait des personnes en fin de vie, les Ehpad ne seraient pas en manque de moyens depuis des années. 

Reportage :  Rémi Dybowski-Douat 

Réalisation : Cécile Laffon / mixage Claude Niort

Merci à Barbara Filhol, Gabriel Weisser, et Éric Lacoudre, Virginie Chardin.

Une émission dédiée à Stéphanie, à Pierre, à Régis, à Serge, à tous ceux et celles proches ou moins proches qui ont perdus leur parents… en Ehpad et ailleurs pendant cette crise.

Musique de fin d’émission : “Quand les hommes vivront d’amour” de Raymond Levesque. Label : BNF Collection.


Articles similaires

Commencez à saisir votre recherche ci-dessus et pressez Entrée pour rechercher. ESC pour annuler.

Retour en haut