AVANT-PROPOS : les articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » ne représentent pas les positions de notre tendance, mais sont publiés à titre d’information ou pour nourrir les débats d’actualités.
SOURCE : La Cause du peuple
Comme nous l’avons évoqué à dans plusieurs articles, ce qui joue un rôle fondamental dans notre société, qui détermine les prix, qui détermine les rapports entre les hommes sous le capitalisme, c’est la loi de la valeur. Cette loi est la suivante : un produit s’échange, en moyenne, avec un produit correspondant à un temps de travail moyen similaire. On échange une chose contre quelque chose qui a pris, en moyenne, le même temps à être produit. Ce temps de travail est une moyenne, qui se réalise grace à la loi de l’offre et de la demande : si le produit est vendu au dessus de sa valeur, la concurrence oblige le capitaliste à baisser son prix. Mais il ne peut pas vendre le produit en dessous de sa valeur en règle générale, il y perdrait dans l’échange. Il échangerait une valeur contre une valeur moindre.
La valeur de la marchandise force de travail est celle du temps de sa reproduction. Mais l’ouvrier, le prolétaire, travaille plus de temps qu’il n’en faut pour reproduire sa force de travail et celle de sa classe sociale. La nouvelle valeur produite contient donc plus de temps de travail que la valeur de la force de travail. Le capitaliste s’approprie le reste. Il ne vole pas le prolétaire. Il achète la marchandise à la bonne valeur. Il ne vole pas : il exploite.
Nous avons vu dans un article précédent, à travers l’exemple du football, que la valeur issue de l’exploitation se répartie de différentes manières entre les capitalistes, mais que l’on ne peut pas être riche sans être un capitaliste, sans exploiter personne. Et ce même si, à première vue, ce n’est pas le cas. Le footballeur le plus riche profite du surtravail extorqué aux ouvriers construisant les stades, produisant les maillots et autres produits dérivés, faisant tourner les câbles internet pour diffuser les matchs, etc. Il y a un surtravail des ouvriers produisant le football. Le valeur du football, des spectacles en général, c’est la valeur de tout le travail nécessaire à leur production, pas juste du spectacle en lui même.
Pourtant, cette loi, indépassable dans le mode de production capitaliste, ne semble pas s’appliquer à la production de films et de séries. Internet semble avoir permis de vendre les choses sans rapport avec leur valeur. Une entreprise comme Netflix produit une série, et la diffuse. Plus le nombre de personnes l’achetant est élevé et plus l’entreprise fait de profit, sans rapport avec la valeur de la série en tant que travail accumulé des producteurs, scénaristes, acteurs, techniciens etc. Si l’on a travaillé dix mille heures dans la série, comment se fait-il que, si, pour la rentabiliser, il faut l’abonnement de 100 000 personnes, alors le prix ne baisse pas quand le nombre d’abonnés explose, ou alors, pas en rapport du nombre d’abonnés ?
Et bien, c’est simplement oublier que la loi de la valeur ne s’applique pas de cette manière. La loi de la valeur est ainsi : un produit vaut la somme du travail accumulé en son sein. Une entreprise comme Netflix n’est pas un simple créateur de série. Netflix pèse sur un réseau immense de télécommunications. Et ces télécommunications ne sont pas sorties de nul part. Elles sont le produit d’un immense travail humain, de construction et d’entretien constant. Netflix et les autres diffuseurs payent des serveurs immenses, permettant de stocker et de diffuser des donnés. Ces serveurs sont le produit de travail humain. Et plus on est nombreux à regarder la série, plus il en coûte, en terme de travail humain.
Le prix n’est pas la valeur, il en est l’expression. Le prix peut être supérieur ou inférieur à la valeur, il est la forme que prend la « recherche », par le marché, de la valeur. Il se réajuste sans cesse. Les choses ne sont pas si simples, mais, pour la clarté de l’exposé, disons que prix et valeur se combinent parfaitement.
Disons que, pour chaque abonnement, le prix se décompose ainsi. Une entreprise fait travailler ses ouvriers sur le réseau, pour une valeur de 10€. Une autre, sur le serveur, pour une valeur à nouveau de 10€. La somme des salaires n’est que de 5€, et l’entretien du capital de 3€ pour chaque entreprise. Elle réalisent chacune un profit de 2€, soit 4€ au total. Cet ensemble de produits est vendu à sa valeur à Netflix, soit pour 20€. La marchandise est bien vendue à sa valeur avec un profit réalisé
Ce travail de centralisation, ainsi que le travail des acteurs, producteurs, techniciens etc, produit une valeur de 5€. Mais les acteurs ne sont pas pauvres, on les rémunère bien au dessus de la valeur de leur travail. Pour faire simple, disons que le capital vaut pour 2€ et les salaires de l’ensemble de l’équipe sont de 2€. Le profit est de 1€. Le produit final a une valeur de 25€. C’est ce que paye le client.
Nous voyons donc la somme des salaires, ici, de 12€, celle du capital à entretenir, de 8€. Il y a donc 5€ de profit réalisé. Ce profit, ici, se répartie entre les deux opérateurs et les acteurs. Le producteur peut, grâce à sa position de monopole, demander un prix avantageux, un peu en dessous de sa valeur et s’attribuer une partie du profit. Disons, 1€, faisant perdre 50c à chaque opérateur. Le profit est donc réparti, ici, entre 4 capitalistes, à partir du travail de travailleurs produisant dans quatre domaines différents. Le travail de production ne vaut que pour 5€ par acheteur, et plus il y a d’acheteur, moins cela vaut, le prix peut donc baisser. La situation de monopole peut permettre de vendre le produit un peu au dessus de sa valeur, mais pas plus. Dans notre exemple, seul 1/5 du prix du produit vient de la production culturelle, et dans la réalité, il faut rajouter les impôts, payant un travail social, les équipements, toute la production publicitaire, avec ses prolétaires, ses cadres et ses capitalistes, et un immense nombre de facteurs, un travail humain immense, permettant à chacun d’avoir accès à des donnés informatiques sur son ordinateur ou sa télévision.
Il est donc compréhensible que le prix ne baisse pas brutalement lorsque le nombre d’abonnés explose, mais simplement en rapport du prix de la production culturelle seule, sans tout ce qui est nécessaire autour. La loi de la valeur est bien respectée.
Finalement, il y a une exploitation générale de la part des capitalistes, qui se répartissent par des lois et des contrats les profits en fonction du rapport de force. Il n’y a pas une seule production, mais une chaîne de production de valeur se répartissant entre plusieurs capitalistes.