“On s’est servi du Covid-19 pour s’autoriser des choses qui sont interdites et illégales”, dénonce Éric Dupond-Moretti

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SOURCE : La Voix du nord

Le pénaliste cite l'allongement de la durée de détention et des condamnations sans procès au préalable. Photo Marc Demeure/La Voix Du Nord.

Invité de l’émission En balade avec, sur Europe 1, l’avocat Eric Dupond-Moretti n’y est pas allé par quatre chemins pour dénoncer les dérives du système judiciaire ces dernières semaines. Pour le pénaliste, « on s’est servi du Covid-19 pour s’autoriser des choses qui sont interdites et illégales », comme l’allongement de la durée de détention et des condamnations sans procès au préalable.

« Pour faciliter la tâche des juges, la Chancellerie [le ministère de la Justice, ndlr] a permis par exemple de maintenir en détention des hommes qui n’ont pas été présentés devant les juges », a-t-il décrit. Pour Éric Dupond-Moretti, ce phénomène témoigne du manque d’écoute de certains juges vis-à-vis des autres professionnels du monde judiciaire. « Je constate, depuis quelques années, l’émergence d’une nouvelle race de juges qui sont les gardiens autoproclamés de la morale publique », dénonce-t-il sans ambages. « Ceux-là n’aiment pas le contradictoire et donc les avocats. »

Pour une loi d’amnistie

Côté détention, la libération de 13 000 détenus pendant les deux mois a été une bonne nouvelle pour l’avocat. Mais elle n’enlève rien aux mauvaises conditions de détention, a aussi dénoncé l’avocat, qui plaide pour une loi d’amnistie. « J’aurais souhaité que le président de la République renoue avec la tradition régalienne de la grâce présidentielle ou de la loi d’amnistie », a-t-il déclaré. « On est dans des taux d’occupation [des prisons] qui sont indignes de la France, pays des droits de l’homme », s’est-il insurgé avant de glisser qu’« en matière de détention, on est juste mieux placé que la Moldavie ».

Sur franceinfo récemment, l’avocat avait également pointé du doigt la décision de l’Assemblée nationale d’étendre l’expérimentation des cours criminelles (5 magistrats professionnels, sans jury populaire) à 30 départements en raison de l’épidémie de coronavirus. «  L’intervention des citoyens, c’est une bouffée d’oxygène dans le corporatisme des juges  », soutient l’avocat pénaliste. «  J’ai peur que ces habitudes soient pérennes, j’ai peur que les petits abandons entraînent des grands  », redoute Éric Dupond-Moretti.


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