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SOURCE : Telerama
En 2015, dix-huit mineurs portent plainte pour violences policières contre une brigade du 12e arrondissement parisien. S’emparant de ce dossier, le film de Marc Ball pose plus largement la question des relations entre forces de l’ordre et citoyens. A voir absolument alors que le défenseur des Droits Jacques Toubon vient de remettre un rapport sur cette histoire, pointant “un système de contrôles discriminatoires dans ce quartier à l’égard de ce groupe de jeunes”.
« Quand on dit contrôle de police, c’est contrôle de police point barre, rugit la policière. Ici, on est dans un État de droit, c’est la République française. » En face, le « suspect » ose un timide : « Mais pourquoi tu sors ta matraque ? Je t’ai menacé, moi ? » Les images sont chavirées, la nuit enveloppante, le son crachotant… mais la vidéo a le mérite d’exister, qui nous montre une brigade du 12e arrondissement parisien en action. Une escouade qui a défrayé la chronique en 2015, lorsque dix-huit mineurs et jeunes adultes ont déposé une plainte collective visant onze fonctionnaires de police pour agressions verbales, physiques et sexuelles, arrestations arbitraires… (1)
Loin d’être anecdotique, l’affaire met au jour la défiance entre jeunes et forces de l’ordre dans nombre de quartiers populaires, où le moindre contrôle d’identité peut dégénérer en bavure ou en rébellion. Arrimé au dossier parisien, le film questionne cette violence à bas bruit, cette tension latente, génératrices de rancœurs qui créent un climat délétère. Et mènent à l’impasse.
Subtil et fort, le documentaire construit son propos autour des témoignages des adolescents, d’éducateurs mais aussi de policiers qui s’essaient, par le dialogue, à trouver une issue. « Ce n’est pas parce qu’on est arabe, noir, jeune qu’on est forcément un délinquant en puissance. Ou parce qu’on est policier qu’on est forcément raciste ou facho », martèle un éducateur.
Parvenir à faire société commune, tel est désormais l’enjeu selon le film, qui postule que le quadrillage policier, la violence des interpellations longtemps réservés aux quartiers populaires concernent désormais les mouvements de contestation sociale. Creusant un fossé avec des pans toujours plus importants du pays.
(1) En avril 2018, trois policiers ont été condamnés à cinq mois de prison avec sursis pour usage de la force illégitime.