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SOURCE : Bondy blog
Une infirmière vient de se faire interpellé violemment. Elle crie: "je veux ma ventoline" et reçois le poids des policiers sur son corps. #16juin #16Juin2020 #soignant #manifestation #invalides pic.twitter.com/fXeo3i1dxD
— Vidooshan (@vidooshan) June 16, 2020
Sa fille Imen est là aussi. « Il faut se demander ce qui pousse une soignante au travail exemplaire à la violence », nous dit-elle, encore émue. C’est elle qui a appelé à la mobilisation sur Twitter après avoir vu toutes les vidéos. Surprise que sa mère, du haut de son mètre 55, jette des morceaux de bitume à plusieurs reprises sur les forces de l’ordre. De cette colère longtemps sourde qui éclate sur les écrans. Mais définitivement révulsée lorsqu’elle voit les policiers la tirer par les cheveux quelques minutes après.
Farida travaillait le matin même à l’AP-HP Paul-Brusse de Villejuif, comme tous les jours depuis 17 ans, avant de se rendre à la manifestation. Déterminée à réclamer plus de moyens pour les hôpitaux et son personnel qui a affronté l’épidémie de Covid-19. L’infirmière en est tombée malade mais n’a jamais quitté son poste. Les nuits furent courtes pendant des mois.
La famille de Farida a bien visionné la vidéo ils réagissent :
« C’est une infirmière à bout, qui n’en peut plus, qui a 17 ans de service derrière elle, qui a été en première ligne pendant la crise du COVID et qui après une énième manifestation réprimée a eu un geste de colère.»
— Taha Bouhafs 🔻 (@T_Bouhafs) June 16, 2020
Les policiers n’ont pas voulu libérer ses mains
Elle n’arrivait même plus à différencier les jours tant ils ressemblaient à un long lundi interminable, raconte sa fille. « Subir le mépris du gouvernement depuis des années puis des charges policières et des gaz lacrymogènes… Je comprends qu’elle ait craqué », lance Benjamin Amar, porte-parole de la CGT 94.
« On est des humains, faits de chair et de sang, ajoute le syndicaliste. Face à la brutalité policière, c’est difficile de se contrôler. » Farida est poursuivie pour « outrage et jets de projectiles sur les forces de l’ordre ». Elle a été arrêtée dans le désordre qui a suivi l’affrontement entre certains manifestants, vêtus de noir, et les forces de l’ordre, qui ont répliqué par l’usage massif de gaz lacrymogènes.
Trois députés LFI sont là : Eric Coquerel, Danièle Obono et Mathilde Panot. Ils ont pu s’entretenir avec elle. Tous trois évoquent sa blouse blanche tâchée de sang. « Elle était encore menottée sur un banc en attendant sa visite médicale pour déterminer ses jours d’ITT, raconte Eric Coquerel. Les policiers n’ont pas voulu libérer ses mains et elle leur a dit ‘Je ne suis pas une criminelle’. » Le député de Seine-Saint-Denis a noté les coups et les bleus sur son visage : « La violence utilisée pour l’interpeller n’était pas du tout proportionnelle. Ce n’est pas une spécialiste du lancer de cailloux mais une soignante qui a sauvé des gens ».
Avec mes collègues @MathildePanot et @Deputee_Obono nous avons visité le commissariat du 7ème où se trouve Farida, infirmière qui a travaillé pendant la crise sanitaire 10 à 14h par jour.
Nous avons parlé rapidement avec elle : elle a été blessée pendant l’interpellation. pic.twitter.com/vUUvdAC8Qn
— Eric Coquerel (@ericcoquerel) June 16, 2020
Sa fille Imen a écouté attentivement le récit de cette rencontre. Elle n’a pu que brièvement échanger avec sa mère par téléphone. Suffisamment pour sentir le traumatisme dans sa voix. Elle appelle à un nouveau rassemblement au même endroit, à 16 heures ce mercredi, juste avant la fin des 24 heures légales de garde à vue. Sans savoir si elle sera prolongée.