⚡ L’État veut privatiser le patrimoine culturel pour payer la crise sanitaire

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SOURCE : Figaro

Une vente de meubles issus des collections publiques sera organisée en septembre au profit de la Fondation Hôpitaux de France.

Afin de «contribuer à l’effort de la Nation pour soutenir les hôpitaux»le Mobilier national va organiser une vente aux enchères inédite. Une partie de ces collections sera cédée lors des Journées du Patrimoine, les 20 et 21 septembre. Jusque-là, la vieille institution vendait régulièrement quelques objets déclassés, sans en faire de grande publicité. Cette fois-ci, il s’agit de voir large: tous les bénéfices de la vente seront reversés à la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France, présidée par Brigitte Macron.

On ne sait pas encore avec précision ce qui sera mis à l’encan. Une commission composée de conservateurs maison est en train d’arrêter une liste d’une centaine d’objets, principalement des meubles Louis-Philippe et XIXe siècle. «Nous choisirons du mobilier qui n’a ni valeur patrimoniale, ni valeur d’usage», explique Hervé Lemoine, directeur du Mobilier. La liste sera établie à l’unanimité des conservateurs, afin d’éviter le procès en «dilapidation des bijoux de famille». Les collections publiques sont réputées inaliénables – sauf en cas de déclassement- et le Mobilier national ne tient pas à apparaître comme celui qui braderait un héritage. Même pour la bonne cause.

Munis de ce viatique, les spécialistes de cette maison issue du garde-meubles royal n’auront que l’embarras du choix pour établir le catalogue de la vente. Quiconque s’est rendu un jour dans les réserves du Mobilier national sait ce que les mots «conservation» et «accumulation» signifie. Véritable caverne d’Ali baba, reflétant la longue histoire des collections royales puis publiques, le Mobilier conserve plus de 130.000 tapis, lustres, sièges, armoires, tables céramiques ou textiles.

On y trouve des merveilles patrimoniales, comme le bureau présidentiel créé par Cressent au XVIIIe siècle ou le salon Paulin tant prisé par Georges Pompidou. On y trouve également des séries de jolies commodes ou de sièges dits d’usage, qui servaient par exemple à meubler les appartements d’invités dans les grands châteaux royaux. «Les ministères ou les ambassades ne veulent plus les utiliser, car ils sont ni commodes et ni au goût du jour», constate encore Hervé Lemoine. Ces buffets Louis-Philippe ou ces commodes en bois sombre, qui ont tous une provenance avérée, trouveront peut-être un autre destin dans une maison de campagne, ou auprès d’un chineur.

Soutenir les artisans français

En attendant cette vente, qui devrait faire du bruit, le Mobilier s’apprête à s’engager auprès des filières des métiers d’art et du design. La crise sanitaire risque de faire des dégâts économiques considérables, et le Mobilier estime qu’il a un rôle de soutien à jouer auprès de ceux qui gravitent autour du mobilier, de sa restauration et de sa création.

Près d’un demi-million d’euros vont être consacrés à l’acquisition d’œuvres d’artistes designers de la scène française, à la mise en œuvre d’un plan de restauration de pièces de sa collection de mobiliers des années 1930 à 1950, ou à la relocalisation d’achat de matière première (laine, lin, soie).


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