AVANT-PROPOS : les articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » ne représentent pas les positions de notre tendance, mais sont publiés à titre d’information ou pour nourrir les débats d’actualités.
SOURCE : Huffington post
Les images de l’interpellation d’une infirmière réclamant en vain sa Ventoline ont fait le tour des réseaux sociaux. Un syndicat de police l’accuse d’avoir lancé des projectiles.
Des dizaines de milliers de soignants ont manifesté ce mardi 16 juin à Paris pour se rappeler aux bons souvenirs du gouvernement, après trois mois de crise du coronavirus. Bien que perturbée par des “groupes violents”, la manifestation était essentiellement pacifique. Mais une scène montrant l’interpellation musclée d’une infirmière par des policiers a provoqué une vague d’indignation sur les réseaux sociaux.
Des journalistes reporters présents sur place ont filmé la scène sous plusieurs angles. Sur des images capturées dans un direct de Brut, on voit la femme vêtue d’une blouse, à terre contre un arbre et entourée d’une dizaine de membres des forces de l’ordre. “Je fais de l’asthme, je suis infirmière, je fais de l’asthme”, dit-elle dans un premier temps, pendant que les policiers immobilisent ses bras dans son dos.
“Je veux ma Ventoline”, réclame-t-elle ensuite à plusieurs reprises, en essayant de se débattre. Elle est ensuite plaquée au sol par plusieurs policiers, tandis que d’autres écartent les journalistes alentour. Les dernières images la montrent encadrée par les agents pour être emmenée au commissariat.
Une femme en blouse blanche, tirée par les cheveux, durant une interpellation, finira évacuée le visage en sang durant la manifestation aux Invalides. Elle réclamera à plusieurs reprises sa Ventoline.
Images issue de mon direct sur @brutofficiel (1H45). #soignants pic.twitter.com/zdxIbTS4Mu
— Remy Buisine (@RemyBuisine) June 16, 2020
Après avoir applaudi les #soignants quand ils se sacrifiaient en silence, la police les bâillonne quand leur cri de désespoir devient trop bruyant.
L’ex pays des droits de l’Homme ne peut plus respirer…
🎥@CerveauxNon#hopital #HopitalPublic #16juin pic.twitter.com/NNZhLxWOYY— Marcel Aiphan (@AiphanMarcel) June 16, 2020
La vidéo, abondamment relayée, notamment par des personnes se présentant comme des membres du personnel soignant, a suscité un véritable émoi. “Regardez comment les héros de #Covid19 sont remerciés par les FO”, s’est indigné un “infirmier et membre des Street Medics”, les soignants-bénévoles qui interviennent lors des manifestations.
Rapidement après la diffusion de la vidéo, une internaute du nom de Imen Mellaz s’est présentée comme sa fille sur Twitter. “Cette femme, c’est ma mère. 50 ans, infirmière, elle a bossé pendant 3 mois entre 12 et 14 heures par jour. A eu le covid. Aujourd’hui, elle manifestait pour qu’on revalorise son salaire, qu’on reconnaisse son travail. Elle est asthmatique. Elle avait sa blouse. Elle fait 1m55. Toutes les vidéos où on la voit interpellée sont scandaleuses. Besoin d’autant de violence? On la voit avec quatre gros bonshommes sur elle sur cette vidéo. J’ai la gerbe”, a-t-elle écrit.
Contactée par Le HuffPost, la jeune femme a confirmé son identité et son lien de parenté mais n’a pas souhaité s’exprimer davantage avant de connaître les raisons de cette interpellation.
La police l’accuse d’avoir “lancé des projectiles” avant l’interpellation
Un hashtag “Libérez Farida”, du nom de l’infirmière interpellée, a été lancé et repris y compris par des personnalités politiques, tandis qu’un appel au rassemblement pour réclamer sa libération était organisé devant le commissariat du VII arrondissement. “Je n’avais pas compris que le 14 juillet, c’était à genoux que Macron voulait faire défiler les soignants!”, s’est indigné Antoine Léaument, conseiller numérique de Jean-Luc Mélenchon à la France Insoumise.
Selon l’avocat de Farida, citée par la députée LFI du 94 Mathilde Panot qui a rejoint le rassemblement devant le commissariat, l’infirmière aurait vu “succinctement” un médecin. “L’avocat raconte qu’elle est extrêmement choquée, à la fois physiquement et moralement. Elle a des plaies au cuir chevelu, elle a des bleus à divers endroits”, précise la députée.
Les députés @MathildePanot, @Deputee_Obono et @ericcoquerel sont entrés dans le commissariat. Liberté pour Farida l'infirmière ! #LiberezFarida #16juin pic.twitter.com/XFYKzO4z0C
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) June 16, 2020
Face à l’indignation et aux nombreuses accusations à l’encontre de la police, dans un climat déjà très tendu, le Syndicat indépendant des Commissaires de Police a diffusé une autre vidéo pour “rétablir la vérité”. Sur les images prises par BFMTV, on voit l’infirmière lancer plusieurs projectiles. “La gentille infirmière, qui avait besoin de sa Ventoline, et qui est présentée comme une victime de la Police! Elle jetait des projectiles, juste avant son interpellation!”, ironise le syndicat policier.
Selon un journaliste du Monde, l’infirmière a été placée en garde à vue “pour outrage, rébellion et violences sur personne dépositaire de l’autorité publique”. Une source policière a confirmé à l’AFP l’interpellation pour “outrage et jet de projectiles sur les forces de l’ordre”. “Un policier atteint par un de ces projectiles déposera plainte” mercredi, a indiqué à l’AFP la source policière.
Depuis le commissariat du 7e arrondissement où elle se trouve avec un comité de soutien improvisé pour sa mère, Imen Mellaz a déclaré sur Twitter que “quoiqu’il lui soit reproché – si on lui reproche quoique ce soit – rien ne justifie ces images. Jamais. Pas en France, pas en 2020.”
À la fin de la manifestation, la préfecture de police a fait état de 32 interpellations liées aux échauffourées.