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SOURCE : Marianne
C’est l’écho d’une voix étouffée outre-Atlantique : ce lundi 22 juin, Le Monde et Mediapart rapportent les enregistrements du téléphone de Cédric Chouviat, mort à la suite d’un contrôle routier lors de son interpellation par la police quai Branly, à Paris, le 3 janvier dernier, et pour laquelle quatre policiers ont été auditionnés en garde à vue mercredi dernier, avant une possible mise en examen. “J’étouffe“, répète à sept reprises le livreur et père de famille de 42 ans, comme l’a fait George Floyd – “I can’t breathe” -, agonisant sous le genou d’un policier le 27 mai à Minneapolis.
ÉCHANGES TENDUS
Selon nos confrères, “les enquêteurs ont eu accès à neuf vidéos tournées par Cédric Chouviat lui-même et aux trois autres prises par l’une des policières impliquées dans l’arrestation“. En tout, douze minutes d’échanges, qui éclairent les circonstances de la mort de Cédric Chouviat. “Sur l’ensemble des vidéos, les enquêteurs de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale, qui procèdent à l’exploitation des fichiers, pensent reconnaître, sans certitude toutefois, un enregistrement sonore via le micro de son casque“, précise Le Monde. L’origine de ces enregistrements – un kit main libre actif – permet de douter de la version des faits initialement présentée par l’avocat des policiers mis en cause, selon laquelle Cédric Chouviat aurait eu son téléphone en main et des plaques d’immatriculations illisibles.
Selon les retranscriptions auxquelles Le Monde et Mediapart ont eu accès, les échanges entre le livreur et les policiers se tendent progressivement : “Je suis très correct, voilà, comme ça vous kiffez mettre des amendes aux gens, c’est votre travail“, nargue d’abord Cédric Chouviat, qui traite ses interlocuteurs de “clowns” et de “guignols“. Les policiers répondent eux aussi par des moqueries, et menacent de l’interpeller pour outrage.
Alors que Cédric Chouviat exige un “s’il vous plaît” du policier qui lui demande de nettoyer sa plaque d’immatriculation, ce dernier répond : “Ouais et alors vous croyez que je vais me mettre à quatre pattes je vais vous sucer la bite aussi.” Pour sa part, Cédric Chouviat traite les policiers de “pauvres types“, tout en leur demandant à plusieurs reprises de ne pas le toucher.
“SANCTIONS NÉCESSAIRES”
A la onzième minute d’enregistrement, le livreur est finalement interpellé, et répète donc “j’étouffe“, avant de perdre connaissance. Ce seront ses dernières paroles : transporté dans un état critique à l’hôpital, il meurt le 5 janvier des suites d’une asphyxie “avec fracture du larynx“, selon les premiers éléments de l’autopsie communiqués par le parquet de Paris, qui a ouvert une information judiciaire pour “homicide involontaire“.
Les fonctionnaires ont été entendus à la demande du juge d’instruction par l’IGPN (Inspection générale de la police nationale). Celle-ci, en charge de l’enquête, a transmis au juge le résultat de ses investigations et interrogatoires. Il revient désormais au magistrat instructeur de décider d’une convocation des policiers en vue d’éventuelles poursuites. Quelques jours après les faits, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, avait estimé que les résultats d’autopsie “[soulevaient] des questions légitimes, auxquelles des réponses [devaient] être apportées en toute transparence“. “S’il y a des fautes qui sont caractérisées, nous prendrons toutes les sanctions nécessaires“, avait promis le ministre.