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SOURCE : Révolution permanente
Ce mercredi 24 juin, Macron reçoit les partenaires sociaux, avec principalement deux points chauds à aborder : le chômage partiel et l’assurance chômage. Alors que les premières attaques du patronat, chez Renault, Nokia ou encore dans l’aéronautique ont déjà commencé, l’heure n’est pas à jouer au conseiller du prince, mais à la préparation de la riposte sur le terrain de la lutte des classes.
Ce mercredi 24 juin à 16h, Emmanuel Macron recevra les organisations patronales et syndicales. Une rencontre qui viendra « clotûrer » les deux semaines de concertations, organisées au Ministère du Travail, et lors de laquelle Macron devrait annoncer ses « arbitrages » sur certains points chauds de la période post-confinement. Ce sont principalement deux dossier qui vont être au cœur des discussions : la question du devenir du dispositif du chômage partiel et l’épineux dossier de l’assurance chômage.
Sur le premier volet, le gouvernement semble enclin à poursuivre sa feuille de route, en réduisant la prise en charge de l’Etat mais surtout en mettant en place un chômage-partiel de longue durée. Dans un contexte ou 500 000 emplois, avec un effondrement de 40% de l’intérim, ont été supprimés ce premier trimestre en France le gouvernement entend malgré tout permettre aux entreprises qui auront recours aux chômage partiel longue durée de licencier.
Concernant le second volet, là encore le gouvernement entend garder une ligne dure. La réforme de l’assurance-chômage, dans les tuyaux avant le Covid, doit passer, et dans les délais préalablement établis, c’est à dire au 1er septembre ! Une véritable chasse aux pauvres qui conduira à une baisse des indemnisations, et ce alors que les pertes d’emplois s’accumulent, et qui permettra avant tout de réduire drastiquement les allocations des plus précaires, comme les contrats CDD et autres Intérim.
Comme l’explique Alain Ruello dans Les Echos, « chacun s’attend à ce que soient dévoilés les contours du nouveau dispositif de chômage partiel de longue durée, taillé pour les secteurs dont le plan de charge va connaître un sérieux trou d’air, comme l’aéronautique ou l’automobile. Le gouvernement voulant aller vite, une mise en place début juillet est envisageable et passera par un accord d’entreprise ou de branche en échange de contreparties sur l’emploi notamment, sans pour autant que les licenciements soient exclus. […] le sommet social sera aussi l’occasion d’aborder le plan jeune en gestation, le sujet des travailleurs détachés mais aussi l’assurance-chômage, sujet le plus conflictuel avec les syndicats qui réclament, compte tenu de la détérioration du marché de l’emploi, la mise au placard de la réforme de 2019. Les derniers échos allaient plutôt dans le sens d’un maintien de tous ses chapitres quitte à faire évoluer les paramètres pour en adoucir les effets ». Autrement dit, le gouvernement entend poursuivre sur sa ligne : des cadeaux aux entreprises et le coût de la crise pour les travailleurs !
Invité sur France Inter ce 23 juin, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT et qui participera à cette rencontre, a mis en avant le cas de Nokia, dernière attaque en date, en expliquant qu’ « il faut garder ses emplois en France. (…) Ce sont des engagements du gouvernement, du ministre de l’Économie de l’époque qui s’appelait Emmanuel Macron, au moment du rachat d’Alcatel-Lucent par Nokia ». Mais c’est surtout en conseiller du prince que Martinez s’est positionné. Expliquant qu’ « il faut des signaux forts »et un « État stratège », le secrétaire général de la CGT s’est évertué a expliqué qu’« il faut un vaste plan d’investissements pour développer l’emploi et non pas le supprimer” et martelé qu’il faut arrêter de « vendre nos bijoux de famille à des entreprises qui cherchent d’abord à récupérer un marché plutôt que d’avoir un plan stratégique. C’est valable pour Nokia, mais c’est valable pour des tas d’entreprises en France ».
Pourtant, il semble évident, au vue de la politique du gouvernement et des premières mesures version « cadeau au patronat » que ce ne sont pas dans des concertations et autres négociations avec le gouvernement qu’il sera possible ne serait-ce que de limiter les licenciements, sans parler de maintien des salaires. De même, on est a priori très loin du partage du temps de travail qu’a évoqué Martinez sur France Inter, et que la CGT appelle de ses voeux.
Dans le contexte économique actuel, toute forme de dialogue social ne peut être qu’un piège, et l’empêtrement dans les négociations pour « limiter la casse » un coup de poignard dans le dos des travailleurs. D’autant plus que les réactions ouvrières aux premières attaques ont elles aussi déjà commencé. C’est la cas évidemment chez Renault, où plusieurs grèves ont éclaté contre les annonces de licenciements et de fermeture de site, mais également dans l’aéronautique, avec la bataille exemplaire des travailleurs de Derichebourg et dans la santé, ou plusieurs dizaines de milliers de soignants et de soutiens ont manifesté, malgré la répression, le 16 juin dernier . Ce samedi, c’est au tour des salariés de La Halle d’entamer une grève nationale contre les fermetures massives.
Le patronat est en ordre de bataille et a déjà envoyé ses premières rafales, synonymes d’encore plus de précarité et de chômage. Le seul « signal fort », pour reprendre les mots de Martinez, à envoyer est celui d’une riposte sociale à la hauteur des attaques en cours et à venir. L’éparpillement des luttes ne permettra pas d’imposer à Macron un rapport de force assez conséquent pour repousser ces offensives, et il est urgent de rompre immédiatement toute forme de dialogue social et élaborer un plan de bataille sur le terrain de la lutte des classes. A ce titre, la participation, même critique, des syndicats à cette rencontre avec Macron est aux antipodes des besoins réels des travailleurs, pour que ce ne soit pas à eux de payer l’intégralité de la crise économique. Au contraire, la question est aujourd’hui celle du développement des luttes et de leur coordinations pour faire face ensemble aux attaques du patronat.