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SOURCE : Marianne
Rude soirée pour le parti à la faucille et au marteau. Après un premier tour encourageant malgré quelques signes de faiblesse, le Parti communiste français a perdu de nombreuses places fortes ce dimanche 28 juin à l’issue du second tour des élections municipales. Plusieurs villes dirigées depuis des décennies par des maires “rouges” vont échapper au contrôle des communistes.
Saint-Denis est peut-être le cas le plus emblématique : dans la ville de la basilique des rois de France, le PCF conservait la mairie depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Mais en raison de la division entre communistes et insoumis, sur fond de désaccord lié à l’élu municipal indigéniste Madjid Messaoudene, le maire sortant Laurent Russier a échoué à fusionner sa liste avec le candidat LFI Bally Bagayoko. C’est le Parti socialiste de Mathieu Hanotin qui emporte la mise avec 59,04% des voix contre 40,95% pour l’édile communiste, lors d’un scrutin marqué par une très forte abstention (seulement 34% de participation).
Toujours en Seine-Saint-Denis, le PCF est également en déroute à Aubervilliers, une commune qu’il a dirigée depuis la Libération excepté entre 2008 et 2014. La maire sortante Meriem Derkaoui a été largement battue au second tour. Elle est devancée par le candidat divers gauche Sofienne Karroumi, mais plus encore par Karine Franclet de l’UDI : l’une des plus grandes villes du “9-3” passe donc sous domination de la droite.
Plus au sud, dans le Val-de-Marne, les pertes sont également lourdes pour les communistes. Ce département emblématique de la “ceinture rouge” est marqué par la passage à droite de Champigny-sur-Marne, la ville de Georges Marchais, pourtant conservée par le PCF depuis 1950. Laurent Jeanne, soutenu par LR, le MoDem et l’UDI, est venu à bout du maire sortant Christian Fautré. A Villeneuve-Saint-Georges, c’est une autre défaite pour les “cocos” : la maire Sylvie Altman (27,60%) est largement battue par le divers droite Philippe Gaudin (61,67%). Défaite également à Choisy-le-Roi et à Valenton, bastions PC depuis l’après-guerre : le candidat LR Tonino Panetta détrône le maire communiste Didier Guillaume dans la première commune tandis que le centriste Métin Yavuz écarte, lui, le candidat du PCF Laurent Perichon dans la deuxième.
LOURDES PERTES HORS DE LA BANLIEUE PARISIENNE
Le tableau n’est pas plus reluisant hors de la région parisienne pour les communistes : dans le Nord, Seclin, dans la banlieue de Lille, était sous gouvernance PCF depuis 1929. Mais le maire Bernard Debreu (47,13%) y est battu de 245 voix par le centriste François-Xavier Cadart. A Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire), à l’est de Tours, PCF depuis 1944, c’est un candidat divers droite, Emmanuel François, qui l’emporte. Dans le Rhône, à Givors, les communistes déplorent la perte d’un autre bastion détenu depuis 1953. Christiane Charnay, la maire sortante, accuse un retard de… 29 voix sur Mohamed Boudjellaba, candidat divers gauche soutenu par les Verts. A Fontaine, dans l’Isère, le PCF cède les clés d’une commune là encore dirigée depuis 1945. Le maire Jean-Paul Trovero y est nettement battu par le candidat du MoDem Franck Longo (38,66% contre 61,33% des suffrages). Autre lieu d’implantation majeur, Arles (Bouches-du-Rhône) est à compter au rang des défaites : l’adjoint communiste Nicolas Koukas n’a réuni que 42,77% des voix, et c’est l’ancien patron de France Télévisions Patrick De Carolis (57,22%) qui devient le nouveau maire.
En guise de maigre consolation, le PCF peut se satisfaire d’avoir reconquis une ville importante perdue en 2014 : Bobigny. Cédée à l’UDI au prix d’un clientélisme échevelé il y a six ans, elle retourne sous giron communiste. Le candidat du parti centriste et premier adjoint au maire, Christian Bartholmé, y a été battu par celui du PCF, Abdel Sadi. Les communistes conservent également sans surprise une autre ville aux portes de la capitale, Ivry-sur-Seine, où le maire Philippe Bouyssou a été confortablement réélu (65,55%) malgré les critiques nées de son association à un petit parti local controversé, Convergence citoyenne ivryenne. Reste que ce 28 juin 2020 marque une défaite particulièrement salée pour le communisme municipal.