Pourquoi le Medef ne veut pas de la réforme des retraites

AVANT-PROPOS : les articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » ne représentent pas les positions de notre tendance, mais sont publiés à titre d’information ou pour nourrir les débats d’actualités.

SOURCE : Challenges

Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, ne veut pas précipiter une reprise des discussions sur la réforme des retraites qui a agité le pays l’hiver dernier. Stoppé pendant le confinement, le dossier revient sur le devant de la scène : le nouveau Premier ministre, Jean Catex, veut reprendre les discussions dès que possible.

Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef

“La priorité c’est le plan de relance. Se précipiter cet été pour renégocier sur ce sujet anxiogène (des retraites, ndlr) n’est pas une bonne idée.” Au micro de Jean-Jacques Bourdin sur RMC jeudi 9 juillet, Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, n’y est pas allé par quatre chemins pour marquer son opposition à une reprise précipitée des pourparlers sur la réforme des retraites. Quelques heures plus tard, il a eu l’occasion de redire la même chose au nouveau Premier ministre, Jean Catex, lors d’une réunion à Matignon. Une soudaine prudence du patron du Medef peut surprendre.

En suspens depuis le mois de mars à cause de la crise sanitaire, le dossier qui avait provoqué la fronde des syndicats et d’une grande partie de l’opinion publique, revient, à la surprise générale, sur les feux des projecteurs : “Refuser de parler des retraites lorsque l’équilibre des comptes, et donc la sauvegarde du système actuel se trouve compromise, serait irresponsable, a déclaré le nouveau Premier ministre, Jean Catex, devant le Sénat ce mercredi. Je vais rouvrir le dialogue, toutes les organisations syndicales viendront discuter avec moi et nous nous mettrons d’accord sur une méthode et un calendrier.” A l’appui de sa soudaine précipitation, le Premier ministre n’a pas manqué de rappeler les chiffres donnés en juin dernier par le Conseil d’orientation des retraites. Tous régimes confondus, le système des retraites sera déficitaire de 29,4 milliards d’euros en novembre 2020, c’est 25,2 milliards de plus que les prévisions. A peine nommé, le nouvel hôte de Matignon doit donc exécuter les desiderata du président qui ne veut pas lâcher en rase campagne la réforme symbole de son “désir de transformer en profondeur le pays”.

Une alliance Medef-CFDT de circonstance

Mais pour le patron des patrons, l’heure n’est pas à perdre du temps sur une réforme complexe qui a fait bouillir le pays l’hiver dernier. D’autant que de son propre aveu, Geoffroy Roux de Bézieux n’a jamais été convaincu par la mise en place d’un système de retraite universel par points qu’il juge ” trop complexe “. Surtout, il souhaite que tous les efforts soient concentrés sur la reprise de l’économie sévèrement mise à mal par le confinement : “Il faut qu’on mette toute notre énergie pour ce qui compte, c’est-à-dire l’outil de production”, a-t-il déclaré lors des Rencontres économiques d’Aix-en-Seine, sorte de Davos à la française, le weekend dernier. Le patron des patrons va pouvoir compter sur Laurent Berger, le leader cédétiste, pourtant favorable au principe d’un régime universel : “Ce dossier n’est pas le sujet de l’été et de l’automne. la priorité aujourd’hui, c’est l’emploi”, a-t-il martelé jeudi 9 juillet en sortant d’une réunion bilatéral à Matignon. Cet axe du premier syndicat de France et du Medef devrait faire réfléchir l’exécutif qui s’est beaucoup appuyé pendant la crise sanitaire sur les partenaires sociaux pour “déconfiner” l’économie.

Mais cette alliance de circonstance sur la réforme des retraites ne devrait pas durer dans le temps. Car les deux organisations ont des visions diamétralement opposées : le Medef est pour une réforme paramétrique avec une mesure d’âge pour équilibrer les caisses de retraites en déficitUn casus belli pour la centrale de Belleville qui elle est très attachée, et ce depuis des lustres, à l’instauration d’un régime par points à la suédoise. Quant à Emmanuel Macron, il veut ne pas lâcher en rase campagne la mesure symbole de sa volonté de “réformer en profondeur du pays”. En ligne de mire : brosser dans le sens du poil l’électorat de centre droit en vue de la présidentielle de 2022.


Articles similaires

Commencez à saisir votre recherche ci-dessus et pressez Entrée pour rechercher. ESC pour annuler.

Retour en haut