Contre Trump et Xi Jinping, non à la prise d’otage des peuples.

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SOURCE : Arguments pour la lutte sociale

« La tension monte entre Washington et Pékin », nous disent les journaux. Le consulat chinois à Houston a été fermé pour « espionnage » et en représailles le consulat américain de Chengdu a subi la pareille. Mike Pompeo, affairiste climatosceptique mis par Trump à la tête de la diplomatie US, s’est mis à parler « défense du monde libre ». Le discours du pouvoir chinois se pose comme raisonnable, annonçant une « riposte graduée » (un terme pourtant repris de la rhétorique US des années cinquante du XX° siècle !) aux « mesures déraisonnables des États-Unis ». On notera que le consulat de Chengdu avait été le lieu de l’affrontement entre Xi Jinping et Bo Xilai en 2012, moment clef de la victoire de Xi dans l’appareil du PCC. On notera, surtout, que l’affrontement diplomatique actuel est censé avoir pour enjeu le vaccin contre le Covid 19 : au lieu de permettre à leurs chercheurs de coopérer, les deux plus grandes puissances, celle d’où est partie la pandémie et celle qui la relance, prennent le monde en otage de leur rivalité.

Le même Mike Pompeo et une partie de l’administration US se sont également mis, depuis le 9 juillet, à se présenter en défenseurs des pauvres Ouïghours dont ils affirment qu’ils sont en train d’être victimes d’un génocide, sanctionnant 11 capitalistes chinois en même temps (comme il se doit), responsables du Parti « Communiste » Chinois, soupçonnés de tirer profit du travail forcé des Ouïghours. Auparavant, Donald Trump s’y opposait et l’a confirmé dans une interview au journal en ligne Axios le 9 juillet dernier en affirmant que rien ne vaut les « barrières douanières ». Selon le livre récemment publié contre lui de John Bolton, non démenti, Trump avait dit à Xi, en juin 2019, que construire des « camps de concentration dans le Xinjiang » était « la bonne chose à faire ».

Nous assistons depuis quelques jours, notamment sur les réseaux sociaux, à une offensive tentant de présenter les informations terribles en provenance du Xinjiang comme de la pure propagande impérialiste américaine. On ne peut qu’être consterné de voir des militants du mouvement ouvrier reprendre, comme devant nous rassurer, un communiqué de l’ambassade de Chine qui, en fait, confirme l’existence des camps de concentration dans les termes suivants : « La réalité, c’est que les centres d’enseignement et de formation professionnels mis en place au Xinjiang en vertu du droit, similaires aux centres de déradicalisation en France et dans d’autres pays, sont une mesure utile de lutte antiterroriste et de déradicalisation. » Les mêmes reprennent la fable selon laquelle les informations sur le travail forcé, les stérilisations et les prélèvements d’organes ne s’appuient que sur l’interview de « seulement huit Ouïghours » par « Chinese Human Rights Defenders, une ONG financée par l’administration américaine. » (communiqué de l’ambassade du 24 juillet).

En fait, l’ « argumentation » du régime chinois se ramène à deux points : 1) nous faisons comme vous, M.M. Trump ou Macron (et comme Poutine avait fait en Tchétchénie) avec « nos » islamistes, et 2) les pures « rumeurs » viennent d’ONG cosmopolites liées à Washington, façon Soros (suivez notre regard). Il est affligeant, répétons-le, de trouver encore une minorité de militants du mouvement ouvrier pour croire cette propagande là et s’imaginer des esprits forts parce que la seule propagande impérialiste à laquelle ils ne croient pas est celle de Washington. Et encore, en taisant les contradictions de Trump …

Le caractère tardif et déclaratif de la soudaine sollicitude de l’administration US pour les Ouïghours ne change rien au fait que la persécution coloniale de ce peuple par l’État chinois est avérée et barbare, et constitue aujourd’hui une entreprise de reformatage mental de grande ampleur qui mérite parfaitement le qualificatif de totalitaire, et pose la question de sa caractérisation comme tentative génocidaire d’un genre spécifique. Pas plus que le vaccin contre le Covid 19, les Ouïghours n’ont à être les otages de deux brigands.

La lutte contre la guerre implique, entre camps impérialistes, de n’en soutenir aucun. Ce qui ne veut pas dire pur pacifisme. Le combat efficace est celui que mène la population de Portland, affrontant la prétendue « garde nationale » de Trump (en fait une milice fédérale créée par Bush junior dans le cadre du Patriot act en 2002, complétée de troupes frontalières entraînées par la chasse aux migrants). Trump menace d’envoyer ces miliciens surarmés de l’appareil d’État dans toutes les grandes villes. La maire démocrate de Chicago a déclaré qu’elle ne tolérerait pas cela chez elle. Si les actes suivent les mots, cela veut dire autodéfense contre les troupes de Trump : le second amendement est-il réservé aux cow-boys et aux suprémacistes ?

L’affrontement social et politique que connaissent les États-Unis suscite la crainte de Xi Jinping, n’en doutons pas. L’alternative à la prise d’otage des peuples et de leur santé par les grands de ce monde est mise en perspective par ce combat : l’exigence démocratique est la même partout, et il est significatif que l’affaiblissement de Trump commence également à être suivi d’un affaiblissement de Poutine, qui, au lendemain de son référendum truqué, est défié par la population de Khabarovsk et de la Sibérie orientale, aimantant la sympathie de tout le peuple russe.

En France, nous devrions prêter la plus grande attention aux gesticulations dangereuses de Macron, de Bamako à la Méditerranée. Ce sera le sujet d’un prochain article.

26-07-2020.


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