Le point sur la situation en Bélarus

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SOURCE : Arguments pour la lutte sociale

Le point sur la situation en Bélarus à partir d’un reportage sur le comité de grève de Belaruskali.

Belaruskali est un grand complexe de mines de potasse, d’usines, de laboratoires et de centres techniques. Il se situe à Salihorsk, dont il est la principale activité avec un hôpital spécialisé pour asthmatiques, au centre-sud de la Bélarus.

Nous donnons ici la traduction du russe d’un reportage consistant en un entretien avec le comité de grève de Belaruskali, le jeudi 3 septembre, dont voici la source :

https://realt.onliner.by/2020/09/03/pervaya-press-konferenciya-stachkoma-belaruskaliya-chto-govoryat-shaxtery

A partir de ce reportage, nous proposons une analyse de certains aspects de la situation au moment présent.

Le reportage

La première conférence de presse du comité de grève du Belaruskali se tient aujourd’hui au bureau du syndicat indépendant biélorusse.

Rappelons que les choses à Belaruskali avaient démarré promptement et joyeusement : les mineurs ont appelé à la grève et ont bloqué les mines, ils ont régulièrement tenu des réunions sur la place de la ville (Maria Kolesnikova leur a rendu visite). Mais la direction de l’entreprise a exercé une très forte pression pour rétablir l’ordre. Cela a partiellement fonctionné : la production fonctionne. Mais l’esprit rebelle des gens ne s’est pas éteint.

La grève est toujours là et reprend régulièrement : nous n’abandonnons pas mais beaucoup sont intimidés et cela se comprend. Le coprésident du comité de grève, Anatoly Bokun, a déjà été arrêté à deux reprises, et un autre militant, Dmitri Kudelevich, a même quitté le pays après avoir été cuisiné par les « autorités compétentes » (vraisemblablement le KGB bélarusse).

Aujourd’hui, il y a environ 50 personnes dans le comité de grève, dont 23 sont en grève continue depuis le 17 août. La masse des gens dans l’entreprise les soutient, mais a peur d’être plus active, optant pour la dite « grève italienne ».

En fait, ils assurent le minimum de sécurité des installations, mais comme les normes de sécurité au travail souvent n’existent pas – manque de ventilation adéquate et outils défectueux – il n’y a, en réalité, pas ou très peu de production. Aucune des 6 mines ne tourne à pleine capacité, loin s’en faut. Les objectifs de production ne sont donc absolument pas réalisés, ce que confirme Vitaly Dyadyuk du comité de grève.

Ce jour [jeudi 3 septembre, NDR] ils sont une trentaine rassemblés devant le local du syndicat indépendant. Tout le monde est dans l’attente. On espère une deuxième vague plus puissante que la première.

– «Les Bélarusses sont mûrs pour que des changements aient lieu dans le pays. La majorité des citoyens proteste contre le trucage des élections et la violence avec laquelle les autorités ont réagi aux actions pacifiques. Le chef de l’État doit assumer la responsabilité de tout ce qui se passe et démissionner. Malheureusement, nous ne voyons aucune volonté d’entamer un dialogue avec les gens. Nous voyons le sabre claquer et monter des menaces militaires, avec mouvement de troupes, contre les mineurs» a déclaré le coprésident du comité de grève du Belaruskali, Sergueï Tcherkasov.

– Les employés de Belaruskali ont présenté leurs revendications (d’abord tenue de nouvelles élections et démission de Loukachenka, etc.), avec 5000 signatures. Elles ont été portées aux responsables de l’entreprise et aux autorités locales. Chaque subdivision de l’entreprise a désigné ses représentants au comité de grève, qui représente leurs intérêts. Plusieurs dizaines de personnes sont en grève effective. Malheureusement, tout le monde ne peut pas exprimer ouvertement sa protestation et refuser de travailler sous la pression de l’administration. Par conséquent, beaucoup ont dû retourner à leur travail, – a poursuivi Sergey Cherkasov.

La pression, selon le coprésident, est essentiellement psychologique. L’une d’elles est une enquête (non anonyme !) sur les préférences politiques des employés. Selon la loi, un employeur ne peut pourtant pas mener des sondages sans rapport avec le travail.

Bien sûr, il y a plus de vrais leviers d’influence.

À l’heure actuelle, les syndicats de Belaruskali ont reçu un préavis de licenciement d’environ 20 personnes. Les licenciements ne sont pas effectifs à ce jour mais la décision de l’employeur est claire.

« Nous exigeons que le directeur général Ivan Golovaty retire tous les ordres de punition des employés, tant disciplinaires et matériels »,a déclaré S. Cherkasov. – Nous demandons également au président du comité exécutif régional de Soligorsk, Zhaylovich Andrei, et au président du conseil régional des députés de Soligorsk, Anna Kaleeva, de prendre toutes les mesures nécessaires pour que les membres détenus du comité de grève soient libérés de prison, ainsi que pour donner aux citoyens la possibilité de se rassembler pacifiquement sur la place de la ville et d’exprimer leurs opinions.

La conférence de presse a également été suivie par des représentants du Syndicat indépendant du Bélarus, de l’association des syndicats formant le « Congrès bélarussien des syndicats démocratiques » [le BKDP] et du Syndicat indépendant des mineurs «Belaruskali».

« Nous serons toujours du côté des travailleurs et défendrons leurs droits, y compris le droit de grève. Après tout, ce n’est que par des actions collectives que nous avons atteint nos objectifs – une journée de travail de 8 heures, un congé de travail, etc. de « Naftan ». Chaque jour, de plus en plus de personnes nous rejoignent »,– a déclaré le président du BNP Maxim Poznyakov.

« Nous sommes confrontés au fait que des centaines de personnes souhaitent adhérer à des syndicats indépendants, mais ce ne sont pas toutes les entreprises qui en ont. Par conséquent, nous prévoyons de créer un chatbot qui collectera les candidatures, et nous analyserons à quel syndicat elles peuvent être envoyées »,– a déclaré Sergey Antusevich, vice-président du BKDP.

Lors de la conférence de presse, ils ont également parlé de la grève à l’échelle de tout le pays. Quelles actions spécifiques seront prises par la grève « Belaruskali » ou les syndicats indépendants, cela reste flou. L’humeur des militants est peut-être mieux décrite par les paroles de l’une des grévistes, nommé Nina :

« On fait circuler des rumeurs selon lesquelles les grévistes prépareraient leur départ du pays et j’aurai soi-disant acheté un billet pour le Canada et fait mes valises. Mais nous resterons ici jusqu’à la victoire ! Les travailleurs qui se sont inscrits à la grève et ceux qui ont désigné leurs représentants au comité de grève ne les ont pas abandonnés et font tout leur possible pour les soutenir. Ils sont avec nous, ce sont des Bélarusses et les Bélarusses n’abandonnent pas les leurs. »

Commentaire et analyse.

Avec l’usine Azot de Hrodna, et les grandes usines de Minsk, Belaruskali à Salihorsk est l’un des « épicentres » de la grève générale industrielle en Bélarus.

Certaines particularités de cette grève générale sont utilisées pour semer la confusion: ainsi, en France, les réseaux FSM dans la CGT diffusent l’« info » selon laquelle « le travail a repris » (on admirera au passage ce travail anti-grève de prétendus « lutteurs de classe »!)(1), et le sociologue ukrainien, basé à Dresde, Volodomyr Ishchenko, repris par le GuardianJacobinet en langue françaiseMediapart et les sites Contretemps et A l’Encontre, affirme qu’il n’y a pas vraiment de « grève générale »(2). Ces rumeurs anti-grèves, d’une part, et ces savantes confusions, d’autre part, se gardent bien d’analyser le mouvement réel. Celui-ci présente des caractéristiques que ce reportage éclaire bien.

En premier lieu, comme à Hrodna, la grève a démarré massivement et très fort le 11 août. Le 9 août c’était le scrutin présidentiel. L’annonce-bidon des 80% de Loukashenka et la répression violente ont commencé le soir même. Tous les gouvernements espéraient alors le « retour au calme » par la répression – aucun communiqué « européen » à cette date. C’est la circulation du mot d’ordre de « grève générale » dans la journée du lundi 10 août, puis son démarrage au petit matin du 11 à Hrodna, Belaruskali, dans les deux usines géantes de Minsk et sans doute bien d’autres endroits, qui a interdit tout retour en arrière, et mis la révolution démocratique à l’ordre du jour en Bélarus. La grève a démarré, massivement.

Dans un second temps, comme il était évident que Loukashenka, désormais étayé par Poutine, n’allait pas partir tout de suite mais devra être chassé par une longue lutte qui ébranlera aussi Poutine, le rythme de la grève a rapidement évolué. C’est là une première raison politique de fond, mais deux autres facteurs très importants interviennent.

La répression : elle est réelle et quiconque fait des commentaires légers doutant de la nature révolutionnaire des évènements ferait bien de réfléchir à ce que cela signifie pour les individus, pour les familles, pour les collectifs de travail, pour la nation bélarusse, que de savoir qu’à tout moment vous pouvez être kidnappé et séquestré pendant 5 à 20 jours d’où vous sortirez le corps couvert d’ecchymoses et de brûlures, et vraisemblablement violée ou violé. 7000 y sont passés, vous vous rendez compte ? Et 80 ont disparu, sans doute tués.

C’est une donnée politique fondamentale que cette résistance et cette montée, permise par les mots « grève générale » sur lesquels les manifestations ont repris, répression affirmée face à laquelle la grève, les manifestations, et les expressions de joie collective, se poursuivent !

Autre facteur, les relations de travail très défavorables aux salariés dans ce paradis capitalistes que chantent la FSM et bien des jaunes peints en rouge. Les contrats sont individuels et ce sont des CDD, en général d’un an. Se mettre en grève dans ces conditions n’est possible qu’avec un sentiment très fort de solidarité collective, qui va totalement à l’inverse de l’individualisation des relations de travail voulue par le régime.

Ceci peut prendre deux formes : celle de la grève de masse insurrectionnelle avait éclaté le mardi 11 août et a été à l’origine de la crise révolutionnaire à l’échelle du pays depuis.

Mais l’autre forme possible est celle de ce qui se passe dans les entreprises où, de l’avis des travailleurs eux-mêmes, la grève générale s’est installée dans la durée alors même qu’il y a cette répression et ces contrats de travail individuels. C’est la situation qui transparaît dans ce reportage : un état de grève générale sans qu’il y ait toujours grève effective.

Les travailleurs par unités de production ont élu des membres du « comité de grève », lesquels sont les grévistes effectifs en somme délégués par les autres – une cinquantaine qui en représente des milliers : leurs journées sont occupées à parcourir les sites, à s’exprimer, à organiser, à se cacher aussi. Ils sont les représentants de tous les autres.

Que fait la masse ? Elle fait la « grève à l’italienne », terme qui a été soufflé le second jour par les cadres et bureaucrates de l’entreprise – comme nous l’a expliqué un ouvrier de Belaruskali lors de la visio-conféfence organisé par leWorkers International Network le 23 août. Les gens se rendent à leur travail. Mais celui-ci consiste surtout à entretenir la – toute relative – sécurité des installations, ce qui aurait également été fait en cas de grève de masse avec occupation. La production s’est effondrée.

Nous avons là une forme spécifique de grève générale politique. Lui refuser cette qualification, comme cherchent à le faire certains articles diffusés dans la presse et les sites de « gauche radicale » en Occident à partir de la source « sociologique » de V. Ishchenko, est tout aussi politique !

La vraie-fausse grève perlée de la masse n’exclut pas des interventions massives efficaces mais ponctuelles : par deux fois, le premier président du comité de grève de la Belaruskali, Anatoli Bokan, a été libéré suite à des manifestations ou des menaces de manifestations se dirigeant vers les locaux de la police. Mais en même temps, on voit qu’un membre du comité de grève est toujours emprisonné et qu’un autre s’est expatrié après avoir subi des « pressions ».

Bien entendu, cette situation ne peut pas durer éternellement. Les contrats de travail sont renouvelés à l’année et les menaces de licenciements arrivent, comme l’indique ce reportage. La recherche d’une issue et la volonté de se protéger se traduisent notamment par la vague d’adhésions aux syndicats indépendants.

A ce propos, plusieurs syndicats indépendants sont nommés, mais il faut savoir que tous sont fédérés dans le Congrès bélarusse des syndicats démocratiques (BKDP) qui est une structure lâche, dont l’importance stratégique vient de l’histoire : elle est l’acquis, elle est ce qui reste (comme, en plus puissant, la KTR en Russie) des grèves des années 1989-1995.

Dans le cas de Belaruskali comme sans doute à Hrodna, il semble y avoir un lien organique entre les syndicats indépendants et le comité de grève, qui n’aurait sans doute pas tenu sans leur aide et leur soutien. Par centaines et par centaines, les travailleurs demandent à adhérer aux syndicats indépendants.

Très significative est l’ambiance décrite dans ce reportage lors de la conférence de presse. Une ambiance d’attente, d’espoir en une seconde vague, ou plus exactement d’espoir dans la sortie d’une guerre d’usure qu’à terme les travailleurs ne peuvent pas gagner, et dont une échéance est constituée par le renouvellement prochain des CDD annuels ou pluriannuels.

Comment passer de la guerre d’usure temporaire à la guerre de mouvement?

On voit que sur ce plan, le comité de grève de Belaruskali ne semble pas avoir de perspective précise ou du moins il ne les formule pas ici. Car il ne s’agit de rien de moins que de régler la question du pouvoir : chasser l’exécutif et mettre en œuvre les élections libres.

C’est dans ce sens que le Congrès bélarusse des syndicats démocratiques a eu l’immense mérite de mettre en avant le mot d’ordre d’un Comité national de grève, seul à même de diriger de facto le pays pendant une phase de transition (voir sur notre site l’interview d’Alexandre Iaroshukdu 17 août dernier).

La répression d’une part – signalons l’arrestation de la militante syndicaliste de Hrodna, Lizavieta Merliak, dans la soirée du 30 août, et sa libération à la suite d’un « assaut téléphonique » international du poste de police, mais suivie de son inculpation -, et la formation d’un comité national qui n’est pas un comité de grève, d’autre part (je vais y revenir), peuvent expliquer ce tâtonnement.

Mais plus fondamentalement, un comité national de grève se réunissant publiquement à Minsk suppose le passage à la troisième phase de la grève générale politique, à savoir la reprise de la « guerre de mouvement ».

A propos du Conseil de coordination.

La structure nationale qui cherche à se former actuellement est le Conseil de coordination. Il a été lancé par la candidaté réellement élue le 9 août et réfugiée en Lituanie, Svetlana Tikhanovskaia. Sa figure la plus connue est Svetlana Alexievitch, grande écrivaine – très grande écrivaine : elle porte sur elle la continuation de la grande littérature russe (très) mise à mal par le libéralisme oligarchique depuis les années 1990 …

Le président du comité de grève de l’usine de tracteurs de Minsk, Sergueï Dilevski, en est membre mais a été arrêté le 24 août, en même temps que sa coordinatrice, Olga Kovalkova, qui a fait savoir qu’elle est privée de sommeil et de soins médicaux en détention. Deux partis sont officiellement représentés dans ce conseil : le Parti civil uni de Biélorussie, qui est affilié au Parti Populaire Européen représentant les partis de droite à l’échelle européenne, et le Parti démocrate-chrétien, dont Olga Kovalkova est la représentante. Dans la pratique, ce Conseil de coordination ne s’est jamais réuni à ce jour.

Il compte aussi d’anciens ministres et diplomates et Olga Kolesnikova, qui semble y jouer un rôle croissant, et qui vient de lancer un nouveau parti dénommé « Ensemble ». Notons que dans Informations Ouvrières, journal du POI, Daniel Shapira se félicite du refus de l’aide de l’UE par Olga Kolesnikova au nom du Conseil de coordination, qu’il qualifie de « forme d’organisation » « cherchant les voies d’une véritable représentation des masses en mouvement. »

Il faut être plus précis : ce Conseil cherche surtout à coopter par en haut des représentants divers mis sur le même plan, allant de petits partis bourgeois aux comités de grève des plus grandes usines. Ceci est autre chose que la démarche appelée par le Congrès des syndicats démocratiques, d’un Comité national de grève, lequel peut s’adjoindre, certes, d’autres représentants, mais une fois véritablement constitué.

De plus, le programme assigné dans la déclaration initiale de Svetlana Tikhanovskaia à ce Conseil est d’assurer un « transfert pacifique et ordonné » du pouvoir de Loukashenka à lui-même afin d’organiser de nouvelles élections présidentielles libres et transparentes sous contrôle international. Ce qui est revendiqué par les manifestants et les grévistes est déjà un peu différent : chasser Loukashenka, dissoudre les services de « sécurité », et organiser des élections libres à tous les niveaux et pas seulement présidentielles, le mouvement de rappel des députés ayant d’ailleurs largement commencé dans le pays.

Ce que dessine S. Tikhanovskaia, dont il n’est pas question de nier le courage et le rôle de symbole qu’elle a joué, mais qui parait soufflé par les conseillers politiques qui l’entourent à Vilnius, c’est une tentative de transition pacifique préservantl’essentiel de l’État. Ce à quoi tend l’action démocratique spontanée de la majorité, c’est à la destruction de cet État pour réaliser la pleine et entière démocratie.

Ajoutons que le refus de l’aide européenne par Olga Kolesnikova se veut, certes, un gage d’indépendance, mais que celle-ci intervient dans le Conseil comme porte-parole du candidat invalidé et emprisonné à la présidentielle, Victor Babaryka, banquier lié à des banques russes et ancien directeur de la banque de l’entreprise gazière de l’État, Belgazprombank, intérêts gaziers liés à la Russie. Le refus de l’aide de l’UE accompagnerait-il d’autres liaisons tournées, elles, vers l’Est, ce qui ne les rend pas moins « libérales », au sens économique du mot ?

En résumé : les différentes forces sociales essaient de s’organiser. La grève générale a seule permis ce processus. Deux formes d’organisation sociale se dessinent et peuvent se mélanger mais il faut savoir les distinguer : la poussée vers le Comité national de grève (et la croissance des syndicats indépendants), et le Conseil de coordination. Ni l’une, ni l’autre n’a abouti à une forme nationale claire en raison de la répression et de la faiblesse initiale d’organisation démocratique des masses.

Mais le comité de grève de Belaruskali a bien le sentiment, ce 3 septembre, qu’une nouvelle étape doit advenir. Tous les dimanches, des centaines et des centaines de milliers manifestent. Les marches de femmes surtout depuis le samedi 22 août marquent aussi la situation. Surtout, depuis la rentrée scolaire et universitaire le 31 août, la jeunesse étudiante et lycéenne est sortie en masse – et elle paie le prix fort de la répression, car les brutes Omon tapent sur les jeunes. Rappeler les députés, marcher en masse sur Minsk, assiéger les bâtiments du pouvoir, élire des délégués dans les lieux de travail et les localités … voila sans doute ce qui se discute sous le silence affiché dans ce reportage.

Nous avons un devoir : organiser bien sûr la solidarité mais en faire une solidarité politiqueagissante. Aplutsoc est un tout petit « centre politique » mais comme il reconnaît l’odeur de la révolution, il a à son niveau pas mal fait pour informer et analyser, ce qui est essentiel. Nous appelons maintenant à passer à l’action et nous entendons peser en ce sens !

VP, le 05-09-2020.

(1) Selon Bruno Drweski, largement diffusé par le PRCF et dans les milieux pro-FSM de la CGT, « les manifestations actuelles sont pain béni pour les capitalistes ». Ce défenseur des chefs à poigne « national-soviétique » se pique d’avertir que ce sont des « oligarques russes » qui pourraient tirer les marrons du feu ! Le tout sans rien dire de la réalité sociale qui n’a rien des traits légendaires que recouvre (à l’Ouest) le mot « soviétique », et tout de la précarité capitaliste. La grève est l’arme des trusts : vieille musique, petit violon !

(2) Volodomyr Ishchenko, sociologue à K’yiv et maintenant à Dresde, avait déjà été une sorte de tarte à la crème lors du Maïdan ukrainien, car il était ukrainien et en même temps expliquait que tout ce qui se passait était bien ambigu, bien compliqué, suggérant qu’il ne fallait pas se risquer à soutenir les manifestations parce qu’on ne sait pas ce qui peut en sortir, etc. Il est soudain réapparu sur la Bélarus. Ainsi le site A l’Encontre, plein d’intérêt sur bien des pays, mais qui s’est gardé de publier quoi que ce soit sur l’Ukraine, n’a consenti à toucher vraiment à la Bélarus qu’une fois protégé, en somme, par le rideau de fumée « sociologique » des analyses d’Ishchenko ou inspirées par lui. En bonne place du Guardian à Mediapart, celui-ci explique qu’on ne peut pas savoir ce que fut vraiment le résultat des élections, que la grève générale n’en est pas vraiment une, qu’il y a de tout là-dedans, etc, etc. Exactement ce qu’il faut pour cultiver le scepticisme affecté des « révolutionnaires » pour qui la révolution est une plante d’appartement qu’ils arrosent à l’abri, mais qui ne doit pas les déranger en ouvrant soudain leur fenêtre 


APPEL pour l’action en solidarité avec les travailleurs du Belarus.


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