AVANT-PROPOS : les articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » ne représentent pas les positions de notre tendance, mais sont publiés à titre d’information ou pour nourrir les débats d’actualités.
SOURCE : Marianne
En 2019, le prix du TRV (Tarif de Vente Réglementé) d’électricité a grimpé de près de 7,2 %. Une constante depuis 10 ans, période sur laquelle la hausse s’élève à plus de 50 %. Et, tous les analystes et experts sont unanimes, cette tendance n’a pas vocation à s’arrêter dans les années à venir. Pourquoi ? D’abord à cause de la privatisation du secteur du marché des particuliers, décidée depuis Bruxelles en 2007. Ensuite, du fait de l’augmentation des prix sur les marchés de gros, où s’approvisionnent notamment les fournisseurs alternatifs concurrents d’EDF. Dans ce contexte, la commission de régulation de l’énergie (CRE) procèdera nécessairement, comme elle l’a déjà fait, à des réajustements à la hausse du tarif réglementé commercialisé par EDF, pour éviter des distorsions entre l’offre traditionnelle d’EDF et les tarifs des offres alternatives. Un modèle particulier, où le régime concurrentiel favorise les nouveaux entrants au détriment de l’acteur historique…
Les comportements individuels et familiaux ne doivent pas non plus être ignorés. Nous possédons en effet de plus en plus d’appareils électriques et électroniques : de 30 à plus de 50 par foyer. Et dans un pays où le chauffage électrique est Roi – près de 9,5 millions de logements se chauffent à l’électricité soit environ un tiers du parc de logements – il est clair que les enjeux d’économies d’énergie et de prix de l’électricité prennent, à tout le moins, un éclairage tout particulier.
Pour pallier l’explosion des coûts pour les ménages, l’isolation, mais aussi l’amélioration des performances de chauffage ou le changement de mode de chauffage, constituent les pierres angulaires pour limiter les effets néfastes de la hausse. Les aides financières et autres prêts à taux zéro, si les montants sont significatifs, notamment pour les ménages les plus modestes, seront donc les bienvenus pour permettre à tous de limiter les conséquences de la hausse tout en améliorant le confort de l’habitat. Espérons qu’ils seront bien au rendez-vous en 2021.
DANS 85 % DES GRANDES VILLES FRANÇAISES, LE PRIX DE L’EAU CROÎT PLUS VITE QUE L’INFLATION
En tant que ressource naturelle, l’eau n’a pas réellement de valeur pécuniaire. La facture payée par les usagers de l’eau potable s’explique par le coût des services publics d’eau et d’assainissement : l’eau avant sa distribution à chacun est prélevée, rendue potable puis acheminée, et après usage, collectée et transportée en station de traitement et d’assainissement, pour ensuite être rejetée dans le milieu naturel. Le prix payé par l’usager permet de couvrir le coût de toutes ces étapes et inclut le service de mise à disposition de l’eau potable à notre robinet. Ajoutons-y diverses redevances et taxes, destinées à compenser la pollution générée par les usages de l’eau, pour fixer l’enveloppe finale.
Le hic, c’est que l’eau, tout comme l’électricité n’a pas cessé d’augmenter. Entre 2011 et 2014, dans 85% des grandes villes françaises, son prix a grimpé plus vite que l’inflation. Et, dans une ville sur deux, la hausse est même deux fois supérieure, selon une enquête réalisée par France Libertés et 60 millions de consommateurs auprès de 130 villes.
LA FUSION VEOLIA – SUEZ DOIT ÊTRE OBSERVÉE AVEC VIGILANCE
Même si la décision du prix de l’eau appartient en premier lieu aux collectivités, celles-ci prennent également en compte les acteurs qui produisent et distribuent l’eau potable, puis collectent et traitent les eaux usées. Deux grands noms se partagent le marché – Veolia et Suez –, dont le projet de fusion est désormais avéré. L’opération est présentée par Veolia comme la création d’un champion d’envergure internationale. Jean-Louis Chaussade, ex-Président de Suez, dans le Cercle des Echos, voit plus volontiers « plus d’inconvénients que d’avantages à cette opération […], synonyme de perte de savoir-faire, de destructions d’emplois, et de risques d’insatisfaction des clients […] ». Une opposition partagée par tous les syndicats et, visiblement, même la direction de Suez…
Mais, c’est surtout un autre point qui aurait pu empêcher ce projet de voir le jour : la fusion des deux groupes aurait pu ne pas plaire à l’Autorité de la Concurrence, puisqu’un géant Veolia-Suez serait en situation de quasi-monopole sur le secteur des “services collectifs” en France. Car dans l’Hexagone, Suez possède environ 20 % du marché, et Veolia 40 %.
Qu’à cela ne tienne, pour éviter le problème, Veolia s’est donc engagé à céder au plus vite les activités d’eau et d’assainissement de Suez France à un fonds d’investissement, le fonds Meridiam. Une cession qui marquerait la captation définitive des biens fondamentaux par des acteurs privés. Parfaitement inconnu du grand public, Meridiam est spécialisé dans le financement et le développement d’infrastructures variées – ports, aéroports, hôpitaux, écoles -, dont il assure la gestion sur de longues périodes. On peut donc à juste titre poser la question de l’intérêt pour les consommateurs de ce montage de revente à Meridiam qui, très logiquement, devrait chercher à maximiser sa profitabilité dans un secteur qui, surtout, lui est globalement étranger.
UNE PROMESSE DE VEOLIA QUI N’ENGAGE QUE CEUX QUI Y CROIT
Pour Antoine Frérot, PDG de Veolia, « les factures de l’eau ne vont pas augmenter en France ». Une promesse répétée jusqu’au plus haut niveau du gouvernement, avec un lobbying actif de Veolia pour obtenir le feu vert sur son projet, mais qui n’engage en rien la nouvelle structure.
Une fois cédé au fonds Meridiam, ce sont les contrats au cas par cas, par collectivités, qui pourraient être remis en question. Et Veolia ne décidera en rien sur ces points hors de son périmètre. Avec les effets néfastes de la crise actuelle sur le budget des Français, les conséquences des hausses conjuguées des dépenses contraintes de l’électricité et de l’eau pourraient donc s’avérer douloureuses pour les Français les plus précaires… L’arbitre sera, en bout de chaîne, le gouvernement qui au travers de sa participation dans Engie et donc Suez, peut faire en sorte de favoriser ou d’empêcher le projet.