Majorité d’en bas contre gabegie cynique d’en haut

AVANT-PROPOS : les articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » ne représentent pas les positions de notre tendance, mais sont publiés à titre d’information ou pour nourrir les débats d’actualités.

SOURCE : Arguments pour la lutte sociale

A deux reprises déjà depuis la rentrée, en matière sanitaire ce gouvernement semble s’être massivement moqué du monde, mais sans le faire exprès. On nous annonce que la situation est grave et que les mesures annoncées seront « douloureuses ». Et voici M. Castex qui déclare que les « quatorzaines » sont ramenées à 7 jours et que 2000 personnes seront recrutées dans les caisses d’assurance maladie pour des taches de « traçage » administratif. La semaine suivante rebelote, la situation est grave, pas encore désespérée mais ça pourrait venir, la guerre pourrait être perdue, l’ennemi est partout, etc., etc. Et voici M. Véran qui déclare qu’on ne fermera plus de classes en cas de contamination parmi les élèves et que les parents pourront renvoyer leurs enfants positifs au Covid s’ils signent une déclaration sur l’honneur selon laquelle ils sont guéris et pas contagieux. Faut-il en rire, faut-il en pleurer ? Les deux, mon capitaine …

Ce ne sont là que des épisodes dans un feuilleton déjà trop long et trop chargé, de la part d’un gouvernement qui avait dénoncé l’usage des masques et interdit leur vente en pharmacie avant de les rendre obligatoires et payants. Or, la réalité, c’est que la dite « seconde vague » est là, qu’elle était là avant la rentrée scolaire, et que les services de réanimation seront saturés comme au printemps voire pire, d’ici deux à trois semaines.

L’exécutif Macron/Castex ne veut absolument pas reconfiner, il a donné pleins pouvoirs aux préfets qui, eux non plus, sous la pression des Chambres de commerce et d’industrie, n’osent pas le faire, que ce soit à Marseille, Nice ou Bordeaux. Alors que l’épidémie galope plus qu’en mars, les mêmes préfets du même pouvoir interdisent les manifestations et les fêtes familiales mais tiennent à ce que l’entassement des lycées à 35 par classes, le regroupement au travail, et l’entassement dans certains transports collectifs, se poursuivent.

L’on fonce tout droit vers une nouvelle tragédie des services de réa et des EHPAD et le « Ségur de la santé » n’a rajouté aucun moyen supplémentaire. Du coup, à la mortalité du Covid, se rajoute et se rajoutera celle des autres affections délaissées depuis des mois par un système de santé mis en panne. Et l’on donne pleins pouvoirs aux préfets pour culpabiliser et verbaliser, seul plan cohérent dans cette politique consistant à en rendre responsables ses victimes.

Le dur spectacle de l’incurie gouvernementale en matière de santé publique se retrouve en matière sociale et économique. La comédie d’union sacrée jouée par les élus des Hauts-de-France et par le gouvernement à propos des 800 suppressions sèches d’emplois par Bridgestone ne saurait en rien faire douter de l’absence totale d’intention et de capacité à bloquer les licenciements.

Un gouvernement qui interdise ces licenciements, ne peut en aucun cas être celui-ci avec ce président-là. Mais seul un gouvernement capable d’interdire ces licenciements, serait également capable de prendre dans les aides massives au patronat pour répondre aux urgences sanitaires, étoffer en urgence les services hospitaliers, organiser des tests massifs et ciblés pour imposer une politique anti-épidémique enfin cohérente.

Un tel gouvernement serait également capable d’organiser les embauches d’urgence de surveillants et d’éducateurs pour, immédiatement, dédoubler les classes surchargées du lycée à la maternelle. Tout naturellement, il procéderait à l’abrogation des lois antisociales dispendieuses telles que les contre-réformes visant le code du travail, l’assurance-chômage, le statut de la fonction publique, et celles qui depuis 30 ans se sont accumulées contre les retraites et la Sécurité sociale. Il traiterait tous les habitants du pays, migrants et « sans-papiers » compris, à égalité en matière éducative, sanitaire, en matière de logement et dans le respect des droits humains fondamentaux, régularisant les sans-papiers. Pour le moyen terme et le long terme, il engagerait, avec le soutien populaire et de la jeunesse, les plans d’embauche et de formation dans l’éducation, la santé, et l’environnement. Ce peu de choses, ces évidences, ces mesures de bon sens, ces décisions raisonnables, feraient de lui un gouvernement révolutionnaire !

Le chemin d’un tel gouvernement d’urgence ne saurait attendre les élections présidentielles de 2022, car d’ici là nous avons deux années. Il faut vraiment ne pas être un chômeur, ne pas être un jeune en fin d’études, ne pas être un malade, ne pas être un salarié menacé par les plans « sociaux », ne pas être un infirmier, un enseignant … confronté à la situation, pour s’imaginer que 2022, c’est proche ! Plus encore : un tel gouvernement d’urgence ne peut sortir des élections présidentielles de la V° République.

Car il ne saurait qu’être un gouvernement démocratique. C’est-à-dire un gouvernement imposé par la mobilisation du plus grand nombre renversant cet État des préfets, des commissaires, des recteurs, des directeurs d’ARS et des patrons, au profit de l’élection réelle de représentants mandatés du peuple, à tous les niveaux.

Nous ne préconisons pas, pour autant, de se désintéresser des présidentielles. Bien au contraire : nous disons que toute préparation sérieuse, et non battue d’avance, « unité » ou pas, des présidentielles, ne peut que commencer par le combat ici et maintenant pour affronter, battre et chasser Macron, au nom de l’urgence que la majorité ressent.

Car, n’en doutons pas : la majorité, celle du 17 novembre 2018, celle du 5 décembre 2019, est toujours là. Elle a fait signe avec les manifestations de la jeunesse contre les violences policières comme avec les premières manifestations contre les suppressions d’emploi, début juin. Elle ne « prépare » pas les présidentielles, mais elle est placée dans les conditions politiques résultant du fait que toutes les organisations politiques qui pourraient parler en son nom les « préparent » pendant que les syndicats participent au « dialogue social ». Elle veut un hôpital public, une école publique, qui tiennent la route. Elle veut interdire la vague de licenciements. Et elle va le dire d’une façon ou d’une autre. Nous n’avons pas à l’aiguillonner, nous devons l’aider à s’organiser, à former ses réseaux et sa propre unité pour l’affrontement social et la démocratie. Ici et maintenant !

Le 20-09-2020.


Articles similaires

Commencez à saisir votre recherche ci-dessus et pressez Entrée pour rechercher. ESC pour annuler.

Retour en haut