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SOURCE : Le Monde
Le taux de chômage est tombé à 7,9 % en septembre, mais c’est le plus mauvais taux avant une élection présidentielle.
Les Etats-Unis ont créé en septembre 661 000 emplois, faisant tomber le taux de chômage à 7,9 %. Frappée par le Covid-19, la première économie du monde est au milieu du chemin : elle a récréé 11,4 millions des 22 millions d’emplois perdus en mars et en avril, qui avaient fait bondir le taux de chômage à 14,7 %. Sauf que la seconde moitié du parcours s’annonce très difficile, et les économistes prévoient une reprise en racine carrée inversée, avec un ralentissement de la croissance à mi-rebond. A ce rythme, il faudrait près d’un an et demi pour que le marché de l’emploi retrouve ses niveaux d’avant crise, note le New York Times.
Faute de vaccin efficace, des pans entiers de l’économie ne connaîtront pas de retour à la normale. C’est vrai dans les loisirs et le tourisme : Disney a ainsi annoncé le licenciement de 28 000 employés qui étaient jusqu’à présent en chômage technique, en raison de la non-réouverture du parc d’attractions de Californie, Disneyland. Cela l’est dans l’aérien : United Airlines et American Airlines ont annoncé, début octobre, la suppression de 32 000 emplois ; ces compagnies avaient l’interdiction de licencier jusqu’à fin septembre si elles voulaient conserver les subventions de l’Etat fédéral qui leur ont été octroyées au début de la crise.
C’est le cas aussi dans l’enseignement, qui repart essentiellement en virtuel, les Américains étant beaucoup plus précautionneux que les Européens sur la contamination des enfants : 355 000 postes ont été supprimés en août dans l’éducation privée et publique. Les collectivités territoriales sabrent dans les effectifs, notamment des enseignants, faute de plan de renflouement fédéral (216 00 emplois en moins). Le nombre d’Américains qui déclarent avoir perdu définitivement leur emploi est désormais de 3,8 millions contre 2 millions en avril, ce qui indique l’absence d’espoir d’un retour à la normale.
Ralentissement du rebond de la consommation
L’économie a été mise sous perfusion par la Reserve fédérale (taux d’intérêt à zéro et octroi de liquidités qui ont permis aux entreprises de s’endetter et d’éviter la faillite), tandis que les ménages ont bénéficié d’aides fédérales (chèque de 1 200 dollars et allocation chômage de 2 400 dollars par mois jusqu’à fin juillet). Ainsi, paradoxalement, le revenu mensuel des Américains a été, depuis avril, supérieur à son niveau de février, avant la crise. Même en août, où il a baissé de 2,7 %, il restait supérieur de 2 % au niveau de février.
La fin des aides fédérales et le ralentissement de la reprise ont toutefois entraîné un ralentissement du rebond de la consommation : après une hausse de 9 % et de 7 % en mai et juin, les dépenses n’ont augmenté que de 2 % et 1 % en juillet et août. En contrepartie, les ménages ont épargné massivement, ce qui pourrait atténuer le choc des mois à venir : le taux d’épargne, qui était de l’ordre de 8 %, a bondi à 20 % en moyenne depuis mars. Il est retombé à 14 % en août. Le PIB, qui avait reculé en rythme annuel de 5 % et 31 % aux premier et deuxième trimestres, aurait rebondi d’environ 30 % en rythme annuel de juillet à septembre, selon les estimations du Wall Street Journal.
Le déficit budgétaire devrait atteindre des niveaux abyssaux
Ces chiffres de l’emploi sont les derniers à être publiés avant l’élection du 3 novembre, et ils sont mauvais pour Donald Trump : jamais le chômage n’avait été aussi élevé à la veille d’une élection (il était de 7,8 % à la veille de la réélection de Barack Obama en 2012 et de 7,3 % avant le second mandat de Ronald Reagan en 1984). M. Trump sera le seul président à achever son mandat avec moins d’emplois qu’à son arrivée. Avant la crise du Covid-19, le chômage était de 3,5 %, au plus bas depuis cinquante ans. Le déficit budgétaire va atteindre des niveaux abyssaux, passant de 1 000 milliards à 3 200 milliards de dollars environ, soit près de 16 % du produit intérieur brut, selon les experts du Congrès. La dette fédérale va retrouver ses niveaux d’après-guerre et dépasser les 100 % du PIB.
A l’approche de l’élection, républicains et démocrates n’ont pas été capables de s’entendre sur un nouveau plan de relance demandé avec insistance par la Reserve fédérale. L’annonce de la contamination au Covid-19 de Donald Trump puis son hospitalisation ont conduit Wall Street à dévisser, vendredi : l’indice S&P 500 a reculé de 0,96 %, tandis que le Nasdaq, riche en technologie, perdait 2,22 %.