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SOURCE : A l'encontre
Par Madjid Makedi
Ce sont les mêmes soutiens de tous les mandats du président déchu, Abdelaziz Bouteflika, et toutes ses politiques qui se sont mis au-devant de la scène pour plaider en faveur de ce nouveau projet.
La campagne d’explication et de sensibilisation sur le projet de révision de la Constitution prendra fin aujourd’hui à minuit, le 28 octobre.
Le silence électoral sera imposé à partir de demain, soit trois jours avant le jour J, conformément aux articles 173 et 174 de la loi électorale. Le suspense s’installera après, notamment pour les promoteurs de ce projet qui attendront la réaction des électeurs et électrices.
En effet, le principal enjeu de cette joute politique reste la participation. Echaudés par l’expérience de la présidentielle du 12 décembre 2019, qui a enregistré un taux de participation historiquement faible, le pouvoir et ses soutiens ont insisté, durant ces 25 jours de campagne électorale, sur un seul mot d’ordre: «Participer massivement à ce référendum.»
Mais pas seulement. Les ministres, les chefs de parti et les responsables des organisations ayant pris part à cette opération appellent aussi à dire «oui» à ce projet. Seuls les partisans de cette option ont été d’ailleurs autorisés à sillonner le pays pour faire la promotion du projet. L’avis contraire est frappé d’interdit. Comme à chaque rendez-vous électoral en Algérie, étrangement qualifié de «festival démocratique», les partisans du boycott n’ont pas eu droit à la parole.
Cette fois-ci, même ceux qui ont adhéré à la démarche de la révision de la Constitution et qui prônent le rejet du projet après avoir pris connaissance du contenu de sa mouture finale, ont fait aussi l’objet de la même interdiction.
Les principaux partis islamistes, le MSP (Mouvement de la société pour la paix, anciennement Mouvement de la société islamique), le FJD (Front de la justice et du développement) et Ennahda (Mouvement de la renaissance islamique), ayant appelé à voter «non» n’ont reçu aucune autorisation pour animer des meetings avec leurs fidèles. Drôle de «changement démocratique»!
Le pouvoir n’a, de l’avis de tous les observateurs de la scène nationale, pas changé son modus operandi. Il reprend le même personnel politique, massivement rejeté par le hirak du 22 février 2019, pour faire passer sa feuille de route.
Ce sont effectivement les mêmes partis qui ont été chargés de faire la promotion de ce projet: FLN, Front national pour la justice sociale (FNJS), Front national des libertés (FNL), le parti El Karama, TAJ (Tajamoue Amal El Djazair), RND (Rassemblement national démocratique), Islah et El Bina. La même «société civile maison» est aussi mise à contribution: ONEM (Organisation nationale des enfants de moudjahidine), CNEC (Coordination nationale des enfants des chouhada: martyrs), Scouts musulmans algériens (SMA), UGTA (Union générale des travailleurs algériens) et UNPA (Union nationale des paysans algériens).
En somme, ce sont les mêmes soutiens de tous les mandats du président déchu, Abdelaziz Bouteflika, et toutes ses politiques qui se sont mis au-devant de la scène pour plaider en faveur de ce nouveau projet. Sans se remettre en cause, ces derniers n’ont pas hésité à dénoncer «les dérives de l’ancien pouvoir» – qu’ils ont pourtant soutenu mordicus – et ont affirmé que «le nouveau projet mettrait enfin l’Algérie sur les rails de la démocratie».
Ont-ils convaincu grand monde, en dehors du cercle de l’habituelle clientèle du pouvoir? La crise politique née avec l’avènement du hirak trouvera-t-elle une issue dès lundi 2 novembre? «Le vrai problème de l’Algérie est dû au fait que ceux qui sont à la tête de l’Etat continuent de nier qu’il y a une profonde crise de confiance à leur égard, voire à l’égard de l’Etat en tant qu’institution. Toutes les mesures politiques qu’ils ont prises depuis la démission de l’ancien Président vont à l’encontre de l’instauration de cette confiance, sans laquelle rien ne saurait être accompli», rétorque le politologue Mohammed Hennad, qui vient de publier une contribution sur le site du quotidien El Watan.
Selon lui, «le forcing actuel ne sera, de toute évidence, qu’une énième perte de temps coûteuse pour le pays». «La sagesse et l’amour supposé du pays auraient recommandé l’ouverture d’une série de négociations-concertations pour une sortie de crise qui serait honorable pour tout le monde et salutaire pour le pays.»
«Il faut que nos politiciens réalisent que les choses ont profondément changé et que le peuple est aujourd’hui plus conscient et plus exigeant, parce qu’il voit tout ce qui se passe ailleurs. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à voir les critiques et les railleries dont notre personnel politique fait l’objet à chaque occasion», écrit-il. (Article publié dans le quotidien El Watan en date du 28 octobre 2020)