Le chemin de la victoire de Donald Trump est étroit mais il existe encore

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SOURCE : Atlantico

Comme en 2016, Donald Trump est annoncé comme perdant dans les sondages portant sur la prochaine élection présidentielle américaine. Pourtant, comme il y a 4 ans, le candidat républicain pourrait déjouer les pronostics dans ce qui s’apparente comme un duel serré avec Joe Biden. En effet, il existe bien un chemin vers la victoire pour Donald Trump, qui lui permettrait de poursuivre la révolution entamée en 2016 et de faire basculer définitivement le monde dans une nouvelle ère.

L’écart entre Joe Biden et Donald Trump est faible dans les états clés

Par rapport aux élections françaises, l’élection présidentielle se joue dans les « swings states » ou états-clés. L’élection du président des États-Unis s’effectue au suffrage universel indirect à travers un collège électoral élu dans chacun des états qui choisit ensuite le Président, ce qui limite l’intérêt des sondages nationaux. En effet, comme le gagnant dans un état gagne tous les délégués, l’élection se joue principalement dans les « swing states », les états capables de basculer entre les républicains et les démocrates en fonction des élections. En 2016, les sondages nationaux plaçaient Hillary Clinton en tête des sondages, et elle a effectivement emporté le plus de suffrages au niveau national sans pour autant remporter la Maison-Blanche.

Si l’avance de Joe Biden sur Donald Trump est plus importante sur le plan national que l’avance d’Hillary Clinton sur le candidat républicain en 2016, elle est du même ordre dans les « swing states ». Selon « Real Clear Politics », à 7 jours de l’élection, sur le plan national, l’avance des démocrates était de 2,2 points en 2016 contre 7,1 points en 2020. Cependant, dans ces états-clés l’avance des démocrates était de l’ordre 2,8 points dans les sondages en 2016 contre 3,5 points en 2020. Ainsi, les sondages nationaux donnant une avance importante en faveur de Joe Biden donnent une indication mais ne permettent pas de donner le futur gagnant au regard de l’écart entre les deux candidats dans les états-clés.

2016-2020, bis repetita ?

Le scénario de 2016 pourrait ainsi se répéter en 2020, avec Joe Biden remportant le vote populaire et Donald Trump le collège électoral lui permettant de conserver la Maison Blanche 4 ans de plus. Tout d’abord, les sondages nationaux se resserrent entre les candidats démocrate et républicain puisque « Real Clear Politics » établissait un écart de la moyenne des sondages à +10,3 points pour Joe Biden le 11 octobre contre désormais +7,1 points le 27 octobre. De plus, trois derniers sondages (RasmussenIBD/TIPP et Emerson) publiés le 26 octobre ne confèrent respectivement que 2, 4 et 5 points d’avance à l’ancien Vice-Président. Ainsi, le président sortant profite d’une dynamique pour cette fin de campagne comme en 2016 qui lui avait permis de rattraper son retard face à Hillary Clinton dans les 15 derniers jours précédant l’élection.

Les sondages portant sur les principaux états-clés laissent place à une grande incertitude sur le vainqueur du scrutin, en raison d’une fiabilité incertaine. En 2016, la moyenne des sondages effectuée par le New York Times dans les états-clés avait un écart très important avec le résultat final. En effet, ils se sont trompés de 7 points dans l’Ohio, 4 points en Floride, 7 points en Pennsylvanie ou encore 8 points dans le Wisconsin. Cela s’explique principalement par le manque d’échantillon représentatif des blancs américains sans diplôme dans les sondages qui n’avait pas permis de représenter fidèlement le vote Trump.

En 2020, si les instituts de sondages affirment avoir corrigé cette erreur, plusieurs indices peuvent mettre un doute sur la fiabilité des sondages portant sur les états-clés. Tout d’abord un grand nombre de ces sondages ne concerne qu’un panel réduit avec parfois uniquement 600 personnes interrogées pour un état comme la Floride peuplée de près de 21 millions d’habitants, ce qui conduit à des marges d’erreur trop importantes. De plus, il existe une inconnue quant à la mobilisation avec le contexte particulier de la Covid-19 avec ainsi une double incertitude sur le niveau du vote par correspondance et la volonté des électeurs à se déplacer. À ce titre, les dernières élections municipales en France ont montré que le risque sanitaire provoquait une abstention différenciée selon le lieu d’habitation, avec un vote plus important dans les territoires ruraux, moins touchés par le virus et plus favorable à la droite donc potentiellement favorable à Donald Trump.

Quels scénarios de victoire pour Donald Trump ?

Pour avoir une chance de gagner l’élection, Donald Trump est obligé de remporter un certain nombre d’états-clés. Il s’agit du Texas, de l’Ohio, de la Géorgie, de la Floride, de la Caroline du Nord, de l’Arizona, ainsi que de l’Iowa. S’il perd dans un de ces états sauf peut-être le dernier, il devient presque mathématiquement impossible pour lui d’atteindre le seuil nécessaire des 270 votes au sein du collège électoral. Selon Real Clear Politics (RCP), il est pour l’instant donné gagnant en Floride, en Ohio, en Georgie ainsi qu’au Texas. Tandis qu’en Caroline du Nord, en Arizona et dans l’Iowa, il est devancé mais avec un score inférieur à la marge d’erreur des sondages. Une victoire dans tous ces états lui conférerait 258 votes au sein du collège électoral.

Il existe ensuite plusieurs scénarios pour envisager le chemin d’une réélection pour le président sortant. Si Donald Trump l’emporte soit dans le Michigan (16 grands électeurs) soit dans la Pennsylvanie (20 grands électeurs), il rempile 4 ans à la Maison Blanche. Sur l’hypothèse d’une victoire dans le Michigan, les derniers sondages indiquent que l’écart est important en faveur de Joe Biden (+8,7 points selon RCP). De plus, près de 2,3 millions de personnes ont déjà voté dans cet état ce qui représente 45% du nombre de votants en 2016, même si cet état a acquis 1,2 millions votants supplémentaires. Ainsi, une victoire du Michigan pour Donald Trump n’est pas impossible, mais elle est pour l’instant improbable. La Pennsylvanie semble par contre beaucoup plus abordable pour Donald Trump, puisque les sondages sont dans la marge d’erreur et qu’il existe une dynamique en faveur du candidat républicain. En effet, l’avance de l’ancien Vice-Président dans cet état était de +7,3 points selon RCP le 12 octobre contre seulement +3,8 points le 27 octobre. À cela, il faut ajouter que pour la première fois depuis mai, un institut de sondage a placé Donald Trump en tête.

En cas de défaite de Donald Trump dans ces deux états, il reste encore des possibilités de victoire. Pour cela, il doit remporter impérativement le Wisconsin ou le Minnesota (10 grands électeurs chacun) en plus du Nevada (6 grands électeurs) ou le Nebraska plus le Maine (1 grand électeur chacun). Le Wisconsin et le Minnesota sont difficilement gagnables pour Donald Trump parce qu’à la différence de l’élection de 2016, les démocrates ne reproduiront pas les erreurs d’Hillary Clinton de délaisser ces états de la Rust Belt. D’un côté, le Minnesota n’a pas choisi un candidat républicain depuis Richard Nixon en 1972. Cependant, le manque de sondage sur cet état symbole du mouvement Black Lives Matters (mort de Georges Floyd dans le Minnesota), peut conduire à une surprise comme en 2016 avec notamment une forte érosion du soutien au mouvement suite aux actes de violence. De l’autre côté le Wisconsin, apparait nettement plus abordable pour Donald Trump puisqu’il a déjà réussi l’exploit de remporter cet état en 2016.

L’élection présidentielle américaine est donc en réalité serrée malgré la multiplication des sondages favorables à Biden. D’une part, le président sortant peut perdre le vote populaire tout en remportant le collège électoral. D’autre part, la dynamique de fin de campagne est en faveur de Donald Trump puisque les sondages dans les états-clés sont presque tous dans la marge d’erreur. Le candidat républicain peut ainsi espérer une victoire le 3 novembre prochain avec pourtant quelques difficultés à remédier : la gestion du Covid-19, une perte du vote des seniors, et une perte du vote périurbain. S’il réussit à diminuer l’importance de ces 3 difficultés dans cette dernière ligne droite, il est probable qu’il reste locataire de la Maison Blanche 4 ans de plus.

William Thay, président du Millénaire, think-tank spécialisé en politiques publiques et travaillant à la refondation de la droite


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