AVANT-PROPOS : les articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » ne représentent pas les positions de notre tendance, mais sont publiés à titre d’information ou pour nourrir les débats d’actualités.
SOURCE : Regards
Dans une tribune publiée dans Le Monde, l’hématologue Grigoris Gerotziafas et deux de ses collègues affirment qu’il est possible de diminuer les risques d’aggravation de l’état d’un patient atteint de Covid-19. Encore faut-il anticiper. Au triptyque tester, isoler, tracer, il plaide la prévention, la détection et l’anticipation. Il est l’invité de #LaMidinale.
ET À LIRE…
Sur le vaccin Pfizer contre le Covid-19
« Ce vaccin est une bonne nouvelle pour contrôler l’épidémie (…) cependant, il faut rester prudent parce que les données sont encore incomplètes. »
« On ne sait pas encore le niveau et le taux d’immunisation de ce vaccin – ni la durée de vie des anticorps chez les patients. »
« Il faut voir ce vaccin comme une hypothèse plus qu’une solution immédiate, disponible tout de suite. »
« Jusqu’à présent, nous avons eu des vaccins classiques. La stratégie génétique de ce nouveau vaccin est une stratégie complètement innovante à partir de la modification des cellules – et on ne sait pas quelle est la durée de vie de ces cellules modifiées. »
« Il y a plein de questions sur la physiologie de ces nouvelles qui s’ouvrent et pour lesquelles nous n’avons pas de réponse. »
Sur l’alternative, le plan B à ce vaccin
« Je n’ai pas l’impression que les gouvernement aient un plan B. »
« La réponse au printemps, c’était le confinement stricte et je note que dans cette première phase, on était complètement dans l’obscurité concernant la nature de la maladie, la caractéristique du virus, les traitements potentiels pour gérer la maladie et le traitement contre le virus. Dans ce contexte, on a décidé d’appliquer les mesures de distanciation sociale les plus draconiennes qui étaient le confinement (…). Au fur et à mesure, nos connaissances [scientifiques] ont progressé à une vitesse spectaculaire. »
« Aujourd’hui, nous avons la deuxième vague et on le savait tous, ça n’est pas une surprise. »
« Pendant l’été, les gouvernements à l’échelle européenne n’ont pas pris de mesures particulières – notamment en matière de renforcement de nos systèmes de santé – et on a accepté dans le même temps l’idée de refaire marcher l’économie, le tourisme, on a rouvert les frontières, ce qui a amplifié la circulation du virus. »
« Aujourd’hui les conditions météorologiques ont changé, on passe dans une période qui favorise la dissémination du virus et la réponse que l’on donne est exactement la même qu’on donné en mars. Avec des hôpitaux submergés par les malades et donc on applique le confinement. »
Sur les interventions thérapeutiques ciblées
« Il y a des populations à risques et on connait très bien leurs profils. »
« Les deux tiers des malades ont des problèmes cardio-vasculaires. »
« Nous pouvons cibler une partie de la population qui a un profil à risque et il faut faire en sorte que ceux qui portent déjà de lourdes pathologies soient pris en charge pour leur maladie. Si en plus elles sont touchées par le virus – et qu’ils développent le Covid – ils doivent être pris en charge en priorité. »
« Il faut choisir où est l’épicentre des soins : l’hôpital ou la ville. Il faut quoi qu’il en soit mobiliser l’ensemble de la communauté médicale. »
« Les grandes villes sont les plus touchées par le virus. Les Covid sévères se manifestent surtout dans les territoires les plus exposés aux pollutions – surtout de types industrielles. »
« Les malades des couches populaires – ceux qui n’ont pas un accès facile aux soins médicaux – sont les patients les plus vulnérables. »
« Le virus peut toucher tout le monde sans aucune distinction mais ceux qui risquent le plus de développer une forme sévère du virus sont les malades les plus pauvres. »
« Quand on connait cette situation, on peut imaginer changer la géographie de nos interventions médicales. »
« Si on sectorisait en cherchant où se trouvent les noyaux de propagation du virus, on pourrait améliorer notre capacité à contrôler – non pas l’épidémie ni même la dispersion du virus – mais l’apparition des formes les plus sévères du virus. »
« Il y a deux niveaux différents : il y a d’abord la circulation du virus mais il y a surtout l’autre problème : le Covid sévère, c’est-à-dire celui qui met la pression sur les hôpitaux. »
Sur ce qu’il faudrait faire actuellement pour lutter efficacement contre le Covid
« Il faut arrêter le flux de malades vers l’hôpital, c’est-à-dire diminuer le nombre de malades qui ont besoin d’aller en réanimation. »
« Il faut faire des tests ciblés auprès des populations et dans les régions qui génèrent le plus de malades. »
« Il y a tout un travail de médecine de ville à développer. »
« On pourrait se passer de confiner toute la population à condition qu’un investissement soit fait au niveau sociétal et au niveau des stratégies du gouvernement. »
« Il faut transférer l’épicentre des actions médicales de l’hôpital vers la ville. »
« Plus l’hôpital est saturé, moins bien on soigne les malades – qu’ils soient covidés ou non. »
« Aujourd’hui, il faut gagner du temps – pas se concentrer sur Noël ou l’économie commerciale de cette période. »
« Il faut que l’on évite une troisième vague et un troisième confinement. »
Sur le manque de moyens de la recherche
« On souffre d’un manque de moyens dans la recherche, d’un manque de cerveaux et d’un manque de motifs. »
« La France a les ressources, les cerveaux et l’intelligence collective pour faire avancer la science. »
« On a commencé l’épidémie avec une mortalité en réanimation à plus de 60%. Elle est maintenant autour de 25 à 30%, notamment à Paris. »
Sur ce que dit l’épidémie de l’état de santé de notre population
« Le covid n’est pas seulement une pandémie, c’est une syndémie : c’est une maladie déclenchée par un virus contagieux mais qui se développe dans des populations caractérisées par la présence de pathologies chroniques sur lesquelles la médecine a gagné la guerre. »
« Le covid annule les acquis médicaux et scientifiques obtenus grâce au travail coordonné de la société, de l’Etat et des scientifiques depuis les années 70. »
« Il faut réorganiser la médecine sur la base d’une épidémie contagieuse. »