Pérou: l’ex-président critique le nouveau pouvoir, manifestations dans tout le pays

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SOURCE : AFP

Trois jours après avoir été destitué, l’ex-président péruvien Martin Vizcarra a mis en cause une nouvelle fois jeudi la légitimité du nouveau pouvoir, tandis que des milliers de manifestants dans tout le pays ont exprimé leur rejet du nouveau président Manuel Merino.

“La légalité est en question et la légitimité, que donne le peuple, nous la voyons dans la rue” avec les manifestations contre le nouveau président Manuel Merino, a déclaré M. Vizcarra devant le bureau du procureur, où il devait être entendu dans une affaire de corruption présumée qui lui a valu sa destitution.

Pérou: l'ex-président critique le nouveau pouvoir, manifestations dans tout le pays

Moins de deux mois après une première tentative, le Parlement péruvien a voté lundi la destitution du populaire chef de l’Etat, pour “incapacité morale, sur fond d’accusation de pots-de-vins présumés qu’il aurait reçus en tant que gouverneur en 2014.

“Même l’Organisation des Etats américains (OEA) a demandé que le Tribunal constitutionnel se prononce” sur la légalité de la procédure de destitution, a indiqué l’ancien chef de l’Etat.

Le président péruvien par intérim, l’opposant Manuel Merino, jusque-là à la tête du Parlement, a appelé jeudi au calme. “Nous n’allons pas mettre en place un changement brutal”, a-t-il assuré, après avoir installé son gouvernement, à majorité conservatrice.

Lors de sa prise de fonctions mardi, il avait assuré qu’il respecterait le calendrier des prochaines élections générales prévues le 11 avril 2021 et quitterait le pouvoir le 28 juillet 2021, le jour où le mandat de M. Vizcarra devait prendre fin.

“C’est pour nous”

Martin Vizcarra, qui jouit d’une cote de popularité record, a également défendu le droit de ses partisans de manifester pacifiquement, alors que sa destitution a donné lieu depuis mardi à plusieurs rassemblements à Lima et dans d’autres villes du pays.

Jeudi, des milliers de personnes ont une nouvelle fois mené des “cacerolazos”, les concerts de casseroles utilisés en Amérique latine pour manifester sa colère.

Souvent vêtues de noir, elles se sont rassemblées, non seulement à Lima mais aussi dans plusieurs villes du pays.

Dans la capitale, un groupe qui tentait d’atteindre le Congrès a été dispersé par la police à coup de gaz lacrymogènes. Les manifestants ont brûlé des objets et jeté des pierres et des bâtons sur les policiers.

“Une dizaine de manifestants ont été arrêtés”, a affirmé Mar Pérez, avocate de la Coordination des droits humains à la télévision América Noticias.

“Ce n’est pas pour Vizcarra, c’est pour nous”, était-il inscrit sur une banderole dans la capitale où des policiers anti-émeute ont bouclé la zone autour du Parlement. “Ce Parlement est une pandémie qui ne s’arrête pas”, “même le covid ne nous a pas fait autant de mal que Merino”, était-il écrit sur d’autres tandis que les manifestants défilaient pacifiquement.

“Nous ne sommes pas d’accord avec le Parlement. ce n’était pas nécessaire” d’écarter le populaire président Martin Vizcarra, a déclaré à l’AFP Irene Aguilar qui défilait avec sa fille.

“Le peuple défend la démocratie contre les abus de pouvoir”, a déclaré le député centriste Gino Costa qui a voté contre la destitution.

“Nous devons lancer un appel à la population pour qu’elle s’exprime pacifiquement (…) les manifestations doivent être autorisées”, a insisté M. Vizcarra. “Nous lançons aussi un appel à la police nationale pour qu’elle respecte les manifestants”.

Le bureau Amérique du sud du Haut-Commissariat de l’ONU pour les droits de l’homme a demandé aux autorités de garantir le droits des Péruviens à manifester, indiquant avoir reçu des “informations inquiétantes” sur le comportement de la police lors des manifestations.

“La police a l’obligation de respecter à tout moment les normes internationales sur l’usage de la force”, a déclaré son représentant, Jan Jarab.

La Commission intéraméricaine des droits de l’homme (CIDH) a exprimé jeudi sur Twitter sa “préoccupation face à l’utilisation excessive de la force”.

Martin Vizcarra nie “catégoriquement” avoir reçu 600.000 dollars de pots-de-vin en 2014 en échange de contrats de travaux publics lorsqu’il était gouverneur de la région de Moquegua (sud).

C’est sur la base de ces accusations qu’a été votée sa destitution.

Soutenu par la population pour sa croisade anti-corruption, M. Vizcarra s’était retrouvé à la tête du pays après la démission en 2018 de son prédécesseur, Pedro Pablo Kuczynski, dont il était le vice-président.


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