Mélenchon: La semaine où on ne sait pas si…

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SOURCE : Blog de Mélenchon

La semaine où on ne sait pas si...

Jour après jour, la pandémie étouffe tout autre sujet de discussion sur les plateaux de télévision et de radio. Ce que l’on appelait le « court-termisme », c’est-à-dire la gestion à courte vue, sans aucune perspective de long terme, est devenu la norme désormais dans la vie quotidienne de tout un chacun. On ne sait pas si on sera confinée demain, on ne sait pas qui sera vacciné ou pas. En fait on ne sait rien. Et il faut vivre dans l’incertitude absolue pour sa vie quotidienne.

Aucun d’entre nous insoumis, ne croit que cela soit possible. Il est exact qu’il s’agit là d’un dressage de masse à une obéissance aveugle. Le prix à payer en cas de refus d’obtempérer est soit des amendes de toutes sortes, soit la maladie ou avec elle la mort. Tel est l’ambiance à présent. À notre sens, une telle société n’est pas viable. Il faut donc s’attendre à ce que dans un plus ou moins long terme, la discipline craque d’une manière imprévue et dans des formes imprévisibles. Les premières émeutes contre des décisions de confinement que l’on a pu observer ici ou là dans le monde en attestent. Il est frappant d’observer comment aux Pays-Bas, les émeutes ont donné lieu aussi à des pillages de magasins d’alimentation. Quel révélateur de la profondeur de la crise sociale ! On voit réapparaître dans tous les pays des famines. Elles sont évidemment socialement situées.

Je me lasserais à reprendre ici tous les avertissements et les propositions dont nous avons, nous groupe parlementaire des insoumis, émaillé toute la période depuis le premier confinement. Je n’y reviens pas : cinq plans d’action, onze propositions de loi. Mais on continue à entendre de la part des lamentables députés LREM des « vous refusez tout, vous ne proposez rien ». Bien sûr cela signale avant toute chose à quel point ces gens sont incapables d’écouter quoi que ce soit d’autre qu’eux-mêmes.

Il est important de le dire et de le répéter : la France ne peut pas vivre de confinement en déconfinement et reconfinement. Pas seulement pour des raisons économiques, pas seulement pour des raisons d’organisation de la vie quotidienne. Elle ne le peut pas tout simplement parce qu’il est impossible de vivre en société de cette manière. Et les êtres humains ont besoin de vivre en société. L’incapacité du gouvernement à imaginer des alternatives au confinement exprime l’impasse sur laquelle débouche ses a priori idéologiques. Les néolibéraux croient que les êtres humains sont d’abord des producteurs ensuite des consommateurs, un point c’est tout. Ce que nous voyons c’est non seulement la limite d’une illusion idéologique mais c’est surtout le désastre qu’elle provoque.

Aucune des causes de la pandémie n’a été maîtrisée. Les élevages ultra intensifs par lesquels se propagent des zoonoses de masse sont toujours là. De même que les longues chaînes d’approvisionnement et d’interdépendance de l’alimentation et sa distribution. L’Organisation mondiale de la santé, et d’innombrables observateurs, ont dit et répété qu’il fallait s’attendre à une multiplication des pandémies. Il est donc essentiel de bien comprendre que nous devons apprendre à vivre avec. Et vivre, ce n’est pas mettre entre parenthèses la vie sociale et tout ce qui va avec. Souvenons-nous sur ce point que les pays d’Afrique vivent depuis des décennies au milieu des pandémies ou des maladies récurrentes. Ainsi le paludisme reste aujourd’hui la première maladie mortelle du monde. Vivre avec le risque de pandémie cela signifie : vivre autrement. Il va falloir orienter autrement les services de santé qui n’ont pas eu pour premier objectif la prévention et le traitement des pandémies comme d’autres systèmes sanitaires, notamment ceux d’Afrique.

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Dans l’immédiat, plutôt que le confinement, nous croyons au roulement. C’est-à-dire utiliser par rotation les transports en commun, les salles de classe, les chaînes de production, les locaux dont on a l’usage quel qu’il soit. La logique de la rotation doit remplacer celle du confinement. Le confinement doit être réservé à ceux qui sont malades. Il faut donc se donner les moyens de les accueillir pour les isoler. Je crois que tout cela est « de la politique », au sens noble que l’on peut et que l’on doit donner à ce mot. Il est important d’accepter de parler politique. Le faire, c’est commencer à ne plus être un pion dans la situation mais l’auteur de sa propre vie. Nous, les insoumis, nous en avons davantage besoin que d’autres. D’abord sur le plan psychologique car nous ne savons pas vivre sans discuter et disputer. Ensuite sur le plan politique. Le dernier sondage paru sur les élections présidentielles nous en informe assez crûment. En regardant de près le résultat nous notons qu’il nous est appliqué un taux d’abstention supérieure à celui des autres électorats tels que les socialistes ou les écologistes. Le résultat nous donne alors deux à trois points de moins que nous aurions si nous avions le même taux d’abstention. C’est clair : l’électorat jeune et populaire n’a pas la tête aujourd’hui dans le débat politique ni dans les alternatives à trouver face à la situation qu’il subit. Occupé à survivre, les nôtres sont naturellement indifférents au reste. C’est bien ce que nous pensions quand nous avons décidé de commencer tôt notre campagne présidentielle. On connait nos milieux sociaux. Il nous faudra y travailler plus dur, plus profondément, plus longtemps, plus méthodiquement. De leur côté, les milieux des classes moyennes supérieures qui vivent au rythme des effets de mode disposent des moyens et du temps d’une réflexion plus tranquille.

Que cela n’empêche pas un moment de légèreté amusée à cet endroit de mes lignes. Avez-vous noté comment tous ceux qui m’avaient accablé de leur sarcasme à propos de mon démarrage «  trop tôt » (en campagne présidentielle) sont à leur tour entrés dans l’arène ? Leur calendrier a donc été avancé ? Certains effets de « candidature champignon » se sont donc aussitôt épuisés, notamment dans la gauche traditionnelle. Là, les désillusions sondagières succèdent désormais aux inflations médiatiques. Ce feuilleton anime le paysage et il ne faut pas s’en plaindre s’il permet d’attirer l’attention. Il est possible qu’il produise aussi l’effet inverse. On a vu comment la télé du gouvernement, France 2, a traité l’autre jour le thème de « présidentielle à gauche ». Taubira, Montebourg tenaient le haut de l’affiche de France 2. Puis on mentionna qu’il y avait déjà « d’autres candidatures » et tous les noms étaient mis bout à bout sans discerner les cas et en oubliant du monde. C’est naturellement la pire vision politicienne qui puisse être ! Son résultat est avant tout de démoraliser et de dégoûter. À la fin de ce « sujet », pas une seule fois avait été évoqué autre chose qu’une compétition de personnes. Il était impossible de savoir ce qui éventuellement pouvait distinguer les uns des autres quant aux idées proposées. Bien sûr c’est désolant. Mais c’est assez traditionnel. C’était déjà la même chose en 2016. C’est toujours pareil. Ces « analystes » n’ont aucune espèce d’idées. Ils croient que la compétition peut se réduire à des questions de personnes comme c’est le cas dans leur profession. Comme dirait ce bon Marx : « les idées dominantes sont celles de la classe dominantes ». Et naturellement, cela vaut pour toutes les castes également.

Les radars médiatiques sont-ils une nouvelle fois en panne ? Vous n’aurez donc rien su de l’entrée en vigueur du Traité d’Interdiction des Armements Nucléaires (TIAN) le 22 janvier dernier. Pourtant le sujet du nucléaire militaire est de la plus haute importance. En effet, il en va de notre sécurité collective. Nous sommes une puissance nucléaire. Rien de ce qui se passe sur le sujet ne peut nous laisser indifférents. D’autant plus dans le climat géopolitique actuel. La grande déflagration économique qui murit dans les sociétés voit aussi se superposer les conséquences politiques des mouvements de population et les compétitions entre les États pour l’accès à l’eau, en lien avec le réchauffement climatique. L’ambiance générale n’est pas à l’apaisement.

Pour comprendre l’importance du sujet, il faut revenir aux origines de la diplomatie internationale en la matière d’armes nucléaires. Le premier traité de la régulation internationale en la matière date de 1970. Il s’agit du Traité de non-prolifération (TNP) des armes nucléaires. Il a octroyé le droit aux pays déjà dotés de l’arme nucléaire avant janvier 1967 de la détenir légalement. Cependant, il ne disait rien du droit à propos de leur emploi. Ce régime de privilège bénéficie notamment aux États-Unis, à la Russie, au Royaume-Uni, à la Chine et à la France. D’autres pays comme Israël, l’Inde et le Pakistan sont des puissances nucléaires officieuses sans être signataires du traité. Tous les autres se sont vu interdire le développement d’une telle arme.

Ce premier traité comprend deux contreparties quand un pays renonce à se doter de l’arme nucléaire. D’une part, il prévoit des négociations en vue de parvenir à un arrêt de la course aux armements nucléaires, et à terme à un désarmement général sous contrôle international. D’autre part, il implique de favoriser la coopération pour l’accès à l’énergie nucléaire à usage civil pour tout pays demandeur. Plus tard, il a été complété par l’engagement des puissances nucléaires à ne pas attaquer avec leurs armes atomiques des pays signataires qui n’en seraient pas dotés. Il a été définitivement adopté en 1995, à l’unanimité des pays signataires.

Pour autant, ce traité est aujourd’hui moribond. Dans les faits, le désarmement nucléaire est au point mort. On recense environ 14 000 armes nucléaires dans le monde, dont 2000 en état d’alerte opérationnelle. C’est-à-dire de quoi annihiler 100 fois la planète. Cinquante ans après la signature de ce traité, 50% de la population mondiale vit dans des pays détenteurs d’armes nucléaires ou membres d’alliances nucléaires.

Ces dernières années, les puissances atomiques ont lancé des plans de modernisation de leurs arsenaux. Cette course aux armements bloque mécaniquement toute perspective de non-prolifération. En effet, on peut comprendre que des puissances non nucléaires puissent mal supporter l’injonction à ne pas se doter de ces armes. Et encore plus si l’on interdit le nucléaire civil quand cette interdiction est formulée par des puissances nucléaires qui ne tiennent pas leurs propres engagements en matière de désarmement. Ainsi dans le cas USA versus Iran.

La France est loin d’être exemplaire. Les choses commençaient fort mal puisque nous sommes signataires du premier traité mais ne le respectons pas. Sous couvert d’un soutien officiel au Traité de non-prolifération (TNP), dont nous sommes membres depuis 1992, les gouvernements successifs ont commis de graves entorses à son contenu. L’article 6 de ce premier traité prévoit en effet que « chacune des Parties au Traité s’engage à poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire et sur un traité de désarmement général et complet sous un contrôle international strict et efficace ».

Or, Emmanuel Macron n’a eu de cesse de réaffirmer la puissance nucléaire militaire française. La dernière Loi de Programmation Militaire prévoit la « modernisation » de son arsenal à hauteur de 37 milliards d’euros sur 10 ans. Il a également prôné l’élargissement du parapluie nucléaire français à toute l’union Européenne. Cela implique une logique de développement des armes nucléaires. Notons aussi d’ailleurs comment vouloir partager une clé de notre souveraineté avec des pays ayant des intérêts divergents est aussi une hallucination dangereuse. D’autant que Macron s’est montré favorable à élargir la dissuasion nucléaire à « toute forme d’attaque », y compris celles qui ne seraient pas nucléaires. C’est une perspective contraire à l’esprit du traité de non-prolifération. C’est simple, tout est dans le titre.

L’ambiance générale mondiale a motivé la majorité des pays de la planète à adopter en juillet 2017, à l’Assemblée générale de l’ONU, un Traité d’interdiction des Armes Nucléaires. Ce traité est donc entré en vigueur le 22 janvier 2021. Ce nouveau traité introduit une norme d’interdiction totale des armes nucléaires. Il les rend illégales, qu’il s’agisse de leur fabrication, de leur possession, ou encore de la menace de leur utilisation. En clair, il condamne toute stratégie de dissuasion nucléaire.

Ce nouveau traité multilatéral est perçu par les cinquante pays l’ayant ratifié comme un moyen de faire pression sur les puissances nucléaires afin de remettre le désarmement au cœur de l’agenda. Pourtant, aucun pays doté de la puissance nucléaire ne l’a ratifié. Pire, le gouvernement français a tout fait pour l’empêcher de voir le jour. Il a boycotté les réunions onusiennes et exercé des pressions sur certains des futurs pays signataires. Le Drian est allé jusqu’à déclarer que « sur ce sujet, la politique de l’incantation confine à l’irresponsabilité. »

Je crois au contraire qu’il faut prendre le sujet, et ceux qui le portent, au sérieux. Cet accord est le résultat des efforts d’organisations notamment regroupées au sein de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN). Cette initiative a été lauréate du prix Nobel de la paix 2017. Nous les avons reçus à l’Assemblée nationale au mois de février 2020.

Pour un désarmement nucléaire multilatéral - Rencontre ICAN-LFI à l'Assemblée nationale

Certes, la dissuasion reste pour la France un outil irremplaçable aussi longtemps qu’il n’y a pas d’alternatives militaires. Et aussi longtemps que la capacité de voir ce système détruit depuis l’espace n’existe pas. Pour autant, je ne partage pas la manière dont le gouvernement français a affronté ce traité. En effet, la France aurait dû saisir l’opportunité de relancer une dynamique de désarmement nucléaire multilatéral. Évidemment, dans le contexte actuel la dissuasion ne saurait être abandonnée du jour au lendemain de manière unilatérale. Il ne peut pas être question de demander aux Français de désarmer les premiers. Il faudrait que ce soient ceux qui ont le plus d’armes nucléaires qui commencent, c’est-à-dire les États-Unis et la Russie.

L’arme nucléaire implique la souveraineté des pays qui s’en dotent. Mais son usage éventuel menacerait la terre entière. Il y a donc un droit universel à intervenir sur ce sujet. Dans ce cadre, la France peut jouer un rôle central à l’ONU en montrant la voie. Elle pourrait se placer en médiatrice entre les puissances, en force indépendante et exemplaire au service du droit international. Avec nous, la diplomatie s’appuierait sur tous ceux qui, dans le monde, sont d’accord pour exiger le désarmement nucléaire. Cette perspective est autrement plus conséquente que la fuite en avant gesticulante du gouvernement.

Une information pourtant cruciale est passée inaperçue. Il y a dix jours, un petit article du Monde signalait l’envolée des cours mondiaux des céréales. Le prix de la tonne de blé a flambé de 20% en six mois. Le maïs de 18% sur la même période. Celle-ci découle d’un certain nombre de mouvements financiers spéculatifs. Ils sont liés aux incertitudes de la période et aux besoins de reconstituer les stocks après un an de confinements en série. Le marché chinois commande ainsi quatre fois plus de maïs que prévu. Dans le même temps, la Russie a décidé de taxer les exportations de blé à partir de février. De son côté l’Argentine suspend celles du maïs pour tenter de juguler l’inflation.

Tout se passe comme je l’avais craint en mai 2020 dans mon essai « l’Engrenage ». J’y ai alors exploré le rôle du Covid-19 sur les réseaux et les flux dont dépend toute l’économie capitaliste de notre époque. Pour suivre la théorie de « L’ère du peuple », il faut étudier le type de dépendance les plus élémentaires de nos sociétés humaines. Leur mise en réseau collectif institue une dépendance nouvelle des humains à l’égard des réseaux collectifs qui en assurent la production et la distribution. C’est le cas de la question agricole et alimentaire. Même son insertion en réseau qui la rend tout simplement possible, n’est pas absolument évidente. Alimentation et agriculture sont au point de départ de toutes nos activités. En effet, l’occupation première de tout individu est de se procurer à manger. Il faut donc observer avec attention ce réseau dont dépend cet approvisionnement. Le système alimentaire mondial actuel est tout entier basé sur des chaînes d’interdépendances longues et de circulation permanente de produits à flux tendus. Cette internationalisation et l’allongement des chaînes de production alimentaires ont rendu les pays du monde entier interdépendants. De fait, cela créé une situation d’équilibre instable : un seul caillou et toute la machine globalisée s’enraye.

Le Covid-19 a bien illustré cette extrême fragilité. En effet, la pandémie a eu des conséquences multiples en divers endroits de cette chaîne logistique complexe. D’abord, on a noté la consommation accrue et soudaine de certains produits de première nécessité. Face à cela, certains pays ont commencé à reconstituer des stocks en urgence et fermé les vannes de leurs exportations. Dans le même temps, les phases de confinement ont bloqué par épisodes successifs la production et l’acheminement des marchandises, à commencer dans l’agriculture, par les êtres humains qui récoltent et transportent. Ces soubresauts ont provoqué des épisodes de montagnes russes des prix et des quantités disponibles. Pour finir, la spéculation s’est installée et, globalement, elle a renforcé l’envolée des prix alimentaires. En bout de chaîne, la conséquence est sociale : c’est une aggravation considérable de la précarité alimentaire.

La financiarisation du secteur est un autre point d’entrée possible pour le chaos capitaliste de notre temps. En effet, l’agriculture est devenue un produit financier comme un autre. Dans « l’Engrenage », j’en ai expliqué le fonctionnement déconnecté du réel. « Depuis le début des années 2000, les échanges sur les produits dérivés agricoles ont été multipliés par 16. Et seulement 2% des transactions sur les bourses agricoles correspondent à une livraison physique de denrées. La plupart des récoltes sont achetées et vendues plusieurs fois avant même d’avoir été semées. »

Ce système totalement dérégulé peut provoquer une flambée des prix. Cela a déjà eu lieu par le passé. En 2006-2008, une bulle spéculative sur les marchés agricoles avait fait s’envoler le cours du blé de 164%, celui du soja de 124% et du maïs de 178%. Cela avait engendré des émeutes de la faim dans de nombreux pays et constitué le point de départ de ce qu’on a par la suite appelé le « printemps arabe ».

Cette démonstration doit éclairer notre compréhension de la situation actuelle. Elle appelle toute notre vigilance. Le Covid-19 continue de perturber l’intégralité de la chaîne agricole et alimentaire. Et ce n’est pas tout. Les conséquences des bouleversements climatiques se superposent aux difficultés déjà existantes. En effet, la multiplication et l’intensification des épisodes de sécheresse et d’inondations ont altéré les cultures du monde entier. En conséquence, l’indice FAO des prix des produits alimentaires de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture a atteint son plus haut niveau depuis trois ans. Le Covid-19 a donc fait exploser la précarité alimentaire de millions d’êtres humains. La déflagration économique atteint les conditions matérielles des individus. Privés de revenus et confrontés à une hausse des prix, l’insécurité alimentaire ne peut que croître.

Ainsi, en mai, je tirais déjà le signal d’alarme : « La crise alimentaire en marche va devenir la première préoccupation des gens. Elle va mettre le système au pied du mur : soit il trouve le moyen de sortir sans mal des chaines d’interdépendances de la globalisation et il encadre, par les prix ou la réquisition, le réseau alimentaire, soit il devra affronter les émeutes de la faim déjà observées dans un passé récent. » En 2019, 135 millions de personnes dans 55 pays étaient déjà au bord de la famine. Les analystes prévoient que les prix continueront à augmenter en 2021.  Si ces derniers n’ont pas encore atteint les niveaux de 2008, tous les ingrédients du cocktail explosif sont désormais réunis. Et le maïs risque de se transformer en pop-corn social.


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