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SOURCE : NPA
Selon le Premier ministre, le « variant anglais » du Covid-19 est désormais présent à 60 % parmi les cas testés en France. D’autres variants, le « brésilien » ou le « sud-africain », progressent eux aussi, laissant présager le maintien de la circulation du virus à un haut niveau et la possibilité d’un emballement de l’épidémie.
Tout cela n’empêche pas l’exécutif de persister, du moins en paroles, dans son « pari » d’éviter un confinement généralisé. Macron parlait, le 1er mars, d’une réouverture des magasins et lieux de culture fermés d’ici « quatre à six semaines » et Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, évoquait, le 3 mars, un « retour à une vie plus normale […] peut-être dès la mi-avril ».
Un possible confinement généralisé ?
Dans la réalité, c’est pourtant la direction inverse qu’indiquent les mesures supplémentaires annoncées la semaine dernière par le gouvernement : extension du confinement du week-end à tout le Pas-de-Calais, nouvelles interdictions et mesures de contrôle dans les zones dites de « vigilance renforcée », qui touchent désormais trois départements supplémentaires. Cette extension progressive cherche à préparer et à faire mieux accepter un possible nouveau confinement généralisé.
Pour gagner son « pari », le pouvoir tente aussi d’accélérer la vaccination, et d’éviter ainsi un afflux trop massif vers les services hospitaliers. Mais là encore, les annonces médiatiques (plus de 40 000 vaccinations en un week-end) ne peuvent masquer la réalité. Le seul moyen sûr pour arriver rapidement à une immunité collective serait de mettre fin aux brevets et de faire produire les millions de doses nécessaires par la réquisition des capacités de production de l’industrie pharmaceutique, ce que le pouvoir se refuse à faire. Restant à la merci de l’approvisionnement par les laboratoires producteurs de vaccins, l’exécutif risque, une nouvelle fois, d’être loin des objectifs annoncés.
« Passeport » et « pass sanitaire », des solutions pour la suite ?
Portée depuis des mois par les entreprises du transport aérien, l’idée d’un « passeport vaccinal » est aujourd’hui largement reprise dans les milieux patronaux, parmi les dirigeants de l’Union européenne et ceux d’États, en particulier là ou la place de l’industrie touristique est déterminante (Grèce, Autriche, État espagnol…). L’attestation d’une vaccination, supposée être le garant de la non-contagiosité, deviendrait le sésame indispensable pour prendre un avion ou entrer dans un pays. Elle ne protégerait pas pour autant les peuples du Sud privés de vaccins qui accueilleraient des touristes avec leur passeport sanitaire. Ce serait l’équivalent d’un droit de contaminer puisque le vaccin diminue les formes graves, mais pas forcément les contaminations.
Réticent jusqu’alors, en raison du très faible taux de vaccination dans le pays, l’exécutif français reprend aujourd’hui l’idée du passeport et envisage même l’élargir. Le 25 février, Macron traçait la perspective d’un « pass sanitaire », en vue de la réouverture des lieux culturels et de convivialité, ou pour assister à des spectacles.
La première fonction de ce « pass » qui serait lié à l’application « Tous anti-Covid » serait d’identifier les personnes fréquentant un lieu afin de pouvoir, le cas échéant, découvrir et remonter les chaînes de contamination.
La seconde serait d’autoriser l’accès ou non aux bars, restaurants, salles de sport, cinémas, et de permettre la participation aux grands événements culturels et sportifs (festivals, compétitions, etc.)
Compte tenu du faible niveau de la couverture vaccinale, le « pass » attesterait soit de la vaccination, soit d’un test négatif récent (48/72 h) soit d’une autre forme d’immunité acquise (personne ayant eu la maladie).
Ce projet doit être combattu à plusieurs titres
Outre les problèmes de confidentialité des données de santé et de traçage de nos activités que poserait le « pass », il serait source d’une « citoyenneté à deux vitesses ». Elle opposerait ceux qui, s’étant fait vacciner, pourraient aisément accéder à certains lieux et services et les autres, pour qui l’accès serait rendu beaucoup plus difficile voire impossible. Cette inégalité de traitement serait d’autant plus injuste qu’elle résulterait, pendant encore des mois, de l’impossibilité, pour des catégories entières de la population (notamment les plus jeunes) de se faire vacciner.
Enfin, le pass sanitaire serait un moyen, bien dans le style de l’exécutif, de contraindre, de fait, à la vaccination, tout en prétendant laisser à chacunE le libre choix, au lieu de mener une bataille de persuasion pour convaincre.
On peut enfin craindre que l’exigence du pass sanitaire ne s’étende au domaine du travail et de l’entreprise. Les tentatives pour imposer la vaccination aujourd’hui aux soignantEs pourrait demain concerner d’autres professions en contact avec le public (par exemple la restauration). Faudra-t-il désormais montrer son « pass sanitaire » pour obtenir un emploi ?
Cette mesure hypocrite, discriminatoire et contre-productive doit être combattue, en même temps que doit se renforcer la campagne autour de l’appel « Stop brevets, réquisition » pour créer les conditions d’une vaccination rapide et sûre susceptible de rencontrer une adhésion très large et de vaincre les réticences.