La pollution de l’air favoriserait la transmission (et les formes graves) du Covid-19

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SOURCE : Usbek & Rica

Plusieurs études établissent un lien direct entre épisodes de pollution de l’air et transmission du Covid-19, voire développement de formes graves de la maladie. Mais d’autres scientifiques restent prudents et appellent à mener des études « plus fines » sur le sujet.

« D’après une étude réalisée par l’école de santé publique de l’université Harvard, aux États-Unis, les patients touchés par le coronavirus dans des zones où la pollution atmosphérique était élevée avant l’épidémie sont davantage susceptibles de mourir de l’infection que ceux qui résident dans des régions moins polluées. » Voilà ce que nous écrivions sur notre site il y a bientôt un an, en avril 2020, à une époque où les premières mesures de restriction sanitaire liées au Covid-19 commençaient à peine à être mises en place un peu partout dans le monde.

« Facteur déterminant »

Quelques mois plus tard, certaines études permettent d’établir un lien encore plus direct, quoique de nature sensiblement différente, entre pollution de l’air et coronavirus. Selon leurs auteurs, les épisodes de pollution de l’air constituent, au moment même où ils interviennent, un facteur de risque favorisant aussi bien la transmission que les formes graves du Covid-19.

En novembre 2020, l’épidémiologiste Antoine Flahault signait par exemple, avec ses collègues de l’université de Genève, un article dans la revue Earth Systems and Environment mettant en évidence une nette corrélation entre la survenue de plusieurs pics de pollution et des poussées de contaminations au SARS-CoV-2.

Analysant les relevés des concentrations de matières polluantes dans l’atmosphère à Paris, à Londres et dans le Tessin, un canton italophone situé au sud de la Suisse, l’étude souligne que certaines vagues épidémiques, notamment celle qui a eu lieu en mars 2020 à Paris, coïncident avec des pics de particules fines PM 2,5 (dont la taille est inférieure à 2,5 micromètres et qui sont considérées comme particulièrement dangereuses pour la santé) dans ces mêmes zones géographiques.

How much does air pollution amplify COVID-19 severeness? | COVID-19 Special

Par ailleurs, l’équipe de recherche helvétique montre que les concentrations aiguës de particules fines, particulièrement celles de ces fameuses PM 2,5, entraînent « une inflammation des voies respiratoires, pulmonaires et cardiovasculaires, et épaississent le sang », augmentant ainsi le risque de formes graves. « En combinaison avec une infection virale, ces inflammations peuvent donc entraîner une grave progression de la maladie. L’inflammation favorise également l’arrimage du virus à nos cellules », précise le chercheur Mario Rohrer dans un communiqué.

Incertitude

« Le rôle des concentrations élevées en particules fines dans l’air pourrait être l’un des facteurs déterminants majeurs tant de la transmission que de la gravité du Covid-19, expliquait encore récemment le professeur Flahault au quotidien Le MondeQu’elles soient d’origine naturelle, comme le sable du désert, ou anthropiques, les particules fines sont associées à des rebonds épidémiques de maladies respiratoires transmissibles, et notamment de Covid-19. »

Récemment, de nombreuses régions françaises ont été touchées par des épisodes de pollution liés à des remontées de poussière de sable en provenance du Sahara, ce qui a pu participer, selon Antoine Flahault, à « l’aggravation de l’épidémie tant dans le nombre de nouvelles contaminations que d’hospitalisations de cas de Covid-19 ». Sur Twitter, le spécialiste conseille d’ailleurs de porter un masque durant ces épisodes, y compris « dehors et en toutes circonstances », pour limiter les risques.

Une étude datant de février dernier et publiée dans la revue European Respiratory démontre, de la même manière, que « les expositions à court et à long terme à la pollution atmosphérique peuvent être un facteur aggravant important de la transmission, mais aussi de la gravité et de la létalité du Covid-19, à travers des mécanismes multiples ». On peut par exemple y lire que les polluants atmosphériques « réduisent la quantité de rayons UV qui ont une activité antivirale », «  favorisent la persistance virale dans l’atmosphère des virus » et «  jouent [ainsi] un rôle dans la réponse immunitaire contre les infections virales ».

D’autres analystes se font cependant plus prudents. Publiée en janvier 2021, une étude commandée par le Parlement européen et réalisée par une dizaine de chercheurs du Vieux continent, insiste par exemple sur le fait qu’il « a été très difficile, jusqu’à présent, de distinguer les effets indépendants de la pollution de l’air des effets d’autres facteurs sur les vagues de contamination ».

Tout en rappelant que « l’impact global de la pollution atmosphérique sur les maladies cardiaques et pulmonaires chroniques est plus que démontré et impose des politiques [environnementales] radicales », les chercheurs en concluent qu’il existe « vraisemblalement une surestimation des effets de la pollution atmosphérique sur la fréquence et la gravité du Covid-19 dans les études disponibles à ce jour ». Et les chercheurs de recommander, pour résoudre cette incertitude, que des « études plus fines » sur le sujet soient menées dans les prochaines années. Avec « le recul nécessaire » et « des meilleures données ».


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