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SOURCE : La presse
(Paris) Surnommé « le Che du sport » par Fidel Castro, son « second père », « amoureux » d’Hugo Chavez et « soldat » de Nicolas Maduro, Diego Maradona a toujours montré un engagement politique à gauche toute, à coups de formules-chocs détonantes dans le monde du football.
Mar del Plata, 2005. Le président américain George W. Bush se rend en Argentine au Sommet des Amériques pour défendre un projet de zone de libre-échange continentale. Il y trouvera Maradona.
Appelé à la tribune par le président vénézuélien Hugo Chavez, l’ancien joueur appelle la foule à « virer » Bush d’Argentine. Ovation assurée.
Il faut dire que Maradona avait préparé le terrain, demandant à « rejeter cette ordure humaine qu’est Bush », dans le train qui le menait à Mar del Plata aux côtés de 150 personnalités, dont le futur président bolivien Evo Morales et le réalisateur Emir Kusturica, qui en tirera un documentaire.
Comme en écho, en 2019, alors entraîneur des Dorados de Sinaloa en deuxième division mexicaine, Maradona s’en prend cette fois à Donald Trump : « Les shérifs du monde que sont ces Yankees croient que parce qu’ils ont la plus grande bombe au monde ils peuvent nous diriger. Mais non, pas nous. Cette marionnette qu’ils ont comme président ne peut pas nous acheter ».
Cette aversion pour les États-Unis est profondément ancrée chez l’enfant de Villa Fiorito, bidonville des faubourgs de Buenos Aires.
Fidel et le Che dans la peau
« El Pibe de Oro », le gamin en or, n’a pas oublié ses racines et n’a jamais caché ses idéaux. À des années-lumière de l’autre joueur de l’Histoire, le Brésilien Pelé, qui fut ministre dans son pays et jugé proche des institutions, dont la FIFA.
En 1987, un an après « la main de Dieu » et son sacre mondial, Maradona rend visite pour la première fois à Fidel Castro à Cuba.
Quand il tutoie la mort en 2000 et 2004, souffrant de dépendance à la cocaïne et d’obésité depuis la fin de sa carrière en 1997, c’est sur l’île qu’il va se faire soigner. En 2005, devenu animateur de télé à succès, il interviewe Castro à La Havane dans son émission « La noche del Diez ».
Leur relation est aussi épistolaire et c’est par une lettre à Maradona que l’ancien chef d’État cubain le rassure sur son état de santé, en 2015. Quand un an après, l’annonce de la mort de Castro est véridique, Maradona déplore la perte d’un « second père » et pleure : « Je me sens cubain ».
Un lien qu’il a jusque dans la peau : au mollet gauche, l’ancien sélectionneur argentin est tatoué de l’effigie de Castro. Autre figure de la révolution cubaine, l’Argentin Che Guevara l’accompagne à l’épaule droite.
« L’histoire a voulu qu’ils partent le même jour », lui a rendu hommage le ministère des Affaires étrangères de Cuba à la mort de Maradona, mercredi 25 novembre 2020, quatre ans jour pour jour après celle de Castro.
« Amoureux » de Chavez
« Moi j’aime les femmes, mais je suis sorti complètement amoureux (du déjeuner) parce que j’ai connu Fidel Castro, (le président libyen) Mouammar Kadhafi et maintenant je connais un géant comme Chavez », lance l’ancien footballeur en 2005 après sa rencontre avec le président vénézuélien.
« Avec Fidel Castro, Chavez (et les présidents du Brésil et d’Argentine) Luiz Inacio Lula da Silva et Nestor Kirchner […], je crois que l’on peut former une bonne alliance contre la pauvreté, la corruption et rompre la relation filiale avec les États-Unis », dit-il, affirmant que l’émotion d’avoir connu Chavez avait été « peut-être plus forte » qu’une victoire en Coupe du monde.
En 2013 puis 2018, Maradona se présente comme un « soldat » du successeur de Chavez, Nicolas Maduro, et assiste à ses assemblées électorales.
En marge de la finale de la Coupe du monde 2018 en Russie, il rencontre Mahmoud Abbas, président palestinien : « Cet homme veut la paix en Palestine. Le président Abbas a un pays à part entière », est-il écrit sous la photo des deux hommes sur le compte Instagram du « Diez ».
Chez lui aussi, en Argentine, Maradona embrasse le pouvoir, quand il est à gauche. Il dit, à la mort de Nestor Kirchner en 2010, que « l’Argentine a perdu un gladiateur » et, en 2015, envoie des roses à Cristina Kirchner pour la fin de son mandat, huit ans après qu’elle a pris la suite de son mari.