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SOURCE : Blog de mediapart
Cent cinquante années nous séparent de ce printemps de 1871 au cours duquel Paris – mais également d’autres cités de l’Hexagone – fut le théâtre d’une insurrection ouvrière qui est devenue emblématique pour le mouvement révolutionnaire international. Ces 72 jours d’espérance, de combats, de douleurs, de joies, de sacrifices, d’héroïsme alimentent toujours les réflexions, les analyses, les controverses.
La Fédération anarchiste, groupe Commune de Paris 1871 et la Confédération nationale du travail (CNT-RP) organisent les 23 et 24 janvier 2021 un colloque consacré à la Commune de Paris de 1871 en s’appuyant sur l’événement historique et en démontrant l’actualité de l’avènement d’une société autogestionnaire construite en rupture avec les lois économiques, sociales, politiques, idéologiques qui régissent la marche erratique du capitalisme. Ce socle génétique partagé avec les révolutionnaires de 1871 qui se sont soulevés pour l’émancipation du genre humain, c’est donc une Commune vivante qui sera évoquée dans toute son hétérogénéité, refusant «mythifications» comme mystifications.
Cette tâche est d’autant plus essentielle pour les libertaires et anarchosyndicalistes que, pendant plus d’un siècle, la référence à la Commune a été l’objet de multiples appropriations, souvent réductrices, inféodées à des dogmes politiques, revisitées au prisme des besoins de l’actualité.
REDÉFINIR LES QUESTIONS SOCIÉTALES
Dans cet hommage rendu aux Communards, les organisateurs abordent la question sociale de l’organisation du travail, prise en main par les producteurs, négation du rôle patronal et de la fonction étatique, avec toutes les réserves induites par la réalité des affrontements militaires, contexte similaire auquel les masses ouvrières et paysannes espagnoles seront confrontées en 1936. La place des femmes dans la révolution de 1871, souvent traitée de manière parcellaire, réductrice, parfois caricaturale, est ici approfondie, fournissant des clefs pour saisir les ressorts qui ont conduit ces femmes à pleinement investir, sur de nombreux fronts, y compris sur les barricades, le processus révolutionnaire. Les mobilisations ouvrières offensives ou solidaires qui ont eu lieu hors de Paris, comme à Lyon, à Marseille, en Isère, à Périgueux, Narbonne, Limoges, Bordeaux, sont ici relatées, choix d’une rupture avec une vision jacobine et centraliste de la Commune de Paris. Sur la question de l’éducation, retour sur les réflexions, conceptions produites par les communards afin de situer ces propos, mesures dans la trajectoire que suivra la pédagogie anarchiste au fil du temps, analyse stimulante pour décrypter les anticipations qui sont apparues dans le creuset révolutionnaire de 1871.
LA PLACE DU COURANT ANTIAUTORITAIRE
Ce colloque était par ailleurs le lieu idéal pour s’arrêter sur le courant antiautoritaire, numériquement minoritaire, mais cependant très actif tant au sein des instances de la Commune, des commissions, que sur le terrain, civil ou militaire. La question de l’art et des artistes fait l’objet d’une étude très fournie qui apporte un nouvel éclairage sur la Fédération des artistes de Paris, son programme, la place de la création, celle des métiers d’art. Enfin il eût été paradoxal d’évoquer ces faits historiques sans prendre en considération le rôle joué par l’Association internationale des travailleurs (AIT), l’internationalisme étant au cœur des principes et pratiques de la Commune.
Les thématiques traitées, nécessairement limitées, synthétisent la filiation qui relie les aspirations des communards aux nécessités des luttes du XXIe siècle: organisation autogérée du travail et coopérativisme, le féminisme comme composante de la lutte sociale, les pratiques éducatives à instaurer dans la cohérence d’un projet sociétal autogestionnaire, la coordination des luttes sur l’ensemble du pays, le devenir de l’art déconnecté des lois du marché, l’affirmation de principes antiautoritaires et fédéralistes comme alternative aux hiérarchies étatiques et patronales, l’internationalisme en actes comme négation du chauvinisme et du patriotisme. Ces valeurs, les communards les ont gravées en lettres de sang sur les barricades de Paris, dans les rues de Marseille ou de Lyon, d’autres les ont transmises au hasard des déportations ou de l’exil. n
FRANCIS PIAN
PROGRAMME DU COLLOQUE:
Film La Commune de Guerra
Conférence inaugurale Les internationalistes anti-autoritaires
La Commune et les femmes
La Commune et l’éducation
Les artistes et la Commune
Les autres Communes
Les réquisitions d’ateliers
Concert Serge Utgé-Royo
Lieu: 23 et 24 janvier 2021 Lycée autogéré de Paris 393 rue de Vaugirard 75015 Paris