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SOURCE : NPA
L’Organisation internationale du travail (OIT) vient de sortir deux rapports sur le travail au temps du Covid-19. Ils montrent que la pression à la baisse sur les salaires est très nette et que l’expansion du télétravail est lourde de risques pour les travailleurEs.
Dans les deux tiers des pays pour lesquels l’OIT dispose de données récentes, on a observé, au premier semestre 2020, une pression à la baisse sur le niveau ou sur le taux de croissance des salaires moyens. Dans les autres pays, le salaire moyen a augmenté de façon largement artificielle, reflétant les suppressions d’emplois qui ont touché les travailleurEs faiblement rémunérés. En effet, en temps de crise, lorsque beaucoup de ceux qui perdent leur emploi sont parmi les travailleurEs les plus faiblement rémunérés, le salaire moyen qui est calculé pour le reste des personnes employées augmente automatiquement.
Au Brésil, au Canada, aux États-Unis, en France et en Italie, les salaires moyens ont visiblement augmenté en raison des suppressions d’emplois qui ont frappé essentiellement celles et ceux qui se situent au bas de l’échelle salariale. Le rapport confirme que, par le biais des suppressions d’emplois, des réductions d’horaires, la crise a touché de manière disproportionnée les travailleurEs faiblement rémunérés ainsi que les femmes. Tout ceci malgré les aides de toute nature reçues par les entreprises.
Expansion du travail à domicile
Un autre phénomène marquant lié à la pandémie est l’expansion du travail au domicile. Le rapport montre en effet que le télétravail s’apparente à des formes de travail déjà existantes. À travers le monde, le travail au domicile prend des formes très diverses, des plus traditionnelles (mais néanmoins souvent de plus en plus dépendantes directement ou indirectement du marché capitaliste) aux plus modernes liées aux progrès des TIC (technologies de l’information et de la communication). Le rapport note que dans la seconde moitié du 20e siècle, le travail au domicile est apparu en force dans un large éventail de branches d’activité, telles que les assurances, les services bancaires et le tourisme. Plus récemment, l’essor des plateformes numériques de travail a également élargi les possibilités de travailler à domicile. Avec la pandémie, le télétravail de salariéEs antérieurement employés dans un établissement a pris son essor.
Le travail au domicile est parfois ressenti comme un avantage pour les salariéEs avec le gain du temps de déplacement domicile-travail et parfois une possibilité d’aménager son temps de travail et ainsi de faire face aux contraintes familiales (ce qui est d’abord un problème posé aux les femmes). Mais sur tous les autres plans, note le rapport, la situation de ces travailleurEs est le plus souvent négative par rapport à celle des salariéEs.
TélétravailleurEs pénalisés
Ainsi, si le niveau d’éducation, l’âge et la profession sont pris en compte, une pénalité pour le travail à domicile est observée dans presque tous les pays, même pour les professions les plus qualifiées. Les travailleurEs à domicile gagnent 13 % de moins que les travailleurEs non basés à domicile au Royaume-Uni et 22 % de moins aux États-Unis. Dans un rapport précédent en 2018, le BIT notait qu’aux États-Unis « presque deux tiers des “crowdworkers” (ouvrierEs du clic) travaillant pour Amazon touchent moins que le salaire minimum de 7,25 dollars de l’heure ». Les salariéEs passés récemment au télétravail conservent les salaires de leur entreprise, mais comment la rémunération des emplois qu’ils et elles tiennent va-t-elle évoluer à l’avenir ?
Le rapport énumère les risques déjà constatés ou potentiels pour les télétravailleurEs : l’estompement de la séparation entre le temps de travail et le temps personnel et familial, les risques ergonomiques pouvant entraîner des troubles musculo-squelettiques, les risques psychosociaux dus à l’isolement social, les problèmes de formation, voire d’accès au matériel nécessaire, etc. Ceci sans parler du plus grand risque de pressions sur la charge de travail et, pour certains, l’éventualité d’être remplacé par un « auto-entrepreneur ».
En France, lors des négociations de l’automne 2020 sur le télétravail, le patronat a refusé tout texte « normatif » ou « prescriptif » et après l’accord (non signé par la CGT), le président du MEDEF s’est félicité : « Chaque entreprise mettra à sa sauce le télétravail, les représentants du personnel ne seront pas nécessairement consultés. » C’est bien cela qu’il faut éviter !