AVANT-PROPOS : les articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » ne représentent pas les positions de notre tendance, mais sont publiés à titre d’information ou pour nourrir les débats d’actualités.
SOURCE : NPA
Samedi 30 janvier, une journée de grève avait lieu dans la coopérative bio « Les Nouveaux Robinson ». Il s’agissait du deuxième acte d’une lutte appelée à durer.
Chaîne d’une vingtaine de magasins bio implantés à Paris et dans sa plus proche couronne, les Nouveaux Robinson semblent être dans les limbes, mais la situation est tout sauf pacifique pour les salariéEs. Aux antipodes des engagements et promesses faites aux salariéEs et aux clientEs dans les statuts qui régissent la coopérative, le directoire met en place un océan de diverses méthodes managériales qui envoient les salariéEs aux galères, tout en continuant la communication mensongère sur l’« éthique » de l’enseigne (entreprise sociale respectueuse, gestion démocratique, partage équitable des bénéfices, etc.).
Or dans les deux dernières années, 50 emplois sur 300 ont été supprimés dans les magasins . Dans le même temps, la chaîne hiérarchique se voit renforcée par de nouveaux maillons, avec des postes créés pour surveiller au plus près les salariéEs. Les licenciements abusifs et les évictions abjectes se multiplient, et désormais, pour la première fois, les salaires sont bloqués. Toutes les enseignes bio ont connu une hausse de leur chiffre d’affaires, y compris pendant le confinement… sauf les Nouveaux Robinson : pour les salariéEs, il est évident que l’explication majeure est à mettre sur le compte d’une très mauvaise gestion par la direction.
D’autres revendications sont tout aussi importantes, pour une réelle gestion coopérative : la révocation du directoire et de la responsable RH (les patrons licencient, licencions les patrons !) et la démocratisation de l’enseigne avec des assemblées générales de sociétaires (clientEs et salariéEs inclus), ainsi que l’association de ces dernierEs aux décisions économiques et à la politique de la chaîne.
Les Vrais Robinson en grève !
Ce samedi 30 janvier à Montreuil, les portes du magasin étaient bloquées par un joli piquet de grève… que la direction n’a pas respecté, en faisant entrer quelques clientEs par la porte d’une salle de pause voisine. Elle a également appelé un huissier. Mais les clientEs sont très largement solidaires, à Montreuil et même à Boulogne ! Sur place, la caisse de grève s’est bien remplie, et il en existe également une en ligne.
La grève était tout de même nettement moins suivie que celle du 11 décembre dernier, avec des facteurs de démoralisation qui touche tout le mouvement social en cette période morose, mais aussi la volonté d’inscrire le mouvement dans la durée. Les soutiens militants étaient en revanche plus nombreux, ce qui a participé au succès de cette nouvelle journée.
Cette lutte aux Nouveaux Robinson n’est pas la première dans les chaînes de magasins bio. Elle s’inscrit dans le sillage de celle à Biocoop l’été dernier, grève qui avait duré et s’était soldée sur une victoire partielle sur le maintien des fermetures dominicales. Cette similitude et cette proximité temporelle ne tiennent pas du hasard : il n’est pas étonnant qu’à l’heure d’une profonde crise, alors que le capitalisme se fait toujours plus sauvage et brutal, la volonté de préserver des coopératives démocratiques ressemble à une expérience digne du radeau de la méduse…
Les Vrais Robinson, un collectif de grévistes qui s’est baptisé ainsi en détournant le nom de l’enseigne (tout comme les salariéEs de Biocoop le Retour à la terre qui s’étaient baptisés « le Retour à la grève »), sont en tout cas déterminé à poursuivre la lutte. Même si avant de pouvoir crier « hasta la victoria siempre », il faut parfois commencer par « fluctuât nec mergitur ».