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SOURCE : Figaro
La carrière passée du nouveau secrétaire d’État aux retraites et sa déclaration d’intérêts suscitent la polémique. Son entourage a clarifié sa situation.
En quelques heures, il est passé d’ambassadeur de la réforme à secrétaire d’État aux retraites. Une sacrée promotion pour le député du Nord Laurent Pietraszewski, s’accompagnant d’un coup de projecteur sur ses anciennes activités professionnelles. Élu aux législatives de juin 2017, le néodéputé Laurent Pietraszewski avait alors déposé sa déclaration d’intérêts à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) le 10 août 2017.
Un document qui, déjà, fait l’objet de nombreuses critiques de l’échiquier politique. L’ancien membre de la commission des affaires sociales y égrène ses précédentes fonctions de spécialiste dans la gestion de carrière et le recrutement à Auchan. René Dosière, le président de l’Observatoire d’Éthique publique, a été le premier à tacler sur Europe 1 la déclaration d’intérêts déposée par Pietraszewski. Pour ce spécialiste des finances publiques, elle présente «peu de renseignements sur les activités qu’il a pu exercer durant les cinq années précédant son élection comme député».
Indemnités de licenciement
Sur les réseaux sociaux, les critiques se sont focalisées davantage sur une mention de la déclaration du successeur de Jean-Paul Delevoye, contraint de démissionner après avoir «oublié» de déclarer plusieurs mandats dans sa propre déclaration d’intérêts. Une somme de 71.872 euros apparaît avoir été payée par Auchan à Laurent Pietraszewski pour les mois d’août et septembre 2019 au titre de «Responsable département ressources humaines». Laurent Pietraszewski avait pourtant posé un congé sabbatique de ce poste en juillet 2017 dès son élection. De quoi alimenter les suspicions des détracteurs de la réforme des retraites.
Confirmant une information de l’Opinion, l’AFP révèle que cette somme correspond en réalité à des indemnités de licenciement économique de son ex-employeur, Auchan. Le nouveau secrétaire d’État aux retraites a rempli une déclaration d’intérêts rectificative le 6 octobre 2019, précisant cette indemnité consécutive à son licenciement.
«Quand il a été élu, Laurent Pietraszewski a demandé à faire valoir la suspension de son contrat de travail», explique l’entourage du secrétariat d’État aux retraites. «Il n’était donc plus payé par Auchan. Pendant cette période, son employeur a voulu transférer son contrat de travail dans une nouvelle entité, ce qu’il a refusé. Cela équivalait à un licenciement économique, intervenu en mai 2019», poursuit-on.
Par ailleurs, Laurent Pietraszewski déclare trois fonctions bénévoles: comme coach à l’association Force femmes, comme administrateur et formateur à l’Association pour la formation au management dans la distribution de Roubaix, et comme président de l’Association du collectif des propriétaires bailleurs de l’Ehpad des Jardins de Lievin.
Mauvais souvenirs
En outre, des internautes ont exhumé un article de L’Humanité du mois d’août 2017. Il raconte comment, en 2002, Pietraszewski, alors cadre des ressources humaines de Auchan, avait mis à pied à titre conservatoire, une employée de l’hypermarché de Béthune accusée par la direction d’une erreur de commande de 80 centimes d’euros et «un pain au chocolat cramé donné à une personne». Le député du Nord avait alors souligné qu’il avait sollicité l’inspection du travail avant de prendre cette décision, et que la salariée n’avait pas contesté aux prud’hommes.
Après cette histoire, Laurent Pietraszewski a travaillé plusieurs années pour l’hypermarché Auchan de Roncq (Nord), près de Lille. Et il n’a pas laissé un souvenir heureux aux délégués CFDT du groupe Auchan qui se sont confiés à L’Obs. «Quand il est arrivé, c’était un cadeau empoisonné», se rappelle Luc Fourrier, 57 ans dont 37 au sein du groupe. «C’est des mauvais souvenirs, il n’a jamais été sincère. Le rôle des ressources humaines, c’est d’être à l’écoute, mais lui, c’était tout le contraire», poursuit-il à propos de Laurent Pietraszewski, qu’il décrit comme un homme «carriériste», qui «licenciait à tout-va. C’est un homme hypocrite et méchant».