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SOURCE : Parti ouvrier indépendant
À toutes celles et tous ceux qui, dans 101 pays, sur tous les continents, ont participé à la campagne pour ma libération.
Cher(e)s camarades et ami(e)s, après neuf mois et deux jours d’incarcération, la cour militaire de Blida a retiré, dans le procès en appel, les deux chefs d’inculpation sur la base desquels j’ai été inculpée le 9 mai 2019 par le tribunal militaire puis condamnée à quinze ans de prison ferme en première instance.
Si je suis libre depuis le 10 février courant, c’est en grande partie et indiscutablement grâce à votre mobilisation par la signature de la pétition internationale, les rassemblements et meetings auxquels vous avez pris part.
Ainsi, pour la deuxième fois, tout comme en 1983-1984, grâce à la solidarité internationale, je recouvre ma liberté.
De la prison de Blida où j’étais incarcérée, j’ai suivi la campagne internationale : militants ouvriers, démocrates, syndicats, partis, députés, parlements, militants des droits de l’homme et de la démocratie, vous avez, par-delà les appartenances politiques et syndicales, défendu sur le terrain des principes mes droits et libertés d’opinion, d’expression, d’exercice de la politique contre leur criminalisation-judiciarisation.
Et l’élargissement de la campagne internationale pour ma libération à la défense des autres détenu(e)s politiques et d’opinion en Algérie a, de mon point de vue, marqué un pas qualitatif qui a pesé sur le cours des événements.
Dans l’impossibilité de m’adresser à chacune et chacun d’entre vous, à vous tous j’adresse mon salut fraternel et toute ma gratitude pour avoir non seulement contribué grandement à ma libération, mais aussi réaffirmé les nobles traditions des femmes et des hommes libres épris de démocratie et de justice.
Par cet élan généreux, vous avez nourri ma résistance et ma foi en un dénouement heureux. Par là même, la campagne nationale a été renforcée.
J’ai eu à militer avec certains d’entre vous pour la libération de militants politiques et/ou syndicaux victimes, tout comme moi, de la répression dans différents pays, et j’ai été très émue par le caractère pluriel et très large de la campagne internationale pour ma libération, ainsi que par les messages que j’ai reçus et qui m’ont été d’un grand réconfort d’autant que j’étais à l’isolement.
D’ores et déjà, je peux vous assurer de mon entière disponibilité, avec mon parti, pour mener avec vous des combats sur le terrain de la démocratie, des libertés, partout où elles sont atteintes.
Dans un monde secoué par des renversements majeurs et ininterrompus, la magnifique chaîne de solidarité que vous avez formée pour ma libération et qui m’a protégée me conforte dans ma conviction profonde qu’il est possible de construire un monde débarrassé de toute forme d’oppression et d’exploitation.
Et c’est forte de cette certitude que je reprends le combat dans mon pays où nous venons de célébrer le premier anniversaire de la révolution populaire du 22 février 2019, qui a déjà inscrit à son actif plusieurs victoires sur le terrain de la démocratie, à commencer par la lutte pour la libération de tous les détenu(e)s politiques et d’opinion et l’arrêt de la répression sous toutes ses formes.
Une révolution avec pour objectif le départ de l’ordre ancien et son remplacement par l’ordre de la majorité du peuple, celui de la démocratie véritable avec son contenu politique et social.
Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs
Alger, 24 février 2020